La « puce » américaine ne mesure que 1m45 mais elle est considérée comme « la plus grande gymnaste de tous les temps » par certains sportifs. De son adoption par ses grands-parents au succès mondial, récit d’une histoire à l’américaine.
Son histoire semble tout droit tirée des success stories dont les Américains ont le secret. Née à Columbus dans l’Ohio en 1997, Simone Biles connait un départ dans la vie difficile. Sa mère biologique, Shannon, est toxicomane et ne parvient pas à élever ses quatre enfants. Contactés par les services sociaux, son grand-père maternel, Ron Biles, et son épouse Nellie décident deprendre en charge les plus jeunes sœurs, Simone et Adria, alors âgées de trois et un an, chez eux au Texas. En 2003, ils les adoptent définitivement.
Alors qu’elle n’a que six ans, Simone fait une sortie avec sa garderie au club local de gymnastique, le Bannon’s gymnastix. Dotée d’une prédisposition précoce pour la gymnastique, Simone est invitée à rejoindre le club. Elle y fait alors la rencontre d’Aimee Boorman, qui deviendra le coach de tous ses succès et que Simone Biles considère aujourd’hui comme sa « seconde mère adoptive ».
La championne de tous les records
Les Américains avaient déjà Gabrielle Douglas, « l’écureuil volant », devenue la première gymnaste noire mais aussi afro-américaine à décrocher la médaille d’or du concours général en individuel. Un exploit qu’elle réalise aux JO de Londres à tout juste 16 ans. Mais c’était sans compter sur la fulgurante montée de la « puce ». Simone Biles est trop jeune pour participer aux Jeux de Londres – elle a alors 15 ans. Qu’à cela ne tienne, elle battra tous les autres records avant de venir tenter sa chance à Rio cette année. Avec ces deux championnes dans son équipe, la Team USA a écrasé la concurrence lors du concours général en équipe. Pour sa première participation aux JO, l’Américaine quimesure tout juste 1m45 remporte donc une médaille d’or d’entrée de jeu. Les spécialistes pensent qu’elle pourrait même gagner quatre autres médailles d’or dans les épreuves individuelles tant elle domine ses adversaires.
A 19 ans, Simone Biles collectionne déjà les records. Elle est la première à détenir 10 titres de championne du monde, mais aussi la seule femme à gagner trois fois de suite le concours général artistique (poutre, barres asymétriques, saut de cheval et sol) en 2013, 2014 et 2015, en plus d’avoir été la première Afro-Américaine à remporter ce titre. Comme si cela ne suffisait pas, elle a mis trois ans à amasser 14 médailles mondiales alors que le précédent record américains de 10 médailles a été atteint par Alicia Sacramone en sept ans.
Le « Biles » : un enchaînement qui porte son nom
La puissance, l’aisance et le charisme de Simone Biles fascinent. Ses performances hors-normes également. L’Américaine fait cinq lignes d’acrobaties là où les garçons en font six et les filles généralement trois. Lors du concours général à Rio, Simone Biles et Alexandra Raisman ont réalisé un amanar, l’une des figures les plus difficiles au saut de cheval.
Mais ce n’est pas tout. Lors de son impressionnante performance au sol, avec des lignes d’enchaînement acrobatiques d’une difficulté et d’un rythme incroyables,Simone a réalisé sa signature : « The Biles ». Cet enchaînement, notamment composé d’un double tendu avec demi-vrille, porte son nom car elle est la première à l’avoir réalisé en compétition en 2013. Il est d’une difficulté telle que Simone a confié au « New York Times », le sourire aux lèvres : « J’ai vu mes amis garçons essayer mais aucun d’eux n’arrive à atterrir comme il faut, cela les énerve. »
La meilleure gymnaste de tous les temps ?
Habituellement, une gymnaste excelle dans un des exercices – barres asymétriques, saut de cheval, sol ou poutre. Simone Biles est l’exception. Elle est quasiment imbattable au sol, mais également au saut de cheval. Sur la poutre, elle réalise des acrobaties qui se font généralement au sol. Sa descente est d’ailleurs l’une des plus dures au monde. Lors des qualifications du concours général de gymnastique artistique par équipe à Rio, Simone a tout simplement terminé première à la fois à la poutre, au sol et au saut de cheval. Seules les barres asymétriques semblent lui résister, encore, un peu. Ses performances hors-normes ainsi que ses multiples médailles et records poussent certains, dont divers sportifs, à affirmer qu’elle est la meilleure gymnaste au monde, voire même de tous les temps.
Nastia Liukin, médaillée d’or olympique en 2008 explique : »Normalement, les différences entre la première et la deuxième place sont de trois dixièmes ou cinq dixièmes mais elle [Simone Biles] débarque et gagne d’un à deux points d’avance. En ce moment, personne ne peut battre Simone Biles. » Son coach, Aimee Boorman, enfonce le clou : « Je dirais qu’elle ne met pas plus de trois jours pour acquérir une nouvelle compétence là où cela prend des années à beaucoup d’athlètes. »
La place de « meilleure gymnaste de tous les temps » semblait pourtant imprenable. La Roumaine Nadia Comaneci a été la première gymnaste de tous les temps à obtenir la note de 10 sur 10, à 14 ans, en 1976. Elle a enchaîné les succès : cinq fois médaillée d’or aux JO, deux fois aux championnats mondiaux et neuf fois en Europe, et a participé à faire de la gymnastique un sport populaire. De la comparaison entre ces deux athlètes, il n’y a qu’un pas.Nadia Comaneci elle-même ne tarit pas d’éloges sur Simone Biles : « C’est une athlète phénoménale. Même si elle chute, elle est capable de gagner du fait de son très haut niveau de difficultés. »
Ce soir à 21 heures (heure française), Simone Biles disputera la finale du concours général individuel. Il est probable qu’elle ajoute de nouvelles médailles d’or à son compteur, voire même les quatre médailles d’or qu’il reste à gagner à Rio. La légende Biles est en marche.
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Source : Solène de Larquier