Le Pds et ses alliés avaient prévu de marcher, ce mercredi 19 août dans l’après-midi, de la Place de l’Obélisque au rond point de la Poste de Médina. Pour se conformer à la procédure, ils avaient demandé une autorisation auprès du Préfet de Dakar. Mais, ce dernier n’a pas donné une suite favorable à leur manifestation. En procédant ainsi, le régime de Macky Sall semble rappeler les pires moments du règne de Wade. Des moments où ce qui était retenu comme principe devenait l’exception.
L’article 10 de la constitution sénégalaise précise que « Chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses opinions par la parole, la plume, l’image, la marche pacifique, pourvu que l’exercice de ces droits ne porte atteinte ni à l’honneur et à la considération d’autrui, ni à l’ordre public ». Mais à la fin de son mandat, plus précisément à la veille des élections présidentielles de 2012, l’ex Chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade qui avait réussi à consacrer le droit de marche comme un principe constitutionnel perdait alors ses idéaux de démocrate. Le droit de marche était ainsi restreint au gré du pouvoir, sous prétexte de troubles à l’ordre public. Et toute la classe politique de l’opposition, y compris Macky Sall dénonçait ce revirement. Mais aussitôt après son accession à la magistrature suprême, Macky semble retenir de Wade que les pires moments de son règne. Il érige alors le principe de marche en exception, interdisant la quasi-totalité des manifestations publiques.
De ce fait son régime enregistre dans ses annales l’interdiction de marche aux marchands ambulants, aux étudiants, aux anciens travailleurs des conseils régionaux, aux aveugles de l’Inefja aux partis politiques, bref à toutes les couches de la population. Autant de marches interdites après une appréciation politique de la situation.
Pour justifier leurs décisions, les autorités évoquent entre autres motifs, la remise en cause de l’indépendance de la justice sur un dossier pendant devant une juridiction, le risque d’entrave à la libre circulation des personnes et des biens, le risque d’infiltration de la manifestation par des individus malintentionnés et la menace de trouble à l’ordre public.
Cependant, ce qui semble évident, c’est que l’interdiction des marches accroit plus les risques évoqués que l’autorisation en tant que telle. Ainsi, l’autorité semble avoir fait une erreur d’appréciation en donnant à ses détracteurs plus d’arguments à prévaloir contre l’Etat.
D’ailleurs, le parti démocratique Sénégalais semble décider de profiter de cette situation pour intensifier son combat. Le Pds et ses alliés du Front patriotique pour la défense de la république (Fpdr) sont plus que jamais déterminés à tenir leur manifestation avec ou sans autorisation. Ainsi, après avoir lu l’arrêté du Préfet de Dakar interdisant leur manifestation, Oumar Sarr a déchiré le document devant les militants pour montrer leur refus catégorique à se plier aux motifs avancés par l’autorité publique.