Le Président Macky Sall n’a pas mâché ses mots. Invité à s’exprimer sur l’enfermement de plus en plus hermétique de l’Europe à l’immigration, diabolisant surtout celle africains, il a craché ses vérités.
«Ce que je ne peux accepter… »
«Ce que moi je ne peux personnellement pas accepter, c’est la caractérisation de la migration africaine. Parce que d’abord elle n’est pas la plus importante en nombre. Mais quand on parle, on semble ne parler que de la migration africaine», dénonce le chef de l’Etat, lors du Panel organisé en Suisse sur la situation économique en Afrique et les perspectives. Devant l’assistance, il rappelle aux européens que la migration des africains vers le vieux continent, a connu des vagues successives, dont les premières étaient organisées par les européens, eux-mêmes, surtout pour venir défendre l’Europe.
Il rappelle aux européens la 1ère et la 2nde guerre mondiale
«Il faut rappeler que pendant la 1ère guerre mondiale, déjà, les africains ont migré, pas par leur volonté, mais on les a amené pour combattre, pour lutter contre l’extrémisme, contre la violence, et plus tard lors de la seconde guerre mondiale pour apporter aussi la liberté en Europe. Et l’Afrique a payé le prix fort dans cette contribution». Le chef de l’Etat de rappeler aussi que l’Europe, pour les besoins de son développement, avait aussi organisé des vagues migratoires «volontairement» avec les gouvernements d’Afrique, afin que «la main d’œuvre d’Afrique puisse également participer au développement de l’Europe en construction».
Ce que veut le Président Macky Sall
Le chef de l’Etat demande aussi aux européens de «faire la distinction entre les enfants issus de l’immigration depuis 2, 3 voire 4 générations et l’immigration clandestine». Immigration clandestine qui, explique le Président Macky Sall, découle grandement de l’insécurité dans le bassin du Tchad, dans la corne de l’Afrique, en Somalie, mais aussi «du fait que la Libye a cessé d’être un un filtre sur l’avancée vers la méditerranée», faisant sûrement allusion à l’intervention française en Libye depuis laquelle l’instabilité trône dans ce pays et tout autour, générant plusieurs vagues d’immigration vers le vieux continent. «Donc sur tous ces sujets, nous avons une responsabilité partagée. Je pense que c’est entre responsables que nous devons régler ces questions», note le chef de l’Etat.
Ce que le Président Macky Sall veut, c’est «que le mouvement migratoire des étudiants, des artistes, des hommes de lettres soit certes contrôlé, mais autorisé et libre par rapport aux besoins des uns et des autres». Il souligne que son ambition et celle des leaders africains, c’est surtout de retenir la main d’œuvre africaine en Afrique, notamment avec les nombreux programmes infrastructurels liés aux politiques d’émergence.
«Que les conditions du retour respectent la dignité humaine».
«Mais malgré tout, on voit qu’il y a quand même une situation qu’il faut gérer avec responsabilité. Et nous avons engagé le débat avec l’Union européenne et certains pays sur le contrôle des migrants, sur l’identification et sur les conditions de retour. Que ce soient des conditions qui respectent la dignité humaine. Sur cela, nous n’avons aucun problème. Mais nous ne pouvons pas parler de migrants africains comme si c’était un phénomène extrême », indique-t-il.