Karim : Une candidature, deux investitures / La double vitesse de Wade sur l’axe Doha-Dakar

Karim : Une candidature, deux investitures / La double vitesse de Wade sur l’axe Doha-Dakar

Hier, à l’occasion de la réunion du comité directeur du Pds, le parti libéral a annoncé la tenue de son deuxième « congrès d’investiture », en l’espace de deux ans, en juin 2018. Soit quelques jours après la célébration de la fête de la Korité, comme si le prochain Ramadan, à l’image de celui de 2016, devrait servir de prétexte pour conclure un nouveau « Protocole de Doha », non pas pour libérer dans le secret de la nuit Karim Wade comme ce fut le cas par le passé, mais pour, le moment venu, le « blanchir » définitivement par le biais d’un dialogue politique sous le mode d’un assaut d’amabilités à la sénégalaise. Puisque que la dernière trouvaille des libéraux ressemble, pour mémoire, à une répétition de l’histoire, qui prend les spectateurs pour des demeurés, dès lors que Wade-fils a été déjà investi candidat depuis 2015.
En réalité, toute candidature, sans possibilité de plan B, du « fils biologique », postule une double implication :
D’abord, il faudrait éclaircir la lanterne des Sénégalais sur le statut de Karim  à Dubaï après les révélations de Jeune Afrique, celles de Wade lui-même qui parle « d’exil forcé », en plus de celles, plus récentes, de l’ambassadeur de l’Arabie Saoudite à Dakar qui dévoile un pan de cette histoire secrète. A procéder par déduction, l’ex-ministre d’Etat n’est pas dépositaire de son agenda politique si, selon la croyance la plus populaire et à la lumière de sa lettre post-carcérale du 24 juin 2016, les « conditions » de sa libération échappent à son contrôle politique. Sous ce rapport, son retour « d’exil », plusieurs fois renvoyés à Pâques et à la Trinité, serait tributaire d’un subtil jeu de géostratégie sur l’axe Doha-Dakar. Jeu d’ombres qui présente des latéralités relativement aux manœuvres diplomatiques souterraines pour le contrôle du leadership dans le Golf entre le Qatar et son rival sunnite l’Arabie Saoudite. Si donc tout ce qui est mentionné supra relève d’élucubrations infondées, Karim Wade, qui n’a pas pu se présenter aux dernières législatives alors que même le maire de Dakar était sur les listes malgré son statut de prisonnier, doit revenir au bercail le plus rapidement possible pour rassurer l’opinion, notamment ses électeurs potentiels ou réels.
Ensuite, il est impératif de lever l’obstacle afférent à la double-nationalité supposée de Karim Wade, ou, à tout le moins, vider ce débat pour de bon. On se rappelle que cette question, agitée par Benoit Sambou de l’Apr, a été, l’an passé, au centre d’un âpre duel d’arguments entre le pouvoir et l’opposition au point d’induire des vues contradictoires entre juristes émérites. C’est dire que les contempteurs de l’ex-chef de file de la Génération du Concret tiennent là une soupape de sûreté pour, à tout moment, écarter un sérieux prétendant à la présidentielle de 2019.
Sur ce registre toujours, l’assouplissement progressif apparent de la position du pouvoir envers les Wade, qui auraient retrouvé leurs « titres fonciers » saisis par la CREI, si on en croit le quotidien du groupe « Wal-Fadjri » (parution du jour), indique que malgré les effets de manche, le fil du dialogue est loin d’être rompu entre le Pds et l’Apr ; qui aurait envoyé plusieurs émissaires discrets à Wade au sortir des législatives de juillet.
A cet égard, il apparait de plus en plus que le leader sopiste met la pédale douce pour ce qui concerne le combat pour la libération de Khalifa Sall. C’est à juste raison, politiquement s’entend, car les frondeurs socialistes avaient adopté la même attitude de l’indignation strictement verbale lors du séjour carcéral de Karim.
Qu’à cela ne tienne ! Il se passe, sous l’écume des vagues, des choses extraordinaires entre Macky Sall et Me Abdoulaye Wade. Le premier nommé doit faire attention aux ndiomboreries du vétéran qui a réussi successivement à convaincre Senghor de la création d’un « parti de contribution », devenu parti d’opposition légale, en temps de « Parti unique de fait » et amené Diouf à une quasi-cohabitation qui favorisera les conditions d’une alternance démocratique. L’avocat est doué dans l’art de reculer pour mieux se rendre « Me du jeu politique ». Voire réussir à imposer la candidature de son fils : la trame de son dernier combat politique.

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