L’habillement des jeunes d’aujourd’hui, surtout les filles, est décrié par nombre de personnes. Il est soit moulant, soit très léger, laissant parfois entrevoir des parties érogènes du corps. Les jeunes filles ont tendance à montrer un « balcon » bombé en faisant du « pathial ». Elles ouvrent parfois des fenêtres sur leurs cuisses avec des fentes osées sur leurs habits. Des fois, elles laissent entrevoir leurs tours de rein entourés de perles « bine-bine » ou de tatouages. Nombre d’entre elles, de par leurs habillements, ne peuvent pas passer une journée sans laisser entrevoir leurs slips, comme les hommes laissent apparaître leurs caleçons. Un comportement qui, pour nombre de personnes de la vieille garde, favorise certaines crises d’hystérie imputées à …Djinné Maïmouna.
Village traditionnel lébou, Ngor s’enracine tant bien que mal dans ses coutumes. Sous l’ombre d’un bâtiment quasiment rattaché à une mosquée, un groupe de vieillards attend l’appel du muezzin pour la prière de 17 heures. Oumar Mbengue, vêtu d’un caftan marron, bonnet noir sur la tête, a dépassé la soixantaine. Musulman et très ancré dans sa culture léboue, le vieil homme ne peut concevoir l’habillement «vulgaire» adopté aujourd’hui par une frange de la population juvénile. Et ce qui l’écœure le plus, ce sont les petites tenues que jeunes garçons et filles portent même dans la cour de la maison. En effet, les caleçons, boxers et autres habits légers que certains se permettent de porter devant même leurs parents, ou le fait que certaines femmes ou filles mettent des pagnes mal nouées qui dévoilent leur intimité, indisposent le vieux lébou. «Un musulman doit toujours se conduire comme un musulman. Mais de nos jours, les jeunes se comportent n’importe comment pour ne pas dire comme des sauvages. Ce qui est à bannir», se désole-t-il.
Des proies faciles pour “Djinné Maïmouna”
A côté de lui se trouve un vieux qui, dès qu’il a entendu la discussions, s’est intéressé au sujet, voulant y ajouter son grain de sel. Très en verve, Adama Guèye, puisque c’est de lui qu’il s’agit, martèle: «Jadis, on s’habillait pudiquement dans les maisons, afin de permettre à la famille de bien copier sur les bonnes habitudes. On n’osait pas se promener en culotte dans la cour de la maison. Mais aujourd’hui, la jeunesse se démarque de ces vertus et adopte des habitudes dont les conséquences restent toujours néfastes». Et parfois, les conséquences peuvent être désastreuses pour la santé de ces jeunes mêmes. «Il n’y a Pas très longtemps, on entendait parler du ‘’Djinné Maïmouna’’ qui a fait des ravages dans les écoles. C’est une conséquence directe de ces genres d’habillement indécents et impudiques. Car s’habiller de la sorte fait de vous une proie facile pour les mauvais esprits (farourapp)», explique-t-il.
De l’autre bout du quartier, plus exactement devant la plage, un groupe de femmes cuit des beignets et amuses-bouche pour les vendre aux nombreux jeunes venus se prélasser à la plage. Mané Thiaw, vêtue d’un pagne multicolore assorti d’un petit foulard et d’un body, ne mâche pas ses mots. Selon elle, les parents doivent aider à bannir ces comportements incriminés. « Les jeunes tendent vers une attitude irréversible. Nous parents, nous nous efforçons à leur inculquer des valeurs. Mais ils (les jeunes) dévient toujours. Un jeune qu’il soit homme ou femme, doit éviter les mauvaises manières. Imagine un garçon qui se balade en caleçon», fustige-elle. La dame renseigne même que ce comportement peut engendrer des problèmes de santé sérieux. « Ça peut même les conduire jusqu’à une infertilité ou attirer les mauvais esprits (farourapp ou djinné Maïmouna). Les temps ont changé en apportant avec eux les bonnes manières. De plus en plus, les jeunes adoptent une attitude qui peut leur être fatale» explique-t-elle.
“Que les gens arrêtent de nous tympaniser”
A quelques mètres de là, dans une ruelle longue et étroite embaumé d’une odeur nauséabonde, des hommes et des femmes, assis devant leurs concessions, discutent. Un jeune homme, qui a requis l’anonymat, pense lui que le monde évolue et les mentalités doivent également l’être. «Je n’y vois point de mal car je me traine en caleçon chez moi devant tout le monde, ça ne dérange personne. Ce qui est grave, c’est de le faire en dehors de sa maison. Les filles d’aujourd’hui ne savent plus nouer un pagne comme le faisaient nos parents parce que le type d’habillement a changé. Je ne pense pas que ce soient ces attitudes qui sont à l’origine de l’infertilité. Je ne vois pas non plus le rapport entre l’habillement et les mauvais esprits, comme le pense la plupart des gens. Ce genre d’incident peut arriver à tout le monde, garçon ou fille», estime notre interlocuteur.
Si du côté des parents, les conséquences de ces mauvais comportements sont bien réelles, du côté des jeunes, le discours est tout autre.
Astou est une fille de teint clair, taille élancée, âgée de 20 ans. Sa conviction est que les gens qui parlent ont vécu leur vie et doivent laisser les gens vivre leur vie. «Quand la vie avance, on doit avancer avec elle. L’habit ne fait pas le moine. Nous sommes en été, s’habiller légèrement n’est pas défaut. Chez nous, on est libre de faire ce que bon nous semble. Il n’y a rien de mal à se promener en short. Les gens voient toujours les choses d’un mauvais œil et ceux qui nous tympaniser sont ceux qui font pire dès qu’on leur tourne le dos. On dit souvent que les habits courts sont à l’origine des ‘‘garou rapt’’. Je n’y crois pas. Je pense qu’il est temps de se démarquer de ces fausses idées qui ne font que nous retarder. S’il y’a des comportements à bannir au sein de notre société, c’est l’indiscipline, l’égoïsme et l’hypocrisie de certaines personnes», lance-t-elle, avec un déhanchement satanique. Une manière de narguer tous ceux qui mal y pensent.
Oustaz Gningue : «L’animalité s’invite dans nos familles »
Oustaz Gningue, très ancré dans la religion musulmane, déplore l’attitude de certains jeunes. «La non maitrise de sa religion et une éducation non encadrée sont à l’origine des mauvaises habitudes. Ce qui fait que les jeunes ne savent plus quoi porter. Une personne est plus valeureuse que l’or. Elle doit savoir couvrir son corps surtout ses parties les plus intimes», enseigne-t-il. «Ces attitudes n’existaient par chez nos ainés. Ils s’habillaient pudiquement. Nos mères s’enrobaient avec, parfois, sept pagnes (seurou rabal). Et quand Dieu nous interdit une chose, ce n’est pas pour rien. Il veut nous protéger contre tout danger comme les mauvais esprits ou encore l’infertilité», déclare-t-il.
Selon lui, les parents doivent donner le bon exemple pour espérer bien éduquer leurs progénitures. «Les parents aussi s’habillent à moitié nu. Donc comment les enfants peuvent ne pas les copier. C’est l’animalité qui s’invite dans les familles. La plupart des cas de viols au sein du foyer est du à l’habillement indécent des jeunes surtout du côté des filles qui, souvent, sont leurs propres victimes. Et aussi, il y a la négligence de certains parents qui se comportent de plus en plus comme des sauvages aux yeux de leurs enfants», soutient le maître coranique.
Oustaz Gningue n’a pas manqué de brocarder «les médias (qui) contribuent à cette l’influence» et l’influence négative de l’occident sur nos sociétés. Les médias, pense-t-il, «doivent mettre ce qu’il y a de bon à la disposition de population. Comment ? En filtrant les feuilletons et censurer certaines émissions». Aussi, ajoutent-il, les stars du showbizz participe à cette déviance dans le port des jeunes, en portant des habits indécents que les jeunes ont tendance à copier .
Rien que pour vos yeux…
Ndèye Fatou D. Ndiaye-Seneweb.com