C’est une proposition d’envergure que l’ancien ministre sous Wade vient de faire et qui constituerait un antidote contre une « instabilité du Sénégal ».
Selon Habib Sy, « il n’est pas besoin d’être un devin ou un excellent prévisionniste pour prédire un scenario politique, social et économique explosif au Sénégal ».
Au plan interne, la stabilité du pays ne tient qu’à un fil. Les scandales à répétition du pouvoir exécutif, la soumission de l’Assemblée Nationale à l’Exécutif, le Pouvoir Judiciaire perçu par une grande partie de l’opinion comme aux ordres, la pérennisation d’institutions budgétivores, la gestion nébuleuse du Fonds de la Covid-19, l’effondrement de l’économie, les couches sociales défavorisées au bord de l’abîme etc…, sont autant d’éléments susceptibles de déclencher de futures manifestations populaires aux conséquences imprévisibles.
Il s’y ajoute, d’après l’ancien candidat que notre pays ne sera pas exempt d’une contagion du virus d’instabilité qui sévit dans la sous-région ouest Africaine. Les jeunes du Sénégal scrutent la situation au Mali, prêtent attention à l’incertitude en Guinée, se posent des questions sur le proche avenir de la Guinée Bissau, s’interrogent sur le flou en Côte -d’Ivoire.
Au demeurant, partis politiques de la majorité, partis et mouvements politiques de l’opposition, organisations de la société civile, attendent avec impatience une clarification du Chef de l’État sur son éventuelle candidature à un troisième mandat.
En tout état de cause, au plan politique, économique et financier le Président Sall et son gouvernement seront largement affaiblis, pour faire face aux effets dévastateurs qui se profilent, au risque de plonger le pays dans une spirale de troubles aux conséquences désastreuses, si tant leur volonté est de maintenir le cap.
En de pareilles circonstances et compte tenu de tous ces paramètres, « une nouvelle légitimité est l’antidote le plus efficace et le plus rassurant, étant entendu que la crise de mal gouvernance est toujours corollaire d’une remise en cause des fondements du pouvoir », évoque l’ancien collaborateur de Me Wade.
Il estimera que les pouvoirs à l’origine de crises, ou tenaillés au cours de leur exercice par des turbulences sociales d’une certaine ampleur n’ont aucune chance de survie.
En persistant pour se maintenir, ils élargissent et approfondissent le chaos. En élargissant le chaos, ils ravivent la colère populaire. En ravivant la colère populaire, ils s’exposent à une fin tragique. Telle est l’histoire des peuples en « situation. »
Il demeure évident selon lui toujours, que la légitimité ne peut provenir que du peuple souverain et que le recours à un gouvernement d’ouverture n’est pas la panacée pour surmonter une crise systémique.
En conséquence, pour préserver, dira t-il, « notre pays des démons de la crise de mal gouvernance, de la contagion certaine des soubresauts dans la sous-région, et des conséquences chaotiques de la crise de la Covid -19, il urge pour le Président Macky Sall de décider, et d’annoncer urbi et orbi, une élection présidentielle anticipée à laquelle il ne participera pas ».
En termes plus clairs, poursuit Habib Sy, « l’élection présidentielle sera couplée avec les élections législatives de 2022 ».
Ainsi, à terme, le président aura accompli dix ans d’exercice de pouvoir; une occasion pour crédibiliser sa parole et respecter la disposition de l’article 27 de Constitutionnelle, selon laquelle, « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. » Il aura toutefois rectifié une forfaiture historique, celle de ne pas tenir son engagement de réduire à cinq ans son premier mandat de sept ans.
À noter que la commission du dialogue politique poursuivra ses travaux pour une organisation d’élections qui ne seront susceptibles d’aucune irrégularité substantielle. « Il nous faut un Sénégal avant les ambitions de pouvoir », conclut-il