Des combattants du feu à bout, en train de faire une sieste le long d’un fleuve, à même le sol : la scène, immortalisée dimanche dans une série de photos publiées sur Facebook par un pompier portugais, est depuis massivement relayée sur les réseaux sociaux. Depuis samedi, ils sont des milliers à être mobilisés jour et nuit pour tenter de maîtriser le feu de forêt meurtrier qui ravage la région de Pedrógão Grande, au centre du Portugal.
En moins d’une semaine, selon le dernier bilan officiel, 64 personnes, ont été tuées et près de 135 blessées dans l’un des pires incendies de l’histoire récente du Portugal, qui a décrété trois jours de deuil national depuis dimanche. Des avions espagnols, italiens et français sont arrivés en début de semaine pour aider les pompiers portugais, au bord de l’épuisement.
Sur Facebook, Pedro Brás, un pompier, a publié dimanche plusieurs photos montrant ses collègues allongés sur leur veste, à même le sol, en train de profiter d’une accalmie pour faire une sieste. « Après une nuit et un jour de combat contre l’incendie forestier de Góis [municipalité située dans le district de Coimbra, région Centre, NDLR] nous avons eu le droit à 25 minutes (de répit) sur la page fluviale, encore recouverte de fumée », écrit-il en légende.
Sa publication, reprise par la page Facebook « Respeito pelos Bombeiros » (« Respect aux pompiers »), a été partagée plus de 73 mille fois. Dans les commentaires, plusieurs dizaines d’internautes félicitent ceux qu’ils qualifient de « héros ». La presse italienne, brésilienne ou encore espagnole a également repris ces photos qui témoignent de la catastrophe.
« Après une journée complète et une nuit entière, nous nous sommes reposés pendant 25 minutes près de la rivière, vous pouvez voir que l’air est dense de fumée » déclare Pedro, le pompier qui a publié la photo sur Facebook.
« La situation est toujours préoccupante »
Contacté par la rédaction des Observateurs de France 24, Pedro Brás explique que la photo a été prise dimanche 18 juin au soir. « Nous avions travaillé toute la nuit du samedi au dimanche, puis toute la journée du dimanche, c’était notre seule pause après presque de 24 heures de travail », raconte-t-il, précisant que les pompiers qui apparaissent sur ses images sont tous volontaires. Selon lui, les premiers jours ont été d’autant plus compliqués qu’il manquait des renforts sur place pour maîtriser le feu. « La situation est toujours préoccupante », a-t-il ajouté.
Le Portugal est recouvert sur près de deux tiers de son territoire de forêts. D’après un récent rapport de l’Institut supérieur d’agronomie portugais, 100 000 hectares boisés partent chaque année en fumée depuis 1980. Les feux sont, pour les trois-quarts, d’origine criminelle. Mais pour le moment, ce n’est pas cette hypothèse qui a été retenue dans le cas de l’incendie géant de Pedrógão Grande. Selon les autorités, un arbre a été frappé par la foudre samedi après-midi et des vents violents ont ensuite favorisé la propagation de l’incendie.
La polémique enfle
La plupart des victimes ont trouvé la mort sur les routes. Au moins 18 personnes ont perdu la vie sur la N-236, reliant Figueiro dos Vinhos à Castanheira de Pera. Cet axe a déjà été rebaptisé « la route de la mort ». Face à l’ampleur du désastre, des critiques se sont également fait entendre. L’association environnementaliste Quercus a notamment pointé du doigt la mauvaise gestion des forêts par les autorités portugaises.
Du côté des pompiers, Baltazar Lopes, président de la direction des pompiers volontaires de Castanheira da Pêra s’est étonné du manque de moyen aérien. « Après cette catastrophe, il faudra sérieusement réfléchir et changer les autorités en charge de la protection civile », a-t-il également estimé.