Grande démocratie, petits partis- pourquoi le Sénégal compte-t-il plus de 250 partis politiques ?

Grande démocartie, petits partis- pourquoi le Sénégal compte-t-il plus de 250 partis politiques ?

Pourquoi y a-t-il autant de partis politiques dans un petit pays comme le Sénégal ? Plus de 250 formations politiques pour 13 millions d’habitants et juste 5 millions d’électeurs. En réalité que veulent les politiques en cherchant vaille que vaille à avoir pignon sur rue ? La politique est-elle en définitive une activité rentable ? Des questions qui nous taraudent l’esprit surtout que 95% desdits partis sont inefficaces. La vie politique sénégalaise est extrêmement complexe et son histoire est parsemée de créations de partis politiques et de scissions. Les partis politiques étant donc très nombreux et inefficaces. En ouvrant les vannes de la démocratie au Sénégal, notamment en permettant à Léopold Sédar Senghor démissionnaire de son parti (section sénégalaise de la SFIO), de créer le BDS en 1948, le président Lamine Guèye n’avait sans doute pas en tête le scénario qui se déroule actuellement sous nos yeux. Tout comme Senghor avec ses quatre courants nés de la révision constitutionnelle du 28 décembre 1978. Et son successeur Abdou Diouf, en faisant adopter la loi n°81-16 du 6 mai 1981 était plutôt soucieux de se poser en garant des libertés individuelles, notamment la liberté d’association. Mais c’était sans compter avec les rivalités internes et les ambitions personnelles qui ont fini d’en faire une loi avachie, parce que peu regardante sur les conditions de création et de vie des partis politiques. Aujourd’hui, des partis se créent en dribblant la loi, sur des bases religieuse, régionaliste, voire ethnique sans que personne n’y trouve à redire. Peu d’hommes politiques ont une connaissance réelle du rôle d’un parti dans une démocratie. Parce qu’en réalité, c’est quoi un parti politique ? Joseph La Palombra et Myron Weiner (Political Parties and Political Development, Princeton University Press, 1966), assimilent un parti politique à une organisation durable, dont l’espérance de vie politique est supérieure à celle de ses dirigeants actuels ; une organisation bien implantée localement et dont les échelons locaux entretiennent des rapports réguliers avec l’échelon national ; une organisation qui joue son rôle d’ « école de formation » pour les « futurs » dirigeants politiques du pays, portés éventuellement au pouvoir par le suffrage universel. Il est évident que nombre de « partis » politiques au Sénégal sont loin de remplir ces conditions. Faible représentativité, partis personnels, absence de démocratie interne et simple souci de conférer au leader un moyen de pression politique sont le lot quotidien de la plupart des 166 partis politiques répertoriés au Sénégal. La plupart des chefs de partis n’ont pas de compétence connue dans un domaine précis de la vie active. Ce sont des professionnels de la politique qui tirent l’essentiel de leurs revenus dans l’exercice de cette activité. Une professionnalisation certes conditionnée par le développement d’emplois rémunérateurs comme les postes politiques : ministres, députés, maires, DG des sociétés d’Etat, etc. Et c’est pourquoi au Sénégal, la politique est dans l’imagerie populaire le moyen le plus rapide de « se faire une situation ». Ce qui donne raison à Max Weber qui disait que « toutes les luttes partisanes ne sont pas uniquement des luttes pour des buts objectifs, mais elles sont aussi et surtout des rivalités pour contrôler la distribution des emplois ».

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