Les enquêteurs soupçonnent qu’il y ait eu des complicités dans l’armée pour la préparation de la double attaque qui a frappé Ouagadougou vendredi 2 mars. Sous le régime Compaoré, les liens entre pouvoir et mouvements jihadistes étaient présumées étroits.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a revendiqué le double attentat de vendredi 2 mars. Dans le communiqué du groupe jihadiste, une phrase retient l’attention : le GSIM écrit que l’objectif de l’attaque était notamment « de rappeler au régime burkinabè la politique du précédent gouvernement qui était restée neutre dans la lutte des moudjahidines contre la France et ses alliés, qu’il ne s’était pas soumis à ces injonctions et a ainsi évité de tomber dans la flaque de sang ». Pour la première fois, un groupe jihadiste pointe clairement le changement intervenu à Ouagadougou. Où l’on reparle des connexions présumées entre par le Malien Iyad Ag Ghali et le régime de Blaise Compaoré.
Un fin connaisseur du dossier se souvient : « Sous Blaise Compaoré, le Burkina était épargné. Dès les premières attaques en 2015, on se posait la question : n’était-ce pas lié à la chute de Blaise Compaoré et au changement de politique vis-à-vis des jihadistes ? Aujourd’hui, par cette revendication, nous en avons la confirmation et c’est n’est pas rien », explique cette source qui rappelle que sous le régime de Blaise Compaoré, Iyad Ag Ghali avait souvent logé dans le quartier résidentiel de Ouaga 2000. Il était en relation avec le chef de l’Etat mais aussi, par exemple, avec le général Gilbert Diendéré, l’ancien bras droit de Compaoré dont le procès vient de commencer.
Avec le nouveau régime, ces relations ont cessé. Dans plusieurs interviews, le président Kaboré a d’ailleurs dénoncé la « collusion » du régime de Blaise Compaoré avec les groupes jihadistes sahéliens. « Dans cette affaire, ils sont tous connectés », estime également un observateur de la vie politique. « Ils veulent faire payer ce qui s’est passé. Ils agissent pour fragiliser le nouveau régime, le harceler », affirme-t-il, tout en reconnaissant l’absence de preuves matérielles pour étayer ces accusations.
En novembre dernier, dans un communiqué Blaise Compaoré démentait : « Ceci est odieux, scandaleux, abject (…) Je brise exceptionnellement le silence pour condamner fermement » ces allégations.