Son calvaire dure depuis des années.
Au point que l’état physique et la santé mentale de la jeune femme se sont dégradés sous les yeux de ses proches. Pour que son concubin jaloux la laisse enfin tranquille, elle est allée jusqu’à se frapper elle-même et s’agrafer les lèvres du vagin ! « J’étais dans mon fauteuil quand elle est venue me montrer ça, en disant que je ne l’accuserais plus d’infidélité », se souvient le prévenu. Un « geste désespéré » pour la procureur Léa André.
Lui confirme demander régulièrement des rapports sexuels, mais nie le pire : persuadé d’être trompé, il contrôlait avec les doigts la taille et l’état du vagin de sa femme, qui devait s’allonger sur le lit et écarter les jambes pour prouver sa fidélité. Car l’Ardrésien de 39 ans pense connaître l’amant de sa femme, qui se serait vanté d’avoir « un gros membre ».
Les témoignages prouvent que la victime n’a jamais eu de relation extraconjugale : elle avouait l’avoir trompé car il la poussait à bout jusqu’à ce qu’il entende ce qu’il voulait, et là seulement il arrêtait de la tabasser…
Possessif et méchant
Car, pendant des années, les coups ont été quotidiens. Tout comme les menaces, les insultes et les privations de sortie. Il la rabaisse, la brûle, la jette au sol et contre les murs, la bat sans relâche, il a même failli l’étouffer avec un coussin. Les enfants banalisent presque cette violence, expliquant que « papa s’est calmé, il ne donne des claques à maman qu’une fois par semaine »… Ses seuls moments de répit : quand elle était hospitalisée. Mais il l’attend à la sortie… Elle s’isole et se réfugie dans l’alcool.
Il contrôlait la largeur et l’état de son vagin pour savoir si elle l’avait trompé
Le 25 janvier au tribunal de Saint-Omer, la prévenue, en pleurs, est présente, mais elle laisse son avocate, Me Znaïdi, prendre la parole. Elle rappelle que sa cliente a fait trois tentatives de suicide : « Il a fait d’elle son objet, mais il n’est pas propriétaire du corps de sa femme ! » Le bourreau ne s’excuse pas, mais explique qu’il a un besoin maladif de « tout contrôler ».
Il tente de minimiser sa responsabilité : des voisins lui ont dit que l’amant suspecté venait quand il s’absentait, l’intéressé l’aurait même nargué… Faux, d’ailleurs ce dernier a déposé plainte pour harcèlement.
Déjà marquée par une enfance difficile, la victime a vécu dans la peur permanente. Quand elle porte plainte, il la lui fait retirer. Quand son père demande à son beau-fils d’arrêter de battre sa fille, couverte de bleus de la tête aux pieds et devenue « un zombie », il continue.
Pour avoir la paix, elle capitule
Quand la présidente Stéphanie Menard parle de séparation, il précise être parti mais « elle est venue vivre dans la maison à côté ». À la barre, le prévenu déclare : « Si j’étais pas là aujourd’hui, je sais pas quand tout ça se serait arrêté. Ça fait mal d’entendre tout ça, j’ai foutu ma famille en l’air… » Il sait qu’il aurait pu tuer sa femme. Comme le souligne son avocate, Me Clerbout, qui évoque un comportement provocateur de la victime ; son client voit une psychologue pour tenter de comprendre comment il a pu en arriver là…
Placé sous contrôle judiciaire depuis le 10 novembre, le trentenaire a été condamné à 18 mois de prison, dont dix mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans, obligations de soins et d’indemniser sa victime, et interdiction de contact. Il doit payer ainsi 2 000 € à la mère de ses enfants pour le préjudice moral qu’elle a subi, ainsi que 450 € de frais d’avocat, et plus de 15 000 € à la CPAM pour les frais médicaux directement liés à cet enfer.