Une combattante intrépide, toujours présente là où se menaient les justes luttes, vient de nous quitter sur la pointe des pieds, ce 15 mars 2017. Il s’agit de Mame Marie Faye, celle-là qui fut de tous les combats de son pays. Naturellement, ceux qui en valent la peine, pour le progrès économique, social et culturel.
Elle était ainsi membre des Assises Nationales au sein de la Commission Institution. Commission au sein de laquelle elle avait apporté une contribution décisive dans le travail de groupe, mais singulièrement, elle avait traité avec pertinence cette question centrale et extrêmement importante dans une République consacrée, c’est-à-dire l’Education citoyenne, qui lui tenait à cœur.
Mame Marie Faye fut aussi membre active du M23 et, au cœur de toutes les batailles, jusqu’au soir du 25 mars 2012, c’est-à-dire à la victoire finale de Benno Book Yaakar. Là également, comme à son habitude et toujours, elle se donnait de toutes ses forces, se battait sans réserve et à la pointe des combats. Sa disparition prématurée est une grande perte pour toutes les forces vives et de progrès de notre pays. Elle était si engagée dans la lutte pour une seconde alternance en 2012, qu’elle ne se souciait plus de sa santé si fragile. En outre, il ne se limitait pas d’être une simple militante dans le combat, mais en plus, elle se plaçait en avant-gardiste au front.
Et, c’est dans le cadre de cette bataille d’ailleurs, qu’elle a eu un sérieux différend et contentieux avec son « père » Me Wade. Ce qui lui avait valu, pour avoir déclaré que Me Wade était atteint d’une certaine maladie, un tour à la DIC, puis un procès, suivi d’une condamnation avec sursis. Mais, malgré cela et sa santé qui devenait davantage plus fragile, Mame Marie Faye ne s’était, à aucun moment, désengagée de la lutte pour le départ de Me Wade. Bien au contraire, elle prenait même davantage, plus activement part à toutes les batailles relatives aux libertés démocratiques individuelles comme collectives dans son pays.
Mame Marie était si attachée aux libertés et droits de l’homme, qu’elle fut également membre active, à part entière de la RADDHO- Sénégal. Une organisation au sein laquelle elle avait prolongé aussi son noble combat multiforme au service de l’être humain en général, à savoir la défense et sauvegarde des Droits de l’homme.
A l’insu de beaucoup, elle était dans la dernière période sérieusement affectée par une malade qui l’empêchait de mener une activité quelconque. Maladie qu’elle a pu supporter avec un courage exemplaire, à cause d’absence de moyens adéquats pour se prendre en charge elle-même. Oui, effectivement, elle ne disposait pas de moyens propres pour se soigner et n’avait aussi bénéficié à aucun moment, d’assistance ou de soutien de la part de l’Etat ou d’une quelconque autre organisation. Certes, elle a beaucoup souffert de sa maladie, mais tout cela, dans la plus grande discrétion et dignité. Puisqu’en aucun moment, durant toute sa maladi, elle n’avait eu à solliciter l’aide de quiconque et moins encore de l’Etat. Et pourtant, elle s’était battue corps et âme, autant, sinon plus, que certains qui jouissent actuellement des délices du pouvoir, avec abnégation pour la survenue d’une seconde alternance ou mieux, une alternative crédible pour notre pays. Et, ne serait-ce qu’à ce titre, comme l’une, parmi les acteurs du changement, pour son apport décisif personnel à l’avènement qui est survenu le 25 mars 2012. Ou bien simplement, en tant que citoyenne à part entière, elle méritait amplement, l’assistance et le soutien effectifs de l’Etat du Sénégal et de nous tous, comme du reste. Malheureusement, le pouvoir, rendant souvent amnésique les gens, fait oublier le passé, même le plus récent. Comme le confirme bien cette citation : “L’ivresse du pouvoir est un alcool extrêmement pervers. Il faut y résister par une discipline intérieure qui ne peut être cultivée qu’avec l’expérience ou la sagesse”
Je peux témoigner en âme et conscience que malgré son état de santé, qui se détériorait de jour en jour, elle n’avait jamais cessé d’être préoccupée par la situation de son pays et les problèmes qui l’assaillaient. C’est, comme si elle voulait être quitte avec sa conscience, qu’elle s’en inquiétait toujours, jusqu’aux derniers instants de sa vie. Voilà pourquoi, nous lui devons un grand hommage.
Elle a, avec beaucoup d’amertume aussi, souffert dans sa chair, de voir certains de ses ex-camarades, déserter un à un les rangs du noble idéal et dessein qu’ils partageaient, tel que les AN, le M23, etc., pour aller rejoindre tranquillement, le pouvoir. Ce pouvoir, qui a finir d’ailleurs, par quasiment à tous ses engagements faits au peuple sénégalais, à celui des Assises et du M23. En somme, ils ont fait, comme s’il n’en était rien. C’est bien dommage ! Et, sans aucun doute, Mame Marie a dû sûrement, emporter avec elle dans l’au-delà, ce chagrin et triste souvenir.
Par ma modeste personne, qui certes, ne porte pas très loin au point de vue ampleur, comme cela aurait dû être en lieu et place, si toutes les organisations auxquelles elle avait appartenu, lui avaient rendu un vibrant et solennel hommage. Un hommage bien mérité, pour la part qu’elle a prise dans le combat global que nous avions mené ensemble.
Je voudrais, en ces moments pénibles pour sa famille et ses nombreux ami, d’ici et d’ailleurs, parmi lesquels le Professeur Cheikh Tidiane Touré, qui a tout tenté pour la sauver, présenter mes condoléances les plus émues. Et, par devoir d’amitié, de respect à son âme et patriotisme, je voudrais également, pour ma part, m’acquitter d’une charge personnelle, en lui rendant ce modeste hommage, tout en sachant parfaitement, quelle mérite beaucoup plus que cela, des forces vives et progressistes de notre pays, auxquelles elle appartenait.
Repose en paix, car tu as bien accompli ton devoir citoyen et rempli ton contrat envers ton pays et tes concitoyens, avec qui, tu partageais cet idéal commun, à savoir lutter par tous les moyens afin d’améliorer les conditions de vie des Sénégalais.
Je prie Allah (SWT) Le Tout Puissant de t’accueillir dans son Paradis le plus élevé. Je ne doute point de cela d’ailleurs, que ce sera ainsi fait Incha Allah, dans la mesure où, aimer sa Patrie, c’est-à-dire être patriote, est une recommandation divine que Dieu récompense, dans sa bonté infinie, par le Paradis. Et, incontestablement, Mame Marie Faye fut bien de ceux-là.
Adieu Mame Marie, et que la terre de Yoff te soit légère !