Saint-Louis : quand les dons de Marième Faye Sall créent la suspicion chez les Imams et oulémas
A Saint-Louis, la Fondation Servir le Sénégal a remis à l’Association des imams et oulémas des dons composés de 60 mètres de tissu Percal, cinq paires de bottes et autant de paires de gants. Le même nombre en tabliers et en combinaisons a aussi été remis à ladite association. S’y ajoutent un paquet de masques respiratoires, un seau, une baignoire, du camphre et de l’eau de javel. S’agit-il de dons ou d’offrandes en vue de conjurer un mauvais sort ? La seule constante est que ces dons suscitent diverses réactions aussi bien chez les populations que chez les destinataires. Ces craintes et interrogations sont d’autant plus fondées que ces dons sont distribués à quelques jours seulement de l’arrivée du président de la République, Macky Sall, dans le Nord du pays. En effet, le périple du chef de l’Etat dans l’axe nord doit conduire la délégation présentielle dans plusieurs localités, avec notamment le lancement des travaux de désenclavement de l’île à Morphil.
Mais ce n’est pas seulement la nature de ces dons qui inquiète les destinataires. La récurrence du chiffre cinq est un autre élément qui suscite le doute et la suspicion chez les cibles qui, du reste, sont sceptiques quant à l’utilisation et l’usage qu’il faut en faire. En fait, certains membres de l’Association des imams et oulémas ont été mis devant le fait accompli. Ils n’ont été informés de la remise symbolique qu’après l’arrivée du matériel. De plus, plusieurs curiosités semblent justifier la position de ces imams et oulémas. Il y a notamment la valeur modique de ces dons alors que la commune polarise, au total, 98 mosquées. En plus, d’autres secteurs sont beaucoup plus prioritaires et ont le plus besoin d’un appui. Il y a l’hôpital régional de Saint-Louis qui peine à satisfaire la demande, notamment au niveau de la morgue.
Cette affaire rappelle le procès de responsables d’un journal de la place qui ont été trainés en Justice, devant le Tribunal correctionnel de Dakar, pour le délit de diffamation, pour avoir fait état du mysticisme du couple présidentiel. Nos confrères accusaient alors la Première dame d’avoir effectué, en ce sens, des voyages dans des pays de la sous-région et dans le monde. Ce qui leur a valu une condamnation pénale et pécuniaire, même s’ils n’ont pas été, pour autant, envoyés en prison. Aussi, dans l’histoire de la traque des biens mal acquis, l’ex-Président Wade avait, de manière implicite, indiqué que l’arrestation de son fils, Karim Wade, suivie de sa détention à Rebeuss constitue une offrande que le couple présidentiel a faite pour se maintenir le plus longtemps au pouvoir. C’était lors d’une rencontre avec les membres du Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr), en février 2015, où il avait même promis de mettre le pays dans le chaos si son fils est condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Me Wade avait fait de graves révélations, estimant que l’épouse du chef de l’Etat est derrière tout ce complot. Et que «la dame très portée sur le mysticisme et autres pratiques occultes et (a) dû consulter des devins qui lui auraient dit que si Macky Sall libère Karim Wade, ce dernier va le remplacer».
Gabriel BARBIER Walf (Correspondance)