De Génération Foot au Stade Rennais et, depuis un an, au Royaume-Uni, Ismaïla Sarr poursuit l’apprentissage vers les sommets du football. Le talentueux ailier de 22 ans a rejoint Londres et le club de Watford pour 5 ans à la saison 2019-2020. Un an plus tard, les Hornets sont relégués en Championship, mais l’ex-joueur messin n’a rien perdu de sa valeur. Acquis à hauteur de 30 millions d’euros, il est valorisé plus cher, entre 50 et 70 sur ce mercato, par les chercheurs de l’Observatoire du football. Trouvé dans sa toute nouvelle maison à Saint-Louis où il est actuellement en vacances, Ismaïla Sarr est revenu sur sa saison dans cet entretien qu’il a accordé à «Les Échos». Quant à son supposé transfert cet été, Sarr soutient n’avoir pas encore reçu d’offre.
Les Échos : Ismaïla Sarr, vous avez rejoint le championnat anglais cette saison. Comment s’est passé votre intégration en Premier League ?
Ismaïla Sarr : Après mon transfert à Watford, j’ai eu beaucoup de mal à m’adapter. Ça n’a pas été du tout facile de rejoindre un pays que je ne connaissais pas auparavant, de changer de langue, mais aussi et surtout le football. Tout avait changé. J’ai fait trois ou quatre mois sans jouer. C’est par la suite, avec le changement du premier coach, que j’ai commencé à jouer. J’ai finalement commencé mon adaptation avec le nouveau coach. J’ai enchainé les matchs et je me suis senti dans mon élément. J’ai pu me joindre au rythme de la Premier League. Physiquement, je n’ai pas eu trop mal pour m’imposer.
Votre rythme a été quand même stoppé par l’arrivée du Covid 19…
Ce n’est pas seulement moi mais tout ce beau monde du football. Pour ma part, j’étais sur un bon rythme et c’est par la suite qu’on a dû arrêter le championnat à cause de la pandémie. Mais quand même, j’avais la possibilité de m’entrainer chez moi et de faire le maximum possible d’exercices. Ça m’a beaucoup aidé à me maintenir en forme pour pouvoir jouer mes matchs à fond, c’est-à-dire tenir 90 minutes durant. Mais il faut avouer que ces périodes ont été très dures pour nous tous.
Comment avez-vous vécu le confinement avec votre femme et votre petite fille ?
Ce n’était pas du tout facile. On a fait 3 mois sans pouvoir sortir comme avant. Il fallait toujours rester à la maison, parfois aller faire des courses. On a eu du mal vraiment à s’habituer à cette situation. Il fallait tout le temps mettre des masques. Ma femme et ma fille Maman (qui porte les noms de sa mère et de la mère de sa femme) ne sortaient pas. Je faisais toutes nos courses tout seul. (Rire) en quelque sorte, c’est moi qui affrontait la pandémie. Non mais sérieusement, ça n’a pas été facile pour tout le monde.
Et après, comment c’était la reprise des entrainements avec l’équipe ?
A la reprise, on a souffert à l’entrainement, oui, ça n’a pas été facile du tout. On a beaucoup couru, mais heureusement, on n’avait pas cessé de s’entrainer. On le faisait chacun de son côté chez nous. On a essayé de se maintenir en forme et voilà tout le monde connait la suite.
Après une période de confinement en Europe à cause du Covid-19, le championnat anglais avait repris, mais malheureusement pour vous, votre équipe a été reléguée en Championship en fin de championnat. Comment avez-vous vécu cette période ?
Personnellement, la relégation de Watford m’a fait beaucoup de peine. Je ne pensais pas qu’on en arriverait là. Je me suis dit qu’il fallait tout faire pour ne pas descendre en Championship. On a quand même fait notre maximum pour empêcher cette situation. Il faut savoir que cette relégation n’est pas le fruit de nos dernières prestations. Parce que durant le championnat, on a perdu des matchs faciles qu’il fallait impérativement gagner. On est aussi tombé souvent à domicile. Par exemple contre Everton, on a mené 2-0 et finalement on a été rejoint au score pour finir le match à 2-2. Ce n’était pas à cause des matchs contre Arsenal, contre West Ham ou Southampton, mais c’était bien avant.
Si vous deviez faire un bilan de votre saison à Watford, ce serait positif ou négatif ?
A la fin de cette saison, je me suis dit que j’ai échoué à ma mission. J’aurais aimé aider mon équipe à se maintenir en Premier Ligue. C’est un échec pour moi. Je le regrette vraiment.
Pouvez-vous revenir sur votre match du 29 février dernier contre Liverpool ?
On a préparé ce match comme on a fait pour tous les autres de la saison. Je revenais d’une blessure. J’étais revenu lors du match contre Manchester, j’avais joué seulement 10 petites minutes. Contre Liverpool, je ne pensais même pas démarrer le match. Le coach a eu confiance en moi, il m’a mis parmi les partants. Liverpool est un grand club, mais il fallait faire la différence et essayer de s’imposer, mais surtout ne pas perdre. On cherchait au minimum un point à défaut d’avoir les trois de la victoire. Dieu a fait qu’on a gagné cette partie. J’ai marqué un doublé et on a gagné 3 à 0.
On peut dire que c’est ce match-là qui vous a même réellement lancé en Premier League…
Oui c’est vrai que c’est ce match-là qui m’a révélé à beaucoup de monde. Ce fut un grand coup pour marquer ma présence en Premier League. Je me suis donné à fond. J’ai suivi les consignes du coach et j’ai fait ce qu’il fallait, marquer des buts. Ça m’a fait beaucoup de bien de voir ce match me lancer comme ça.
Vous avez gagné devant Sadio Mané qui se trouve être votre grand-frère et idole…
(Rire) sérieusement, moi quand je rentre dans un terrain, c’est pour gagner. C’est mon travail et j’aime quand c’est bien fait. Je ne me pose pas de question. Je ne me fais pas non plus de souci contre qui je joue, qu’on soit frère ou pas. Sadio, mon grand-frère, était venu pour gagner et moi de même. Il fallait que quelqu’un d’entre nous gagne et c’est tombé sur moi. J’ai eu heureusement la chance de gagner et on est passé à autre chose. Ça n’a rien changé de notre relation de frères.
Après ce match aussi, il vous a «confié» à votre capitaine d’équipe, peut-t-on savoir la relation, qui a suivi cet acte de Sadio Mané, entre vous Troy Matthew Deeney ?
Notre capitaine, c’est quelqu’un de bien vraiment. Il est très sympa avec tout le monde. Sur le terrain, quand on fait des erreurs, il vient vers nous et nous aide à ne plus en faire avec des conseils et des encouragements. Quand Sadio lui a demandé de prendre soin de moi, ça nous a davantage rapproché bien qu’on ait une bonne relation. Il se soucie toujours de ce que je fais et m’aide à mieux progresser. C’est un bon coéquipier et un bon capitaine.
Dernièrement votre agent Thierno Seydi a parlé de votre avenir qui dépendait du sort de Watford. Maintenant que votre équipe est reléguée, quel avenir avez-vous avec Watford ?
Vraiment, en ce moment (rire), je ne sais vraiment pas quoi dire. On va aller jouer en Championship puisqu’il n’y a pas encore de transfert.
Qu’en est-t-il de vos supposés transferts à Liverpool ou vers d’autres grandes équipes de la Premier League ?
(Rire) j’en suis au même niveau d’information que tout le monde à propos de ces rumeurs de transfert. Chaque jour, comme tout le monde, je reçois des informations comme quoi je vais aller jouer à Liverpool, à Manchester United etc… Mais vraiment, pour le moment, on n’en a pas encore discuté en interne.
Avec votre agent vous n’avez pas reçu d’offre ?
J’avoue qu’il y a d’autres agents qui me parle de propositions d’importantes équipes, mais pour le moment, je reste tranquille dans mon coin. Je continue mon travail et le reste, mon agent et mon équipe s’en chargeront. Parce que quoi qu’il arrive, il faut l’aval du club.
On a aussi vu l’information disant que Watford était prêt pour vous libérer
(Rire) ça quand même c’est… vous m’en informez en tout cas. Il me reste encore des années de contrat avec Watford, encore 4 ans. Si Watford veut que je reste, je jouerai en Championship ; mon départ aussi dépend d’eux. C’est ce qu’il a de plus normal pour moi.
Si toutefois votre libération est actée, seriez-vous prêts à rejoindre Liverpool et Sadio Mané ?
Liverpool est vraiment une grande équipe, tout le monde aimerait jouer là-bas. Ils ont gagné cette année la Premier Ligue et la Ligue des Champions l’année dernière. Mais aussi il y a de grandes équipes dans le championnat anglais. Franchement, je n’ai pas encore à faire un choix. Si ça devait arrivait, je souhaite seulement que ce soit une bonne équipe. Pour le moment, il n’y a que des suppositions.
Si vous-êtes arrivé à Watford, ne visez-vous pas quand même un niveau plus élevé ?
Oui bien sûr, chaque personne qui travaille cherche des avancements. Peut-être si Watford me libère un jour je pourrais bien aller jouer dans une plus grande équipe. Aller faire valoir mon talent ailleurs et puis gagner des trophées.
Seriez-vous tenté de revenir en France à Paris ou à Marseille pour jouer la Ligue des champions ?
Retourner en France, oui pourquoi pas… Jouer la Ligue des champions est un rêve pour tous les joueurs. J’ai déjà eu le plaisir de jouer l’Europa Ligue donc si ces équipes souhaitent m’avoir dans leurs dispositifs, qu’elles en discutent avec Watford et qu’elles trouvent un accord, je ne dirais pas non.
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