Ibrahima Sall, ancien détenu : «Des déTenus m’ont rapporté qu’ils sont sans nouvelles de deux de leurs camarades, disparus après la mutinerie»

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Ancien pensionnaire de la prison centrale de Rebeuss, Ibrahima Sall n’est pas resté insensible aux remous survenus dernièrement dans ce lieu de privation de liberté. Aujourd’hui à la tête de l’Association pour la réinsertion sociale et le soutien des détenus sénégalais, il a fermement dénoncé la mutinerie de Rebeuss, sanctionnée par la mort d’un détenu (source officielle). «Nous regrettons ce qui s’est passé à la prison de Rebeuss. Au-delà, nous déplorons encore plus le mutisme du ministre de la Justice et la réaction tardive du procureur de la République. En réalité, c’est depuis mardi dernier que ces mouvements d’humeur ont commencé dans cette prison. Les autorités sont restées muettes et n’ont même pas daigné faire le déplacement sur place, pour s’enquérir de la situation. Ce qui s’est réellement passé dans cette prison, c’est que les détenus ont refusé de rejoindre leurs chambres. Pas une seule fois, ils ont tenté de s’évader. Toute version contraire est fausse. Des détenus m’ont rapporté qu’ils sont sans nouvelles de deux des leurs, disparus après la mutinerie. Nous demandons aux autorités de faire le bilan officiel des morts. Il y a trois, voire quatre détenus qui ont reçu des balles à bout portant. Nous voulons aussi savoir dans quelles conditions le prisonnier a été tué. Nous porterons plainte contre le garde qui a commis le meurtre. L’État doit renforcer le personnel qui peine à contenir toute cette horde humaine et limiter la capacité d’accueil des prisons.»

Poursuivant, Ibrahima Sall soutient avoir alerté les autorités de cette mutinerie qui se profilait à l’horizon. «Quatre mois auparavant, j’avais prévenu sur le risque de mutinerie dans cette prison. Je connais bien les réalités carcérales pour avoir été emprisonné pendant 2 ans et 10 jours à Rebeuss. Si on n’y prend garde, ce mouvement pourrait affecter d’autres prisons du Sénégal, notamment celles du Camp pénal et de Thiès, parce que les détenus vivent, en réalité, dans des trous à rat et on n’y retrouve des déficients mentaux. La question qui mérite d’être posée, est celle de savoir comment 2 472 prisonniers peuvent-ils passer la nuit dans cette prison de Rebeuss ? A cause du surpeuplement, des détenus sont contraints, la nuit, de pisser dans des sachets, pour ne pas perdre leur place. Et cette situation est quasiment la même dans les 37 établissements pénitentiaires du pays. S’ajoutent à ces maux, les longues détentions préventives», déploré Ibrahima Sall. 

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«Ce sont les misères carcérales qui ont favorisé cette mutinerie»

«Cette mutinerie était prévisible. Les prisons sénégalaises sont au bord de l’implosion. Qu’on se le tienne pour dit, nous sommes assis sur une poudrière. Le ratio est qu’un garde pénitentiaire travaille pour 100 détenus. Nous avons donc un dépassement de plus de 5 000 détenus. Nous avions un effectif total de plus de 8 000 détenus, alors que la capacité d’accueil est de 3 883. Dans nos prisons, le danger porte, entre autres, sur le manque d’expérience des agents, la promiscuité, les difficiles conditions de vie, les misères carcérales, etc. Ce sont là autant de maux qui ont favorisé cette mutinerie. A «100 m2» (Prison de Rebeuss), sur plus de 2 000 détenus, les 1 500 croupissent pour le délit de chanvre indien. La solution immédiate reste le vote d’une loi d’amnistie pour désengorger considérablement les prisons du Sénégal. Il urge aussi de rehausser le niveau du concours des gardes pénitentiaires. Et plus important encore, c’est qu’il faudra mettre ces agents dans de meilleurs conditions de travail.» Informe Igfm.

Sanlimitesn.com

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