La presse en ligne a publié un communiqué qui serait envoyé par l’ancien Premier Ministre Abdoul Mbaye traitant de «gros mensonge l’autosuffisance en riz en 2017».
- Il informe avoir « dénoncé en son temps comme un projet irréalisable l’atteinte en deux ans de l’autosuffisance en riz du Sénégal annoncée pour 2017 ».
- Abdoul Mbaye semble tout ignorer de la riziculture sénégalaise. Le premier conseil interministériel dédié au riz sous l’ère Macky Sall date du 24 février 2014. A moins qu’il ne fasse de la soustraction en additionnant, cela fait bien plus de deux ans.
- Le ton du communiqué est tellement surprenant qu’il ne semble pas venir d’une personne ayant déjà exercé des fonctions aussi élevées que celles de Premier Ministre.
Voudrait-il insinuer que l’administration qu’il dirigeait n’était pas sérieuse lorsqu’il annonce, dans sa publication, que des «statistiques de productions locales se sont miraculeusement envolées ?»
4. Abdoul Mbaye cherche à établir un lien direct entre les importations et le niveau de production. Ce lien n’est sûrement pas automatique, mais hélas, il ne le sait peut-être pas.
Précisons qu’au sein de la CEDEAO, les productions rizicoles ont augmenté partout, de même que les importations, sauf pour le Sénégal et le Nigéria, où l’augmentation de la production a entrainé une baisse des importations.
Selon lui, les techniques culturales n’ont pas bougé au Sénégal.
Il a fondamentalement tort. Et il faudrait sûrement l’informer que les techniques culturales ont beaucoup évolué, grâce aux renforcements des équipements comme jamais, à l’innovation avec l’application de nouvelles méthodes comme le système de riziculture intensive (SRI) avec l’ANCAR, le PRiP, la SAED, entre autres.
5. Monsieur Abdoul Mbaye soutient que les consommations de semences ou d’engrais n’ont pas varié.
Cela ressemble à du délire et pour lui rafraîchir la mémoire, Monsieur Abdoul Mbaye doit comprendre que :
- En 2012, la quantité de semences de riz mise à la disposition des riziculteurs était de 234 tonnes. Il faut préciser que ces semences n’étaient pas certifiées.
- En 2013, cette quantité de semences de riz a atteint 1294 tonnes et 5400 tonnes en 2014. Sur ces deux années déjà, on constate une évolution sans commune mesure par rapport à l’année 2012, même si la semence n’était toujours pas certifiée.
- Pendant les années 2015, 2016 et 2017, toute la semence de riz mise à la disposition des riziculteurs par le Gouvernement était certifiée avec respectivement 6000 tonnes, 6271 tonnes et 6295 tonnes.
- Si en 2012, le nombre de variétés était de 3 (sahel 108, sahel 201 et sahel 134) pour les semences, 4 en 2013 (sahel 108, sahel 201, sahel 202 et sahel 159) et 5 en 2014 (sahel 108 ; 201 ; 202 ; 159 et nerica 4), depuis 2015, c’est plus de 10 variétés (sahel 108 ; 201 ; 202 ; 159 ; 177 ; NERICA L19, NERICA 1 ; NERICA 6 ; NERICA 4 ; NERICA 14 ; NERICA S44 ; NERICA 5 ; BG 90-2 ; Rock 5 ; War 77-3-2-2 ; et Wita 9) s’adaptant à tous les écosystèmes qui sont distribuées. Ce qui explique la présence du riz partout dans les régions du Sénégal
On peut faire le même raisonnement en ce qui concerne les engrais, les produits phytosanitaires, les magasins de stockage, etc. etc.
- Monsieur Abdoul Mbaye constate que la pluviométrie est restée insuffisante
Il a dû oublier que celle de 2015 était largement suffisante et sa répartition spatio-temporelle très bonne. L’hivernage 2016 a connu un arrêt précoce et celle de 2017, une pause d’une vingtaine de jours au mois de septembre.
Les mesures d’anticipation et d’adaptation aux chocs climatiques prises par le Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural (MAER) ont permis de contrer ces perturbations et relever fortement le niveau de la production de riz, année après année depuis 2015.
- Monsieur Abdoul Mbaye s’étonne que la production agricole du Sénégal s’envole vers des cimes jamais atteintes, en raison, dit-il, de rendement doublant ou triplant.
En dehors du fait qu’il confond rendement et production, Monsieur Abdoul Mbaye ne semble pas comprendre que là où il a échoué, faute ou manquant de stratégies pour matérialiser la vision de Monsieur le Président de la République qui avait placé sa confiance en lui, d’autres peuvent y réussir comme c’est le cas avec l’actuel Premier Ministre Mouhammad Bounn Abdalla Dionne que nous félicitons, au passage, pour sa très brillante déclaration de politique générale devant la représentation nationale.
- Abdoul Mbaye indique qu’on oublie de dire comment on a fait pour avoir ces évolutions de production.
Il doit peut-être savoir que depuis qu’il a quitté la tête du Gouvernement, et que le Programme d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture sénégalaise (PRACAS) est lancée, ses successeurs se sont loyalement évertués à lever avec intelligence toutes les contraintes liées au développement de la filière riz.
Voilà pourquoi, malgré des profils d’hivernage très différents, les mesures d’anticipation et de prises en compte des innovations technologiques ont permis de relever fortement le niveau de la production de riz, année après année depuis 2015.
- En définitive, la raison d’Etat devrait, dans le principe, guider tout Haut responsable, qui nourrit de l’ambition pour son pays, à se féliciter du courage du Gouvernement à viser le triplement de la production de la céréale la plus consommée, en l’espace de 4 ans. Donc, l’effort et le fait d’avoir osé sont louables car, au moins, le doublement de la production a été obtenu, ce qui est inédit dans l’histoire du pays, avec des niveaux de production jamais atteints reconnus partout.
Nous sommes prêts à faire le tour du pays avec M. Mbaye pour lui permettre d’apprécier le niveau actuel de production du riz, avec les vrais acteurs, s’il aime parcourir le Sénégal des profondeurs.
Votre article si faible mériterait-il cette réponse technique ?
« Citoyennement » votre !
Dr Waly Diouf, Coordonnateur PNAR (Programme National d’Autosuffisance en Riz)