L’ancien premier ministre, Idrissa Séck sait faire l’expert pour convaincre les électeurs mourides. D’abord, l’on se rappelle de la stratégie qu’il avait mis en place pour se démarquer de l’affaire Khadim Bousso, dans une interview accordé le 26 mars 2013 au groupe futurs medias, à l’an un du mandat du Président Macky Sall. Dans cet entretien le leader de Rewmi avait déclaré que c’est Abdoulaye Wade, l’ancien chef d’Etat du Sénégal déchu en Mars 2012, qui avait, au cours d’un conseil de sécurité, donné l’ordre pour qu’on arrête Khadim Bousso. Cependant, cette communication de l’ancien PM voudrait par là dire : « les Mourides en ont toujours voulu à Idrissa Seck alors que c’est Wade, leur fervent talibé (fidèle) qui avait ordonné l’assaut sur un des membres de la famille religieuse ». Durant cet exposé, le Maire a aussi montré combien il est attaché à cette famille. « C’est devant Serigne Moussa Mbacké Nawel que Serigne Saliou m’a donné des instructions pour aller voir Wade en 2007. Serigne Moussa Mbacké Nawel vivant peut bien témoigner de la véracité de cette rencontre », avait-il affirmé. Par ailleurs, l’ancien première ministre avait rappelé à la communauté mouride le manteau que lui avait offert Serigne Mourtalla Mbacké et avec lequel il se promène après ses prières du matin.
C’est après cette déclaration du Maire de Thiés que les mourides ont renoué le lien avec celui qu’ils croyaient être contre eux. Et quelques mois, la popularité de Idrissa Seck au prés des talibés de Cheikh Ahmadou Bamba a connu une excellente évolution. Aujourd’hui cela s’avère plus vrai car Idrissa Séck est désormais un fervent talibé mouride, et l’on se rappelle même de son célèbre « Dieubeulou » (confidence) qui prouve son attachement au mouridisme. A Touba, partout où il passe, l’opposant du président de la République Macky Sall laisse ses traces, il semble même noyer la politique de celui-ci au niveau de la ville religieuse de Touba. Mais le Dieubeulou du maire de Thiès a-t-il vraiment un rapport avec la foi en Dieu ferme et l’amour envers le fondateur du mouridisme. Ce redoutable politicien joue-t-il la carte du « Ndigueul électoral » ? Car chez les mourides, le ndigueul (l’ordre à exécuter que le khalif général ou le guide religieux donne à ses disciples à chaque fois qu’un enjeu majeur se présente) est sacré. Pour rappel, l’ancien chef de l’Etat, Abdoulaye Wade avait longtemps bénéficié des largesses de cette tradition mouride, c’est au moment où le maire de Thiès était son élève. N’est il pas aussi une façon pour Idrissa Seck d’emprunter le manteau de son maître pour séduire cette forte communauté religieuse ? On ne sait pas encore car c’est prématuré de donner une réponse nette là-dessus. Autrement dit, il faut reconnaitre qu’il ne sera pas facile pour leader de REWMI, parti politique qu’il a lui-même créé, de réussir ce coup aussi facilement que son maître, l’ancien chef de l’Etat Abdoulaye Wade. Ce dernier avait, comme il a si bien expliqué, une histoire riche et particulière avec la confrérie mouride. Aussi, il faut signaler qu’en gagnant Touba, Idrissa Séck risque de perdre l’électorat de la cité religieuse de Tivaoune, une localité considérée comme une véritable force politique et dont la majorité des fidèles qui s’y recueillent, comparent l’ancien premier ministre à un assoiffé du pouvoir.
Ainsi, sa façon d’effectuer ses sorties et les moments qu’il choisisse pour se prononcer, ne surprennent pas du tout les citoyens sénégalais. Ces derniers sont maintenant convaincus qu’Idrissa Séck n’attend que les grands évènements pour cracher sur ceux qui sont pouvoir. Ce mal nécessaire devient de plus en plus récurrent chez l’ancien maire de Thiès. Est-ce une bonne stratégie pour lui ? car la plupart des sénégalais pensent qu’il ne fait que pomper l’air par des critiques et non par des propositions concrètes adéquates aux besoins actuels des populations. Parfois pour opposer, il serait bien de donner des solutions au lieu de se baser dans une campagne électorale remplie de critique. Les citoyens sénégalais en ont marre de cette façon de faire la politique, la politique c’est l’art de bien gérer la cité, mais pas l’art de troubler la vigilance des autres en se focalisant sur les ralliements confrériques des électeurs. En définitive, pour remédier à cela, la raison ne voudrait que chaque citoyen vote librement sans incitation d’autrui et le Sénégal ne sera démocratiquement mature qu’à travers cette démarche rationnelle.
Moustapha Badji