Jugé pour terrorisme, l’imam Alioune Ndao, arrêté il y a deux ans, a déploré l’attitude des forces de l’ordre, venus l’arrêter. À l’en croire, ceux ci ont fait preuve d’une violence inouïe.
Auditionné, devant l’audience de la Chambre criminelle, ce lundi 7, n’a pas caché son indignation. “Quand les éléments enquêteurs sont venus m’arrêter, je leur avais savoir que cette façon d’arrêter les gens en leur passant les menottes doivent être bannie. Oui ! J’étais très étonné de voir tous les éléments qui ont été mobilisés pour m’arrêter. Alors qu’une convocation par téléphone aurait suffi. J’ai également dit à ceux qui m’interrogeaient de revoir les informations que les renseignements généraux leur avaient livré me concernant. Car, tout ce qu’on leur avait dit ne cadrait pas avec la réalité. (…). Je suis vraiment étonné. J’espère que cette façon d’appréhender des gens, de leur passer des menottes doit être bannie. Les services de renseignements doivent être revus. Quatre femmes dont ma fille ont été brutalisées”, s’est insurgé l’imam Ndao.
Il explique : “Quatre des filles qui étaient présentes au daara au moment des faits ont, aujourd’hui, des troubles psychiques. Elles font des crises d’épilepsie depuis ce jour-là”, s’est indigné l’imam. Qui ne comprend pas qu’on puisse lui en vouloir pour ses sermons, jugés radicaux par les autorités.
On ne doit pas prier devant les sépultures
“Je n’ai jamais reçu la visite d’une autorité me reprochant le contenu de mes prêches”, reprend-il. Avant de convoquer les dispositions de l’article 4 de la Constitution. Lequel dispose que “la base de laïcité dans notre constitution, c’est la séparation du pouvoir temporel et spirituel. Et en islam, c’est la même chose. Je pense qu’un un état laïc doit permettre à l’islam d’avoir l’épanouissement qu’il faut”, note-t-il.
À l’en croire, le système politique en vigueur au Sénégal est quasi conforme à celui prôné par l’islam. “La liberté d’expression est mieux appliquée au Sénégal qu’en Arabie Saoudite. Mais, c’est un pays qui a plus de sécurité que le nôtre. Pour preuve, dit-il, au Sénégal, on note de plus en plus l’augmentation du taux de criminalité. Elle est due à plusieurs facteurs notamment le manque de foi, la pauvreté, les mauvais comportements”, relève l’imam.
Fils d’un dignitaire tidjane, l’imam se dit favorable à la cohabitation religieuse. “Je suis pour la cohabitation pacifique des religions, dans le respect mutuel”, indique-t-il. Et de préciser : “J’ai préféré être un sunnite. Moi, j’ai toujours invité les fidèles à se conformer aux recommandations de leur guide religieux. De mon point de vue, c’est ce qui favorisera notre unité à tous”.
Selon les procès verbaux d’enquête, l’imam Ndao critiquait les confréries tidianes et les mourides, dont les fidèles se recueillent devant les tombeaux de ses khalifes. Ce qu’il conteste.
“Cela est recommandé par le Prophète Mohamed. Seulement, pour aller se recueillir devant une sépulture, l’on doit prier pour le défunt et non solliciter quelque chose de lui”, admet-il à la barre.
Avec seneweb.com