Keur Massar-Mort de Khady Diop: « Ma fille était sur terre pour une mission », dixit Mbarick Diop (père de la victime)

Alors qu’elle venait de clore ses cours, Khady Diop se rendait tranquillement chez elle avant qu’une fourgonnette de transport en commun ne vienne l’a percutée elle, son frère et un autre de ses camarades. Le choc fut tellement terrible qu’elle ne put avoir une chance de survie, quant aux deux autres, ils ont eu des blessures et ont pu bénéficier de soins une fois à l’hôpital. L’équipe de SeneNews s’est rendu au domicile de la victime pour recueillir la réaction du père et de celui de son frère, rescapé de cette horrible tragédie.

Stoïque, le visage ferme, en bon père de famille et fervent croyant, Mbarick Diop, le père de Khady, s’est livré à nous et a retracé le film des événements.

«J’ai été informé de l’accident par une de mes filles qui se trouve être la petite sœur de Khady. Elle est entrée dans la maison en larmes au moment où je m’apprêtais à prendre mon bain. C’est ainsi que j’ai pris le téléphone pour rappeler mes enfants, mais personne ne répondait. J’ai mis mon blouson et je suis parti à mon tour. J’ai croisé un voisin, quand je l’ai mis au courant de la situation il s’est porté volontaire pour me déposer. J’ai rattrapé ma femme en cours de route car elle y allait à pied, elle était accompagnée par une autre dame. Ensemble nous sommes partis voir les enfants», nous apprend Mbarick Diop.

Apercevant la foule de loin, les deux parents de Khady se sont rendus compte de la gravité de l’accident. «Il y avait beaucoup de monde sur le lieu de l’accident, avec l’embouteillage j’ai du continuer à pied. A peine quelques mètres, j’ai entendu une femme dire qu’une personne a perdu la vie sur le coup. J’étais totalement confus car mes deux enfants ont été tous signalés victimes de cet accident et je ne pouvais pas savoir qui d’entre eux deux a rendu l’âme. Mon fils, le grand frère à Khady, a entendu ma voix, c’est delà qu’il m’a dit d’aller voir Khady parce qu’il ne souffrait que de son pied», dixit le père de la défunte Khady.

Après que les forces de l’ordre l’aient identifié comme le père de la victime, M. Diop a eu du mal à voir sa fille qui gisait, inanimée, au sol. «Les policiers m’ont empêché de voir le corps, je me suis débattu mais en vain. Ils pouvaient me dire la vérité, car je suis un adulte mais lorsqu’ils m’ont amené dans la voiture des secouristes et m’ont fait croire que ma fille allait bien et qu’elle était sous la couverture pour être préservée de la poussière. Mon fils fut évacué dans l’ambulance et moi on m’a conduit au commissariat. Une chose que je ne comprenais pas car Papis, mon second enfant blessé dans l’accident, n’avait pas d’accompagnant. C’est par la suite que j’ai compris que Khady était morte. En cours de route pour rejoindre le commissariat j’ai appelé un collègue et je lui ai prié d’aller assister mon fils».

Ayant fait des mains et des pieds, M. Diop a pu voir sa fille Khady après avoir convaincu une de ses connaissances qui travaille dans la morgue de l’hôpital.

Louant le comportement de sa défunte fille, il nous dira qu’»elle était une personne exemplaire. Il y a des jours où je me demandais si Khady n’était pas sur terre pour une mission. Lorsqu’elle s’adressait à une personne, jamais elle ne levait les yeux. Un comportement que j’attribue à l’éducation divine. Ce qui m’a le plus plu chez elle c’est qu’elle était tout le temps en train de lire ou de faire ses exercices».

Meilleure élève de sa classe,  «sa disparition a affecté toutes les personnes de son établissement. Les responsables des écoles où elle était passée sont tous venus présenter leurs condoléances. Ils m’ont témoigné de leur tristesse, de tel propos me font penser qu’ils ont plus perdu que moi même qui suis son père. Khady  était une bonne élève, des différentes évaluations elle faisait toujours partie des 3 premiers de sa classe et ce, depuis le préscolaire. Un de ses professeurs est venu, après l’accident, avec ses copies et comme d’habitude, elle était première encore sur l’ensemble des devoirs», témoigne Mbarick Diop.

En bon croyant, il dit considérer sa «fille comme une missionnaire, elle est partie après avoir accompli son devoir sur terre. Dans le quartier, jamais elle n’a appelé un de ses aînés de par son prénom. C’est le témoignage des voisins et je me rend compte qu’une personne qui respectait ses prochains nous a quitté».

Se rappelant du jour de l’enterrement et de la foule venue accompagnée Khady jusque dans sa dernière demeure, M. Diop nous apprend que «lorsque j’ai vu ma fille allonger sur son cercueil j’avais du mal à y croire. Le jour de son enterrement j’étais surpris par la foule. Cela fait deux ans que je suis à la Cité Assurance, mais je n’ai jamais vu autant de monde assister à un enterrement. Et dire qu’elle n’avait que 16 ans. Je me suis résigné à l’idée que ma fille était sur terre pour une mission divine. Elle m’a été confiée par Dieu, elle est retournée vers son créateur qui l’aime plus que nous ne pourrions le faire».

Pape S. Diop, grand frère de Khady, a lui aussi retracé le film des événements mais toujours perturbé par la brutalité du choc, il n’a pas voulu s’épancher sur le sujet.

«C’est à l’arrêt Alioune Ndiaye de Keur Momar Sarr que les faits se sont déroulés. A la descente, mes camarades et moi discutions tranquillement. Comme d’habitude, nous prenions des photos et rigolions mais tout d’un coup j’ai aperçu la voiture qui se dirigeait sur nous à vive allure c’es là que j’ai vainement essayé de pousser ma sœur et Ibrahima mais malheureusement la voiture n’a pu s’arrêter et les a percuté. Sous le choc, je me suis retrouvé à terre et je souffrais d’une double fracture et d’une entorse. Une fois à l’hôpital on ne pouvait pas me prendre parce que mes parents n’étaient pas avec moi. Ma blessure a commencé à enfler et une heure plus tard, à la venue de mon père, je pus bénéficier des soins nécessaires. C’est une chose vraiment regrettable, j’ai perdu ma sœur dans des circonstances pas du tout souhaitables», nous dira le jeune garçon attristé par cet accident.

Un accident qui a donc emporté la vie d’une jeune fille promise à un bel avenir. Les parents, solides et croyants, n’ont pas laissé transparaître leur émoi bien que la mère ne voulut nullement se prononcer.

Le constat est fait, l’insécurité routière fait des ravages au Sénégal d’où la nécessité de remédier à ce fléau et ce, au plus vite.

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