Guet-Ndar à Saint-Louis : Un quartier surpeuplé mais solidaire

Guet-Ndar à Saint-Louis : Un quartier surpeuplé mais solidaire

Coincé entre le fleuve et l’océan, Guet-Ndar est gravement menacé par l’érosion côtière. Certains habitants sont obligés d’abandonner leur maison pour se réfugier à Sor. Devenu célèbre pour son surpeuplement, Guet-Ndar continue pourtant à séduire de par sa population bien solidaire.

Sur la descente du pont Moustapha Malick Gueye, Guet-Ndar est à nos pieds. De là, on aperçoit un quartier populeux, dense et vivant. De nombreux enfants jouent au ballon, des femmes font le linge, des moutons, quelques chèvres et d’autres animaux domestiques divaguent. Tout cela dans des ruelles étroites et poussiéreuses. Ceci, parce que la plupart des tâches s’effectuent dans la rue par manque de place et aussi par habitude. Ici, tout le monde vit en commun et les familles de pêcheurs s’entassent dans cette étroite bande de terre coincée entre le fleuve et l’océan. La poussière y est intolérable. On arrive à peine à respirer mais les habitants semblent ne point être dérangés. Ils se sont accommodés à la situation. Ce quartier réputé le plus peuplé de Saint-Louis voire du Sénégal a un style de vie particulier. En son sein, c’est le vivre ensemble, le partage, l’entraide et la solidarité qui lient les habitants.

Ils y vivent comme appartenant tous à une même famille. On peut réprimander l’enfant du voisin sans se soucier de la réaction des parents. Quelques pas après la descente du pont, le hasard nous mène au vieux Soumaré qui se dirigeait vers la mosquée pour la prière du crépuscule. A notre rencontre, il nous tient par la main. Ce geste n’est pas fortuit. C’est parce qu’ici, ce sont les relations familiales qui prédominent. « Comme tu le vois. Nous sommes une famille. Le quartier est devenu étroit mais nos coeurs sont toujours unis. C’est pourquoi on parvient à gérer toutes les difficultés que traverse Guet-Ndar. On rend ainsi grâce à Dieu », a-t-il confié, avant de continuer son chemin vers son lieu de prière.

Cheik Alwoly Fall, jeune Guet-Ndarien, tout souriant, exprime à son tour sa fierté du quartier : « Pour moi, c’est un privilège d’être né et d’avoir grandi à Guet-Ndar. Ici, on vit en famille, les relations sont amicales et familiales. On est solidaire et pour la Tabaski, on fait tout ensemble, certaines maisons proches se partagent même les repas », fait-il savoir.

Situé entre la mer et le fleuve, la pêche est la principale activité de sa population. Beaucoup de jeunes abandonnent ainsi l’école pour la mer. Mais quelques-uns parviennent à échapper à ces tentatives pour poursuivre les études. C’est le cas des enfants de quelques rares familles non pêcheurs. Abdou Karim Sall, étudiant en Master 1 à la Faseg (Faculté des sciences économique et de gestion), en est un exemple. Côtoyer des amis pêcheurs ne l’a point empêché de continuer ses études. Il est fier d’être dans le cercle restreint d’intellectuels guet-ndariens. « Il suffit juste d’être ambitieux et d’avoir la volonté pour étudier. Ce n’est pas du tout facile, parfois on voit des camarades récolter des sommes colossales pendant une campagne en mer. On est ainsi tenté de les rejoindre. Mais, il faut juste savoir ce que l’on veut pour ne pas tomber dans ces pièges », a-t-il affirmé. Avant d’ajouter qu’« en plus des tentations, les jeunes non pécheurs sont marginalisés, stigmatisés et appelés des « Yakh thiep »» (littéralement : gaspilleurs de riz) pour dire qu’ils ne font que manger sans contribuer au développement du quartier.

Insalubrité
En ce lundi, surlendemain de Tabaski, les peaux de moutons jonchent le sol. Les ordures ornent le décor. L’odeur est pestilentielle. La fête du mouton a bien laissé ses empreintes à Guet-Ndar. La conservation de la viande pose un problème. En effet, les maisons déjà étroites et surpeuplées refusent du monde à l’occasion de la Tabaski qui est une sorte de retrouvaille. Les pêcheurs reviennent de la Mauritanie, Gambie, Kayar, Loumpoul et Yoff pour fêter en famille. Ce qui rend le quartier encore plus surchargé. La conservation des nombreux moutons immolés à cet effet pose un réel problème. Les congélateurs sont insuffisants pour cela. Alors que dans le quartier peu de personnes possèdent un congélateur du fait de l’étroitesse des habitations qui ne peuvent loger des matériels électroménagers.

Les eaux stagnantes dégagent une odeur nauséabonde. Les égouts étant bouchés par des ordures solides. Les eaux usées sont directement déversées dans le fleuve ou à la mer. Avec l’étroitesse des rues, les voitures de ramassage d’ordures ne parviennent pas à desservir le quartier. Les habitants se rabattent ainsi sur les charretiers pour les collecter et les acheminer vers les dépotoirs. Les deux routes en piste qui desservent le quartier sont presque impraticables.

L’érosion côtière, un autre sérieux problème qui guette le quartier. Guet-Ndar et Santhiaba subissent les conséquences néfastes du réchauffement climatique à Saint-Louis. La remontée des eaux marines ne cesse de ravager les habitations. Certains habitants sont obligés de quitter leur maison. Ils sont recassés au niveau du quartier de Khar Yallah à la sortie de Saint-Louis, à hauteur de Bango, aménagé à cet effet. Mais, ils préfèrent venir passer les journées à Guet-Ndar. Ceci, parce qu’ils sont tellement attachés à leur quartier d’origine.

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