Que vaut désormais Idrissa Seck L’ancien Premier ministre, Idrissa Seck, n’a pas encore abdiqué dans sa conquête du pouvoir. Le président du Conseil départemental de Thiès qui veut diriger la liste de la coalition de l’opposition dans sa localité, pense à tous les schémas.
«Il veut diriger la liste mais a la crainte principale de perdre. La défaite qu’il a subie lors des dernières élections du référendum, n’est pas pour le rassurer », explique un de ses proches. «Il a également envie de diriger la liste nationale de l’opposition mais se heurte principalement à l’engagement qui a été pris au sein de Mankoo qui veut que celui qui dirige cette liste, ne pourra pas se présenter aux prochaines élections », poursuit notre interlocuteur. D’ailleurs, il a dit à qui veut l’entendre, que cette décision était «inopportune ».
Pour ses proches, cela a refroidi ses ardeurs et au sein de la coalition, on le sent de moins en moins engagé. «Alors que tous les leaders sont présents, Idrissa préfère ces derniers temps, envoyer son second, Déthié Fall ». Malgré les nombreux contacts et entretiens téléphoniques qu’il a eus avec Wade et son fils, il hésite encore à s’engager publiquement à leurs côtés. «Il ne s’est pas encore remis de la période 2007-2012 où l’ancien président de la République l’a fait valser dans tous les sens.
Il craint encore un rapprochement avec ce dernier et ne voudrait en aucun cas, que l’opinion interprète mal ces événements ». N’empêche, il a dit clairement à ses lieutenants qu’il n’entend pas aller aux élections seul. «Si nous ne sommes pas dans une coalition, nous ne pourrons pas venir à bout des tenants actuels du pouvoir », répète-t-il en privé à ses visiteurs politiques. «Il est devenu conscient que sur la base des dernières élections, il lui est quasi-impossible d’obtenir un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, c’est pourquoi il n’a pas le choix », explique un de ses anciens compagnons.
Il faut dire que Rewmi est devenu l’ombre de lui-même. Dans le département de Thiès, naguère son bastion électoral, il ne lui reste que 3 maires sur une dizaine qu’il détenait à la suite des élections locales de 2014. Les édiles sont tous passés dans le camp de Macky Sall. « Le maire de Khombole, par exemple, lui a reproché le fait de ne l’avoir même pas félicité ou de s’être déplacé lors de sa cérémonie d’investiture.
Depuis, il lui a tourné le dos ». Au-delà de la défection des maires, Idrissa Seck sait que la refonte du fichier électoral dans le département de Thiès, n’est pas pour l’arranger. «Avec l’ancien fichier, beaucoup de personnes qui habitaient les villages environnants de Thiès venaient voter dans la ville, ce qui a toujours constitué la force électorale de Rewmi ». En effet, quand il était directeur de cabinet de Wade, Idrissa Seck avait fait de la victoire dans la commune un impératif.
«Tous les moyens étaient bons pour rafler les centres de vote. Mais depuis quelques années, Rewmi n’a plus les moyens de mobiliser cet électorat issu des campagnes proches de Thiès pour venir voter dans la cité du Rail. C’est ce qui explique en partie, la régression de son score dans la ville et la récente perte du département ». Ses hommes dans la ville, même s’ils sont toujours à ses côtés, lui reprochent le manque d’intérêt qu’il a pour la vie de leur parti.
«Lors des réunions que nous organisons, il délègue souvent le présidium à ses hommes de confiance, mais les militants sont de plus en plus exigeants. Ils veulent sa présence. Nous le lui demandons mais il donne rarement suite ».
«Nous ne comprenons pas pourquoi il ne veut jamais venir à nos réunions. Les militants seraient plus galvanisés s’ils le voyaient », explique la même source. En attendant qu’il entende leurs appels, une autre question taraude ses partisans. Seck at-il toujours les moyens financiers de sa politique ? Ils répondent tous par la négative. Lors des dernières élections locales et lors du référendum, Rewmi n’avait pratiquement pas de budget.
«C’est difficilement que nous avons battu campagne ». Il faut dire que depuis treize ans, Idrissa Seck est pratiquement dans l’opposition. Cette longue période a usé les finances de l’ancien Premier ministre. Ce qui fait que ses partisans craignent beaucoup cette échéance à venir face à l’armée des Républicains dans le département de Thiès.