La responsable apériste à Grand-Yoff, Aïssatou Faye, et son charlatan, Bassirou Thiam, ont terminé leur collaboration à la barre du Tribunal des flagrants délits de Dakar. Le prévenu, qui avait promis à la dame une victoire de Bby lors des élections législatives, a été condamné hier à 3 mois de prison ferme pour charlatanisme et escroquerie.
La période électorale au Sénégal est une belle traite pour les charlatans de tout acabit. Ces individus, qui croient détenir les secrets de l’avenir, s’adonnent à cette pratique à cœur joie durant ces moments de la vie de la Nation. Hier, une part de vérité de ces accusations de l’opinion a été étalée au grand jour. Une responsable apériste dans la commune de Grand-Yoff a attrait un charlatan à la barre pour escroquerie. Pour cause, la relation de confiance, qui liait les deux, a été brisée pour une histoire d’argent. En effet, la dame Aïssatou Faye, membre de l’Alliance pour la République, avait sollicité les services du marabout Bassirou Thiam. Ce dernier avait connu la politicienne par l’intermédiaire de son ami, un certain Abdoulaye Touré, qui habite dans la même maison que Aïssatou Diouf.
Cette rencontre a été une belle occasion pour la dame d’exprimer ses vœux au charlatan : gagner son bureau de vote et assurer la victoire à la coalition Benno bokk yaakaar. Alors commencent les bains mystiques et sacrifices. Et des remises de sommes d’argent ont eu lieu entre les deux parties. Aïssatou Faye a fait savoir aux enquêteurs qu’elle avait remis un montant total d’1 million 200 mille francs Cfa en présence du témoin Abdoulaye Touré. Le prévenu dit n’avoir jamais reçu directement de l’argent pour les offrandes. Selon lui c’est la dame elle-même qui se chargeait de faire les sacrifices. Dans sa plaidoirie, l’avocat de la partie civile a laissé entendre que le prévenu a montré «sa mauvaise foi» en niant la remise des sommes d’argent qui a eu lieu en présence du témoin Abdoulaye Touré. Pour le conseiller de l’Apériste, les délits sont «extrêmement constitués». Et pour toutes causes et préjudices confondus, la partie civile a réclamé le montant d’1 million 500 francs Cfa de dommages et intérêts.
Dans son réquisitoire, le procureur est revenu sur les éléments contenus dans le procès-verbal d’enquête dressé par la police de Grand-Yoff. Dans ledit Pv, la plaignante, après avoir raconté les circonstances dans lesquelles elle a connu le prévenu, a indiqué que Bassirou Thiam lui avait d’abord fait une proposition consistant à la rendre riche. Selon le représentant du ministère public, c’est après que la dame a rejeté cette offre que le prévenu a «changé de stratégie en usant de ses pouvoirs mystiques». Et le procureur apprend que c’est lorsqu’un nommé Abdoulaye est passé chez le marabout pour réclamer ses 200 mille francs Cfa que Aïssatou Faye s’est rendu compte qu’elle est tombée dans un piège. A l’enquête préliminaire comme à la barre, le prévenu a balayé d’un revers de main ces accusions. Il reconnait juste avoir donné des bains mystiques, ordonné le sacrifice d’un chameau mais le reste il l’a réfuté. Et le procureur de marteler que «malgré ses dénégations systématiques, les éléments objectifs du dossier permettent de rentrer en voie de condamnation. Il a usé de manœuvres frauduleuses. Les faits sont constants».
Pour la peine, il a requis 1 an de prison ferme, plus une amende de 100 mille francs Cfa pour le délit de charlatanisme et 6 mois ferme pour escroquerie avant d’ordonner la confusion des peines. Pour la défense, dans cette affaire, les «délits de charlatanisme et d’escroquerie ne sont pas constitués». Parce que, avance Me Iba Mar Diop, la coalition Benno bokk yaakaar, pour qui le marabout a travaillé, a obtenu une large victoire lors des Législatives. «On dit qu’il a escroqué, il a prié et il a eu des résultats qu’on attendait», soutient l’avocat. En dernier lieu, la robe noire a demandé à ce que son client soit renvoyé des fins de la poursuite sans peine, ni dépens. Le Tribunal a envoyé en prison le charlatan pour 3 mois ferme. Il doit allouer à la partie civile, la somme d’1 million 500 mille francs Cfa pour dommages et intérêts.
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