“Je ne suis pas coupable des faits dont on m’accuse”. Cheikh Ibrahima Ba alias “Abu Khaled”, s’est défendu du mieux qu’il pouvait à la barre, ce jeudi.
Né en 1994 à Diaobé, célibataire, sans enfant, Ba, est co accusé dans le procès de l’Imam Ndao. “Lors de mon audition, l’enquêteur m’a traité de suiviste. Il m’a ensuite qualifié de mouton avant de me dire que je méritais d’être égorgé. Sinon, je n’ai jamais été malmené au cours de l’enquête ni en prison”, a-t-il confié lors de son audition.
Avant de déplorer ses conditions de détention. “Je n’ai tué personne, je n’ai ni volé, ni fait le moindre mal. J’ai été enfermé dans un endroit où j’étais contraint de faire tous mes besoins naturels en y dormant et priant. Je ne comprends pas comment une personne pouvait faire vivre une situation pareille à son semblable. On ne me servait qu’un repas par jour”.
Le Jihad, Ibrahima Ba, n’en sait que très peu. “Dans mes souvenirs, je crois m’être battu une seule fois. C’était pour me défendre. Sinon le jihad, je ne le connais vaguement”.
“Je suis allé au Nigeria pour…”
Mais ses déclarations sont tout à fait contraires à celles contenues dans le procès verbal d’enquête. Arrêté en même temps que Matar Diokhane, Oumar Yaffa alias Abu Hafsa, Ibrahima Diallo alias Abou Omar et Cheikh Ibrahima Ba alias Abou Khaled, ils étaient soupçonnés appartenir à un groupe extrémiste. Des sunnites, appartenant au “Takhfir” et de la “Hidjira” (extrémistes islamistes nés d’une scission des Frères musulmans et adeptes d’une idéologie ultra-violente).
Ayant été dans le fief de Boko Haram, il explique avoir quitté le Sénégal pour le Nigéria juste pour parfaire ses connaissances islamiques. “Je venais de finir mes cours. Moussa Mbaye, notre maître coranique m’a alors appelé. Il m’a invité chez lui et m’a parlé du nord du Nigéria, où j’ai des chances de faire de très bonnes études. J’ai dit que j’allais y réfléchir. Deux jours après, il m’a appelé au téléphone. Il m’a demandé si j’avais fait mes bagages, il y a une opportunité. Je lui ai demandé un peu de temps pour avoir l’aval de mes parents se trouvant en Guinée”, explique-t-il.
Les formalités faites, Ibrahima Ba prépare son voyage et se rend au Nigeria. Avant ça, raconte-t-il, il se rend à Kaolack où y fait la connaissance de quelques de ses compagnons de voyage.
“J’entendais des éclatements, des détonations…”
Une fois au Nigeria, Ibrahima Ba, se rend à Diffa au Nigeria. “Deux motos sont alors venues nous chercher. On a été ensuite à Abadam. C’est là bas où j’ai retrouvé Moussa Mbaye, mon maître coranique. Il m’a dit que je pouvais poursuivre mes études sur place. Après quelques mois, il m’a informé que Fathul Mubîn était plus favorable pour mes études. Et j’y suis allé avec d’autres Sénégalais, à bord de véhicules. C’est Abu Amir, nôtre logeur qui a payé nos frais de déplacement de Abadam à Fathul Mubin à bord de véhicule de type 4×4”.
Et de poursuivre : “Les études étaient ma seule activité. Je n’ai subi aucune formation militaire. Je consacrais tout mon temps entre la mosquée et la maison où je logeais. Et après quelques mois, il est venu m’annoncer notre déménagement pour des raisons d’insécurité de la zone, avait-il prétendu. J’entendais de temps en temps des éclatements, des détonations. On nous a alors conduit ensuite à Samassa, Moussa Mbaye, Ibrahima Mballo, Abou Oumar, Yaffa, Abur Zar, Abu Salman. Ces deux derniers nommés sont restés là-bas”.
“Je répète donc que je n’ai jamais été combattant. Cela ferait plus de 3 ans que je suis en prison”, se désole l’accusé.