Khadim Thioub, à propos de sa première convocation en équipe nationale A : «Il n’y a aucun bonheur comparable»

Khadim-Thioub

L’OBS – Pour les habitués du football local, Championnat comme mouvement Navétanes, voir Cheikh Ahmadou Bamba Thioub rejoindre l’Equipe nationale A n’est que la suite logique d’une constance au fil des années. Tant le portier du Jaraaf a très tôt séduit ses observateurs, grâce à des prestations de haut rang – dont l’exploit d’avoir arrêté quatre penaltys lors d’un match mémorable face au Casa-Sports, en 2013 – et une correction louée par tous. A 25 ans, Khadim Thioub intègre, pour la première fois, la Tanière des «Lions», après avoir, pendant longtemps, évolué dans les étages d’en-dessous, sous le maillot des Equipes nationales locale, olympique et autres sélections de jeunes. Après avoir côtoyé Aliou Cissé lors du match amical de la sélection locale contre le Mexique, au mois de dernier, le gardien du club phare de la Médina le retrouve à Kigali, en remplaçant, au pied levé, le titulaire au poste, Abdoulaye Diallo, blessé à la cheville. Dans cet entretien réalisé à quelques heures de son départ pour la capitale rwandaise, Khadim Thioub évoque cette première convocation qu’il compte savourer, la tête sur les épaules.

Khadim, vous venez d’être appelé pour remplacer Abdoulaye Diallo, blessé. Comment avez-vous accueilli cette première convocation en Equipe nationale A ?

Comme vous pouvez l’imaginer, je l’ai apprise avec surprise, mais également avec un grand sentiment de bonheur. J’ai été surpris, parce que la liste pour l’Equipe nationale avait déjà été publiée la semaine dernière et le groupe était déjà en regroupement à Kigali. Je m’attendais donc à vivre ces matches (contre le Rwanda, en amical et contre le Burundi, en éliminatoires de la Can 2017, ndlr) dans la peau d’un supporter. Mais j’ai été très heureux d’apprendre cette convocation. En fait, puisqu’on avait quartier libre (hier, lundi) après notre match de dimanche en quart de finale de Coupe de la Ligue (défaite du Jaraaf face à Diambars, 2-1), après avoir pris mon petit-déjeuner, je n’avais rien à faire. Alors, j’ai décidé d’aller à la plage avec des amis pour m’entraîner, faire quelques exercices de maintien de forme avec le ballon… Ensuite, quand on a fini, j’ai vu que le Secrétaire général du Jaraaf, Léonard Diagne, avait tenté de me joindre. Il m’a rappelé pour me demander de partir d’urgence à la Fédération avec mon passeport, parce que je devais rejoindre l’Equipe nationale à Kigali. Sur le coup, je n’ai pas vraiment réalisé. Je me suis juste contenté de faire ce qu’il m’a demandé de faire. A la Fédération, j’ai trouvé Pape Fall (agent administratif de la Fsf, ndlr) qui m’a expliqué ce qu’il en était et ce que je devais faire : rejoindre le groupe dès ce matin (hier), en prenant un vol à 5 heures. C’est là que j’ai commencé à réaliser vraiment. Après, je repense à mon parcours, à mes débuts, avec les Asc Kamben et Bok Jëf des Parcelles Assainies et Khandalou de Rebeuss en Navétanes, Niarry Tally avec qui j’ai débuté en championnat et le Jaraaf… Chacune de ces équipes m’a apporté quelque chose et m’a permis d’en arriver là. On pense à tout cela et on se dit que ce n’est qu’un début, il reste encore du chemin à faire.

 

Du coup, vous avez pensé à quoi, sur le moment ?

L’Equipe nationale, c’est le niveau suprême. On ne peut même pas expliquer ce sentiment de fierté. Quand on est footballeur, c’est ce dont on rêve. Défendre les couleurs de sa Nation, c’est le rêve de tout sportif. Pour nous, joueurs, il n’y a aucun bonheur comparable. C’est un moment qui vient sanctionner beaucoup de sacrifices, de travail, d’effort… Mais ensuite, on se dit que c’est un début et que le plus difficile commence, car il s’agira d’apprendre, mais aussi de progresser au contact de ceux qui évoluent au haut niveau. C’est ce qui fait que le sentiment de bonheur est très vite remplacé par celui de responsabilité, car on se dit que si on nous choisit parmi tous les pratiquants de ce pays, c’est qu’on est investi d’une mission et qu’on se doit, encore plus que jamais, d’être exemplaire.

 

En Equipe nationale, vous retrouvez Khadim Ndiaye, avec qui vous avez évolué sous les couleurs du Jaraaf, avant son départ en Guinée. Vous avez donc déjà un guide dans la Tanière, non ?

J’ai toujours eu une excellente relation avec Khadim Ndiaye, bien avant qu’il ne me rejoigne au Jaraaf. Puis, quand il est venu et même après son départ, nous avons gardé cette relation très amicale, car c’est un grand frère, qui donne toujours de précieux conseils, qui partage son vécu et qui est très ouvert. Déjà, quand il était à la Linguère, il faisait d’excellentes choses et entre gardiens de but, on est toujours très solidaires, même si l’on évolue dans des clubs différents. C’est un poste particulier, qui crée naturellement ce lien. La preuve, même avec Pape Seydou Ndiaye (NGB), que je vais également retrouver, j’entretiens d’excellents rapports. Pour tout vous dire, juste avant son départ pour ce regroupement, on s’est vus pour discuter de tout et rien. On avait d’ailleurs très longuement discuté, car on est très proches. Je retrouve donc des amis. Et ce sera un grand plaisir. J’ai aussi une pensée pour Abdoulaye Diallo à qui je souhaite un prompt rétablissement, on n’est jamais content de voir un collègue se blesser, j’espère qu’il retrouvera très vite sa forme.

 

Cette solidarité n’empêche une concurrence pour un poste unique que vous êtes trois à convoiter…

Bien sûr, cela fait partie de notre métier. Mais le respect et la solidarité qu’il y a entre gardiens de but permettent de transcender tout cela. Surtout en Equipe nationale où tout le monde vient avec la même ambition et la même volonté de porter très haut les couleurs d’un même pays. C’est pourquoi, souvent quand on m’interpelle par rapport à l’Equipe nationale, je réponds toujours qu’à chacun son destin, sur la voie que Dieu lui trace. Il n’y a pas à se précipiter, chacun suit son chemin. Chaque joueur espère venir en Equipe nationale pour jouer sa partition et tous n’ont pas la chance d’être appelés. Quand on pense à cela, on se dit qu’on est condamné à rester humble et à redoubler d’efforts, continuer à travailler encore plus qu’avant.

BABACAR NDAW FAYE

igfm

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