Grace Mugabe, la première dame du Zimbabwe est accusée d’avoir agressé une jeune femme à coups de rallonge électrique dans un hôtel d’Afrique du Sud. Malgré la gravité des faits qui lui sont reprochés, elle a pu quitter le pays sans encombre. De quoi agacer les ONG, qui dénoncent une « culture de l’impunité ».
Gabriella Engels, un mannequin sud-africain de 20 ans, se souviendra sans doute très longtemps de cette nuit du dimanche 13 août 2017. Ce soir-là, elle passait un bon moment avec des amis dans une chambre d’un hôtel de Sandton, un quartier huppé de Johannesburg. Tout allait bien jusqu’à qu’une femme fasse irruption dans la pièce, visiblement en colère, une rallonge électrique à la main. « Elle était furieuse et c’est probablement la première chose qu’elle a dû attraper pour pouvoir frapper quelqu’un, a raconté la jeune femme dans le journal sud-africain Rapport. Elle était bien habillée et je n’avais aucune idée de qui c’était. Elle n’arrêtait pas de crier, en demandant où étaient ses fils. » Cette femme, c’était Grace Mugabe, la deuxième et actuelle épouse de Robert Mugabe, président du Zimbabwe depuis 1987. Une première dame déjà connue pour des faits de violence…
En 2009, déjà, Grace Mugabe avait été accusée d’avoir agressé un photographe britannique, Richard Jones. Ce dernier l’avait photographiée devant le palace dans lequel elle vivait pour illustrer son train de vie très différent de la majorité de la population du Zimbabwe. En colère, elle aurait demandé à son garde du corps de saisir le photographe et de l’empêcher de bouger pendant qu’elle lui mettait de lourds coups de poing dans la tête, lui entaillant au passage le visage avec ses bagues. Huit ans plus tard, elle est de nouveau accusée de coups et blessures. Gabriella Engels assure qu’elle est entrée dans sa chambre d’hôtel le 13 août dernier, entourée d’une dizaine de gardes et de membres de la sécurité de l’hôtel, persuadée (à tort) que ses fils étaient aux côtés de la jeune femme. « Les gardes sont restés là, sans rien faire. Je ne sais pas comment elle est entrée dans la chambre car la porte était fermée à clé », a-t-elle raconté à Rapport. Grace Mugabe l’aurait alors rouée de coups, la frappant à plusieurs reprises à la tête avec la rallonge électrique : « Plus j’essayais de lui expliquer que [ses fils] devaient être ailleurs dans l’hôtel, moins elle voulait me croire. » Et plus les coups pleuvaient…
Blessée physiquement (ses jambes sont couvertes de bleus et elle a des points dans le dos, sur le front et sur le crâne) et psychologiquement, Gabriella Engels a porté plainte. Malgré les efforts de la police, de son avocat et les prises de positions de différentes associations, Grace Mugabe n’a pas été arrêtée. Pire, elle a obtenu l’immunité diplomatique auprès des autorités sud-africaines. Le dimanche 20 août, elle a pu prendre l’avion en toute tranquillité pour rentrer à Harare, la capitale du Zimbabwe. Mais l’affaire est loin d’être terminée.
AfriForum, une des associations qui défendent Gabriella Engels, a dénoncé une « culture de l’impunité » de la part de « dirigeants corrompus qui se protègent mutuellement ». Obert Botu, qui dirige le Mouvement pour le changement démocratique, la principale opposition aux Mugabe au Zimbabwe, a dénoncé la décision des autorités sud-africaines : « Grace Mugabe est un personnage violent, brutal, grossier et scandaleux, s’est-il indigné auprès de News24. Cette femme est une brute, un voyou qui devrait subir les pleines conséquences de son acte de sauvagerie et de violence. » Les avocats qui représentent le mannequin ont l’intention de tout faire pour que Grace Mugabe fasse l’objet d’une procédure criminelle. Le défi est de taille : très puissante, l’épouse de Robert Mugabe, 93 ans, est considérée comme la favorite pour lui succéder à la tête du Zimbabwe et ne craint visiblement pas d’être inquiétée par la justice. « Nous allons demander un réexamen de sa demande d’immunité, a déclaré Willy Slies, l’avocat de l’ONG AfriForum, qui représente la victime. Le combat pour la justice pour le Zimbabwe et mademoiselle Engels continuera jusqu’à ce qu’on le remporte. »
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