Le fils de Pablo Escobar a été interviewé par la télévision espagnole, ce mardi, à l’occasion de la sortie de son livre Ce que mon père ne m’a jamais raconté. À travers des confidences parfois glaçantes, comme un projet pour kidnapper Michael Jackson, il brosse le portrait paradoxal du baron de la drogue, qu’il persiste à décrire comme « un bon père ».
Il a changé son nom et ne s’appelle plus Juan Pablo Escobar mais Sebastián Marroquín depuis longtemps. Pourtant, son visage rappelle étrangement celui de son père, affublé de nombreux surnoms évocateurs, comme le « patron du mal ». Un pouvoir criminel dont son fils n’avait pas pris la mesure lorsqu’il était enfant:
« C’était l’année 1984, j’avais sept ans. Et lui à ce moment-là me dit ‘Je suis un bandit, c’est ça mon travail’. Nous étions alors à Panama, en cavale parce que mon père avait fait tuer le ministre de la Justice, Rodrigo Lara Bonilla. A cet âge-là je n’avais pas encore conscience de ce que signifiait l’organisation criminelle que mon père dirigeait », se souvient-il au micro de TeleCinco, une chaîne de télévision espagnole.
« Il était le meilleur des pères »
L’architecte de 40 ans souligne la personnalité paradoxale de Pablo Escobar et évoque « la double réalité » de celui qu’il était en tant que père et en tant que « bandit ».
« C’était une personne affectueuse et il a été le meilleur des pères. Mais en même temps, en dehors de la maison il ne suivait pas les valeurs qu’il m’inculquait », explique-t-il à propos du ponte du cartel de Medellín.
Le fils de Pablo Escobar se rappelle également une fois où il avait demandé à son père de faire venir Michael Jackson dans leur propriété. « C’était très cher », mais le baron de la drogue a accepté. « Mais il avait l’esprit orienté vers le crime et s’était dit qu’il allait le kidnapper et l’obliger à payer 60 millions de dollars pour repartir ». La prise d’otage n’a finalement jamais eu lieu car le gouvernement colombien a confisqué la hacienda.
Le quadragénaire évoque également la mort du narcotrafiquant, tué en décembre 1993 par la police colombienne dans son fief de Medellin. Pourtant, selon lui, Pablo Escobar s’est « suicidé »:
« C’est un homme qui a toujours appris à son fils à ne jamais utiliser le téléphone car c’était synonyme de mort. Et il ne l’avait jamais utilisé, jusqu’à ce jour où il a répondu au téléphone sept fois et où il est resté en ligne plus longtemps. Mon père a choisi dès le départ de se laisser trouver, et ça, ça indique qu’il voulait mourir ».
« Les séries sur mon père glorifient son histoire »
L’architecte a également largement critiqué les séries comme Narcos de Netflix ou El patron del mal de Caracol TV qui, selon lui, « glorifient l’histoire de (s)on père (…). Elles l’édulcorent et la rendent glamour dans un but commercial ».
A ses yeux, elles en deviennent « une ode à la violence et au narcotrafic ». Lui en revanche estime faire son travail d’écriture « avec responsabilité ».
« Si les jeunes qui lisent mes livres ont encore envie de devenir Pablo Escobar, c’est que j’ai mal fait mon travail », conclut-il.