En marge du procès de Khalifa Sall, Barthélémy Dias a rapporté une confidence de Ousmane Tanor Dieng, qui lui aurait soufflé au lendemain des Locales de 2009, que la Caisse d’avance pouvait aider à accroitre les moyens d’intervention sociale du vieux parti. « En 2009, Ousmane Tanor Dieng a été le premier à m’indiquer qu’il y avait des fonds politiques à la ville de Dakar, et à ce titre, il m’invitait à faire comprendre au maire, en vue de l’élection 2012, qu’il fallait faire bon usage de ces fonds surtout à travers une politique sociale qui devait nous aider à remporter l’élection présidentielle de 2012 », a textuellement révélé Dias-fils, sur les ondes de la Rfm.
Question : si Tanor et Khalifa étaient en odeur de sainteté à l’époque, est-ce que le patron des Verts de Colobane aurait senti la nécessité de passer par le leader des jeunes du parti pour convaincre son presque numéro 2 de mettre ces fonds à la disposition du Ps ?
En réalité, les prémisses de cette guerre, maintenant ouverte, sont apparues au lendemain des Locales de 2009. Souvenez-vous du contexte ! Ousmane Tanor Dieng venait de perdre la présidentielle de 2007 en se classant derrière Wade et Idy. On lui impute, en messe basse, les contre-performances successives du parti entre 2000 et 2007, d’abord comme lieutenant de Abdou Diouf et ensuite comme général des armées. Le « Premier secrétaire », en éternel looser, n’avait même pas osé se présenter à Mbour durant ces Locales et perdait tout mandat pour avoir boycotté les Législatives de juin 2007. Dès lors, Khalifa Sall avait tous les atouts pour être candidat du Ps à la présidentielle de 2012. Barthélémy Dias, réputé alors fidèle à l’ex-ministre d’Etat, était taxé par l’autre frange d’être un rempart de Tanor contre le nouveau maire. Au rythme des manœuvres pour la désignation du « candidat unique » de Benno Siggil Senegaal, le Landerneau bruit d’une persistante rumeur faisant état d’un malaise qui empeste l’atmosphère au Ps. Le maire de Dakar, à défaut d’être le candidat socialiste, chercherait à se rapprocher de Moustapha Niasse pour écarter de la course l’ancien ministre d’Etat, ministre des Services et Affaires présidentielles. Cependant, très rusé, Khalifa Sall avançait masqué, parce qu’il savait que délesté de l’appareil à l’entière dévotion de son rival, il n’avait aucune chance pour espérer devenir président de la République.
Aussi, lui était-il reproché de faire de la Ville de Dakar la rampe de lancement d’une base politique en dehors des limites du Ps. Il avait maintenu le dispositif laissé par son prédécesseur Pape Diop et renforcé son camp avec des inconnus du bataillon comme Moussa Tine. Qui plus est, dans son cabinet on retrouvait d’ex-hiérarques du Ps historique connus pour leur hostilité à l’endroit de Tanor.
En outre, le fait de rendre public son patrimoine, alors que cette initiative n’a pas emporté l’adhésion de la plupart des membres du bureau politique, est commenté dans les coursives de la Maison de Colobane comme un pas de plus posé pour mettre mal à l’aise Ousmane Tanor Dieng. En remplissant ce critère, certes le secrétaire à la Vie politique se conforme à une recommandation des Assises nationales, mais, du coup, portait ombrage au chef du parti à qui on suppose une fortune colossale amassée sous l’aile protectrice de Abdou Diouf.
Soucieux de briser l’élan de l’opposition, Me Abdoulaye Wade, se jouant de cette rivalité, pare de vertus l’édile de la capitale qui, en contrepartie, revoit sa ligne dure contre le Pds.
Stoïque, le diplomate de carrière encaissera les coups en silence et semble prendre sa revanche sur Khalifa Sall en apportant un soutien total au libéral Macky Sall. En définitive, ce dernier, en froid arithméticien, a adopté la posture du troisième larron tapis dans l’ombre pour, à la florentine, se passer d’un concurrent qui, avec un Ps uni, devrait faire perdre à Benno Bokk Yakaar (qui a obtenu 49 % en 2017) au moins 11 % des suffrages à la présidentielle de 2019.