Avant les élections présidentielles de 2019, nous disions : « Depuis avril 2012, si vous voulez savoir ce que le président de la République sénégalaise fera et dira demain, regardez ce que le président de la République de France fait et dit aujourd’hui. »
Macky ne fait pas qu’imiter, il est téléguidé. Paris ordonne, Dakar exécute. Voilà pourquoi d’aucuns voient en Kor Marème le gouverneur de la colonie française qu’est redevenu le Sénégal, un Louis Faidherbe indigène. N’avez-vous pas remarqué qu’à chaque fois qu’il se rend en France, il revient avec de nouvelles décisions ou lois ? Mais il se trouve que Macron, tout comme ses deux prédécesseurs, n’est qu’une marionnette entre les mains de puissances occultes mondialisasionistes. Marionnette d’une marionnette, tel est celui que les Sénégalais ont élu. Les indices concordants sont légion.
Pour rien au monde, la France ne veut perdre son gouverneur. Macky étant à son deuxième et dernier mandat, l’inquiétude s’installe puisque des gens comme Sonko se battent pour que le pays reprenne sa souveraineté. Depuis les temps de la colonisation directe, des fils de l’Afrique n’ont cessé de mener ce combat. Malheureusement les maîtres et leurs valets locaux leur mettent des bâtons dans les roues ou les éliminent d’une manière ou d’une autre.
Le phénomène Sonko les a pris au dépourvu, eux qui sous-estimaient Pastef, le qualifiant de « parti des réseaux sociaux ». La campagne électorale du jeune leader en 2019 a fait l’effet une douche froide. Bon nombre de Sénégalais ont pris conscience qu’il leur est possible de changer le système politique et tenir les rênes de leur pays. Sonko a récolté 15,67% des suffrages et s’est classé 3ème.
Panique dans certains milieux ! Macky, réélu, doit éliminer Sonko avant les prochaines élections locales, législatives et présidentielles. Dès les premiers mois, c’est l’affaire des 94 milliards. Échec ! On a ensuite voulu créer une loi pour destituer Ousmane Sonko de ses droits civiques parce qu’il aurait révélé des secrets d’États. Ce projet et d’autres tout aussi farfelus n’ont pas abouti. Pastef ne cesse de mobiliser. Récemment, les militants et sympathisants de ce parti ont pu rassembler 125 millions de francs Cfa. On a alors voulu le dissoudre sous prétexte que des étrangers (Sénégalais de la diaspora) ont participé à cette collecte de fonds. Ridicule ! Macky lui-même a été soutenu par cette diaspora quand il était dans l’opposition. Dernière trouvaille : une rocambolesque accusation de viols répétés avec menaces de mort.
Idy, roue de secours ?
Idrissa Seck, le personnage politique le plus tortueux de l’histoire du Sénégal, n’a qu’une obsession : prendre le pouvoir par tous les moyens possibles et imaginables. N’est-il pas né pour être président de la République ? Il a trahi tous ses alliés en commençant par Me Wade qui lui a mis le pied à l’étrier et le considérait comme son fils. Il a été directeur de campagne de son « père », ministre du Commerce, de l’Artisanat et de l’Industrialisation, ministre d’État, directeur de cabinet du président de la République, Premier ministre, des nominations qu’il appelle « stations ». Mais il n’a d’yeux que pour la station suprême : président de la République. Numéro 2 du Pds, il se voyait successeur de Wade. Le carnet de santé du vieil homme l’intéressait particulièrement. Ce dernier s’est aperçu qu’il avait élevé une vipère et a porté son regard sur un autre fils plus digne de confiance. Idy lui a alors déclaré la guerre. Dualité au sommet de l’État, disait-on…
En 2012, Idy, le Bokassa sénégalais imbu de sa personne et assoiffé de pouvoir, a fait feu de tout bois mais n’est pas quatrième Président. Macky Sall, un troisième fils, est élu. Idy ne peut plus se contrôler, surtout après la libération de Karim Wade. Il dénonce un deal et révèle que Macky obéit à des ordres… Où sont les forces occultes dont on parle tant ?
Idy sait à quelle porte frapper. Souvenons-nous de son Makka ou Bakka, de ses propos sur ce qui se passe en Palestine, de son « ami » Jacques Attali qu’il mentionnait à tout bout de champ quand il s’exprimait en français, de ses relations avec Sarkozy… L’entendez-vous dénoncer le pillage des ressources du Sénégal ? Aussi, tout comme Macky, il ne peut se déclarer hostile à l’homosexualité ou à la franc-maçonnerie. La volonté du peuple est le cadet de leurs soucis et la souveraineté du pays est exclue de leurs projets.
Les donneurs d’ordres, voyant le réveil patriotique de la jeunesse sénégalaise et la montée en flèche de Sonko, doivent miser sur un très hypothétique troisième mandat ou prévoir un plan B et préparer un futur gouverneur au cas où… Voilà ce qui explique le « mburook soow ».
Avec l’alternance, Idy a amassé une fortune. Avant la fin du premier mandat de Wade, il avait déjà une propriété en France, et sa récente déclaration de patrimoine nous a laissé bouche bée. Seulement, il a besoin de liquidités pour battre campagne d’ici à 2024. Les mouches qui l’entouraient se sont envolées dès qu’elles ont vu qu’il n’y avait plus grand-chose à partager. Hop ! Le président Macky Sall se rend à Paris ! A son retour, Idy est désigné chef de file de l’opposition… On disait que l’État allait lui octroyer quelques milliards de francs. Alors là, de vrais opposants ont flairé le deal, et le seul deal qu’Idy peut accepter est celui qui lui garantit les clefs du Palais…
Acculé, Macky le nomme Président du CESE (Conseil économique, social et environnemental), faisant de lui la quatrième personnalité de l’État. Un budget de plus de 7 milliards de francs est mis à sa disposition et deux de ses partisans deviennent ministres.
Numéro 4, ce n’est pas ce qui intéresse Idy. Il sait que le CESE n’est d’aucune utilité pour le pays, mais il en a besoin pour atteindre son but. Ses intérêts priment sur ceux du pays. L’argent recoule et les mouches reviennent. Il commence à former son gouvernement. Macky, lui, n’a plus reparlé de statut du chef de l’opposition…
Et tenez-vous bien, Idy est déjà dans la peau du président de la République ! Il s’est même précipité pour féliciter Joe Biden, avant Macky, prétendant que c’est pour la nomination de Cecilia Elena Rouse comme chef du CEA…
Le problème est que si Sonko se présente en 2024, les plans A et B sont voués à l’échec. Il faut à tout prix éviter cela. La fallacieuse accusation de viols répétés sous la menace de deux pistolets ne convainc personne de sincère. On cherche donc autre chose. « Troubles à l’ordre public et participation à une manifestation non autorisée »… « Un citoyen qui refuse de se soumettre à la justice de son pays ».
Dans son discours en français, le ministre de l’Intérieur déclare que des terroristes conspirant contre l’État ont lancé des appels à la violence et à l’insurrection, avec le soutien de forces occultes identifiées. Est-ce un appel à une occupation militaire du pays par la France en cas de soulèvement populaire ? Ces derniers jours, l’armée française, maintenue au Sénégal par Macky Sall, n’a pas hésité à sortir véhicules, hélicoptères et autres pour… allez donc savoir. En attendant, des militaires sénégalais sont mis face aux populations révoltées. On signale « des balles perdues ». Le pays est à feu et à sang. Idy trépigne, mais sait-il que si par miracle Macky réussit à éliminer Sonko, malgré la résistance actuelle, il écrasera toute future mobilisation et s’imposera facilement pour un troisième mandat ?
Aujourd’hui, lundi 8 mars, du lest a été lâché, Sonko étant placé sous contrôle judiciaire. Le complot était trop mal orchestré. « Massa », Idy ! Prends ton mal en patience, la prochaine tentative de Faidherbe Sall sera peut-être la bonne. Toutefois, rappelons ces paroles de Jean-Luc Mélenchon : « Je souhaite qu’à Dakar et à Paris, les peuples décident de leur avenir dans les urnes et non dans les tribunaux. » Les donneurs d’ordres ont entendu cela.
Hélas, un dictateur pense que « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». La loi, c’est lui, la justice c’est lui, la police, la gendarmerie, l’armée, c’est encore lui, mais il oublie qu’un peuple qui en a marre est toujours le plus fort.
Bathie Ngoye Thiam