Ces immigrés d’Afrique subsaharienne, après avoir longtemps travaillé dans les exploitations agricoles italiennes ont décidé de créer leur propre coopérative en 2012. Située non loin de Rome, cette coopérative est 100 % écolo puisque les membres produisent des yaourts et légumes bio, qu’ils livrent à vélo.
Cette coopérative porte le nom de Barikamà, qui signifie « résilience » en bambara, la principale langue au Mali. Ce terme fait référence à la capacité des individus à rebondir après avoir rencontré des obstacles au cours de leur vie. Les huit personnes qui y travaillent à temps plein actuellement sont originaires du Mali, de la Guinée, de la Gambie, du Bénin et du Sénégal.
Comment l’histoire a commencé?
C’est le malien Suleiman Diara, 32 ans, qui a créé cette coopérative. Arrivé en Italie sans papiers en 2008, après avoir traversé la Méditerranée en bateau, il a d’abord travaillé dans une exploitation agricole près de Rosarno, dans le sud du pays, où il gagnait 20 euros par jour pour 12 heures de labeur. Les conditions de vie étaient vraiment rudes. En 2010, à la suite d’une révolte des émigrés qui protestaient contre l’agression d’un des leurs, une chasse aux émigrés est alors lancée. N’étant plus en sécurité à Rosarno, Suleiman se rend à Rome. Ne trouvant pas d’emploi, avec un ami gambien, il commence alors à fabriquer des yaourts. Ils utilisent pour cela quelques litres de lait dans un premier temps, pour les vendre et gagner un peu d’argent. Ils sont ensuite rejoints par Cheikh Diop, un Sénégalais de 31 ans arrivé en Italie en 2007.
Une fabrication pas très aisée
Ils ont commencé à préparer des yaourts car c’est facile à fabriquer. En Afrique, il suffit de laisser reposer le lait durant quelques heures pour qu’il caille et obtenir ainsi du yaourt. Cela dit, ils ont rapidement réalisé que c’était plus compliqué en Italie, notamment car il fait beaucoup moins chaud qu’en Afrique. Une femme leur a alors conseillé d’utiliser un ferment lactique. Actuellement, la coopérative transforme 250 litres de lait par semaine, ce qui permet d’obtenir 220 litres de yaourt environ.
Ils défendent en plus la nature
« Nous livrons nos yaourts à vélo car c’est un moyen de transport non polluant ». Suleiman ajoute : « Nous sommes sensibles à l’environnement, probablement car nous venons de zones rurales ». Ils utilisent pour cela du lait bio qu’ils font venir d’Amatrice, une localité située à 160 km de leur ferme. . Par ailleurs, nos clients nous rendent toujours les pots des yaourts après utilisation, ce qui nous permet de les réutiliser.
Ils ont remporté 20 000 euros en 2012 grâce à un concours récompensant les jeunes entrepreneurs.