Une façon de réparer l’injustice? En un tweet, Barack Obama a invité ce mercredi 16 septembre à la Maison Blanche un collégien musulman interpellé pour avoir apporté à l’école une horloge numérique que la police avait pris pour une bombe factice.
« Belle horloge, Ahmed. Tu veux l’apporter à la Maison Blanche? », a lancé le président américain, s’immisçant dans une affaire qui a suscité une avalanche de réactions, les policiers du Texas impliqués se voyant reprocher un excès de zèle fondé sur un sentiment islamophobe. « Nous devrions inciter plus d’enfants comme toi à aimer les sciences. C’est ce qui fait la grandeur de l’Amérique », a-t-il ajouté.
« Les hypothèses et la peur ne font rien pour notre sécurité, elles nous entravent. Ahmed, reste curieux et continue à créer », a aussi réagi Hillary Clinton, candidate démocrate à la Maison Blanche en 2016.
Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a pour sa part réagi sur le réseau social en rendant hommage au jeune homme et même en lui présentant de rejoindre son entreprise. « Avoir les compétences et l’ambition de construire quelque chose de cool mérite des applaudissements, pas une arrestation, a-t-il écrit. Le futur appartient à des gens comme Ahmed. Ahmed, si jamais tu veux rejoindre Facebook, j’aimerais te rencontrer. Continue à construire », a-t-il poursuivi.
Le collégien a aussi été invité par Google à se rendre à son Google Science Fair, qui réunit justement des jeunes inventeurs. Le géant américain, qui a demandé à Ahmed de venir « avec son horloge », a utilisé le hashtag #IStandwithAhmed (« je soutiens Ahmed »), qui a été repris par de nombreux internautes pour exprimer leur solidarité avec l’adolescent.
Ahmed Mohamed, élève en troisième, avait apporté lundi à son collège un dispositif bricolé, composé notamment d’un écran numérique et d’un circuit électronique, qu’il souhaitait montrer à son professeur de technologie. L’appareil ayant sonné lors d’une autre classe, un enseignant d’anglais l’a confisqué, avant que les choses ne s’emballent pour le collégien, pourtant connu pour être un apprenti Géo Trouvetou.
« Le proviseur et des policiers m’ont conduit dans une pièce où cinq policiers m’ont interrogé, fouillé, saisi ma tablette et mon invention », a relaté l’adolescent au journal Dallas Morning News. « Puis j’ai été conduit dans un centre de détention juvénile, où j’ai été fouillé, ils ont relevé mes empreintes digitales et ont pris des photos de moi », a poursuivi l’ingénieux adolescent.
L’inventeur en herbe, qui vit à Irving, près de Dallas, a précisé avoir été interdit de téléphoner à ses parents durant son interrogatoire. Enfin relâché, il a quand même été renvoyé trois jours de son collège.
« Un signal d’alarme »
« Cette arrestation est un signal d’alarme », a réagi Alia Salem, une responsable au Texas du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR). Selon l’organisation, cette affaire n’aurait pas eu lieu si l’adolescent ne s’était pas nommé Ahmed Mohamed.
De son côté, la police s’est défendue d’avoir mal agi, expliquant notamment avoir menotté l’adolescent « pour sa propre sécurité ». « Il s’agissait d’un dispositif très suspect. Nous vivons à une époque où l’on ne peut pas emporter de telles choses à l’école », a déclaré Larry Boyd, chef de la police dans un conférence de presse.
Dans une lettre adressée aux parents d’élèves, le proviseur du lycée MacArthur d’Irving a défendu l’action de la police. « Soyez assurés que nous prendrons toujours les mesures nécessaires pour que notre école soit la plus sûre possible », a écrit Daniel Cummings.