C’est l’un des visages de la télé futurs Médias. Dérrière la lucarne, Khalifa Diakhaté est avide et pointilleux. Spécialiste des films-documentaires, La minutie est sa marque de fabrique. Le journaliste est aussi le présentateur de l’émission « Diakarlo-bi », qui a bousculé les standards dans le paysage audiovisuel. Après avoir roulé sa bosse à TLM ( Télé Lyon Métropole) en France et Tiva TV (The International Agency) de berlin, comme correspondant de Rhône Alpes, il a écumé les plateaux de cinéma avec une session à l’arfis (école de cinéma), dans ses bagages. C’est par la suite qu’il est rentré au Sénégal et a intégré l’équipe du GFM, (Groupe Futurs Médias) dont il fait partie des pionniers. Face à L’obs, il fait le diagnostics de ses émissions phares qui crèvent l’écran …
DIAKARLO-BI : « Le mur des lamentations des sénégalais «
« En moins d’un an, « Diakarlo-Bi » s’est imposé sur le paysage médiatique. Nous sommes interpellés à tout bout e champ. Il est arrivé quelquefois que l’émission ne passe pas pour des raisons techniques et que le lendemain, on se soit littéralement fait engueuler dans la rue par des téléspectateurs qui attendaient, scotchés devant leur petits écran. L’émission est partie d’un projet qui’ porté à bout de bras par une équipe, Celle de la TFM ( Télé Futurs Médias) , a fini par porter ses fruits. Elle s’est donc faite naturellement et spontanément. de plus en plus, les sénégalais en ont fait leur mur de lamentions pour la 2e saison qui démarre ce vendredi, nous allons approfondir des thèmes qui font partie du quotidien des sénégalais, le décor a été retapé pour le plaisir des sénégalais, histoire de rendre le cadre plus agréable. Les acteurs restent les mêmes, mais comme d’habitude, les invités vont tourner.nous essayerons au maximum de privilégier les intérêts des sénégalais l’autre charme de l’émission , ce sont aussi les discussions parfois houleuses mais, ce ne sont que des colères positives, qu’on finit tant bien que mal par canaliser » AFFAIRE CRIMINELLES: « DU sensationnel à l’approche scientifique »
« Depuis fort longtemps, les criminels m’intriguent et me sensibilisent. Ce sont des êtres humains comme nous tous.
Il est juste arrivé un moment ou leur vie a basculé. Je me rappelle d’une assertion que le chanteur Alpha Blondy avait dite: « Dieu, dans sa perfection, ne peut pas avoir créé l’homme. L’homme est faux, menteur, hypocrite, criminel et de surcroit, il meurt.
Mais si tu crois en dieu,respecte le soi-disant homme .Car dieu dit dans le coran, je suis plus près de vous, que la veine de votre cou » Le professeur Songdè Diouf m’a également une fois dit:
« Tout le monde a déjà tué,ne serait-ce qu’une fois dans sa tète. Un jour, quelqu’un vous a fait ou dit quelque chose et vous n’aviez qu’une seule envie, de l’étrangler. »
En revanche, ce qui nous distingue des criminels, c’est le passage à l’acte. Nous avons tous un coté obscur en nous. Ce qui m’intrigue particulièrement, c’est le déclic. Comment est-ce que ce être humain, qui est à l’image de Dieu, peut basculer ? C’est pour cette raison que, lorsque je fais un film documentaire sur une affaire criminelle, je ne m’arrête pas forcement sur la victime. Je m’intéresse aussi au bourreau qui, en soi, est en victime, dans un cadre bien précis. Avec une approche scientifique, on va creuser et à ce moment, on se rend compte que ce bourreau a été fabriqué de toutes pièces par la société, par son parcours plutôt que de se rendre des raccourcis, en s’arrêtant sur un jugement pur et simple, il faut se demander si cet homme qui est passé à l’acte, sa place est en prison, dans un hôpital psychiatrique ou dans un cadre ou il peut bénéficier d’un accompagnement ! Loin de moi, l’idée de légitimer le crime. Je fais juste remarquer que le crime. Je vais juste remarquer que le crime n’est pas commis par un mouton, mais par un être humain complexe. C’est donc ce qui m’amène à privilégier le coté scientifique, au lieu de m’arrêter sur le sensationnel. Déjà à l’époque ou je vivais en France, je parlais à ma sœur Cécile de mon désir de réaliser ce type de films documentaires, sur les affaires criminelles au Sénégal. Elle n’était pas convaincue que cela puisse être possible ici, car les gens sont pudiques. Quelques années plus tard, je suis rentré au Sénégal et cette idée était toujours dans ma tête. Après ma première mission pour la TFM en Haïti, en début 2011, j’en ai reparlé à Daouda Mine (actuel rédacteur en chef seneweb.com) , réputé pour ses chroniques judiciaires. Il me disait que je devrais me spécialiser dans les affaires criminelles. C’est ainsi que j’ai décidé d’écrire un projet d’émission. Dans un premier temps, Je l’avais même protégé au BSDA (Bureau Sénégalais des Droits d’Auteur ). Toutefois, la mise en œuvre de cette émission a été super lourde. Avec ma direction, nous avions même acheté les premiers accessoires, mais au final, nous ne sommes pas allés au bout des choses. C’était lourd à faire et finalement avec l’aval de mes supérieurs, j’ai décidé d’en faire un documentaire. Le premier numéro a été consacré à Alioune Abatalib Samb, Alias Ino.
Lorsque cela s’est passé, la mayonnaise a pris. Le public s’y est intéressé et ma direction m’a demandé de le faire de façon beaucoup plus périodique. Néanmoins, c’était toujours lourd à réaliser. Heureusement, ce qui m’aidait, c’est mon autonomie en tant que journaliste-reporter d’images. Je sais filmer, tourner, monter, écrire et donc c’est comme ça que je me suis lancé, sans pour autant m’engager sur une périodicité. J’en suis venu à faire mon dernier film sur Abdoulaye Fall, le détenu qui a été condamné, 4 fois, à la perpétuité. C’est un de mes collègues, Mor Dème, qui m’a parlé de son cas qui m’a beaucoup intrigué. Après Inon et Pape Abdoulaye Fall, Je prévoie de travailler sur d’autres cas. Il y’a également d’autres sujets de société ou encore politiques, qui me passionnent. Je suis ouvert à tout sujet qui me sensibilise . Bientôt, je vous livrerais, un de mes mystères de la nuit… »
Maria Dominica T. Diedhiou
L’obs