Drôle de surprise pour la nouvelle équipe du président ghanéen Nana Akufo-Addo. À l’heure de passer en revue le budget de l’État, elle aurait recensé 1,6 milliard de dollars de dépenses non comptabilisées par le gouvernement précédent, et vieilles de plusieurs années.
Le nouveau ministre des Finances du Ghana, Ken Ofori-Atta, membre de l’équipe du président Nana Akufo-Addo et ancien banquier d’affaires chez Morgan Stanley à Wall Street, a dû en avoir des sueurs froides.
Mercredi 01 février, il a confirmé que le déficit de l’État du Ghana pourrait frôler « un nombre à deux chiffres » après que le vice-président Mahamudu Bawumia a annoncé l’existence, mardi, de dépenses vieilles de trois à quatre ans et qui n’auraient pas été comptabilisées dans les budgets antérieurs. Celles-ci s’établiraient à 7 milliards de cédis, soit 1,6 milliard de dollars.
De quoi lourdement aggraver le déficit, dont s’alarmait déjà le 23 janvier la Banque centrale, et qui, selon le dernier budget mis à jour par les services du ministère des Finances ghanéens, devait s’établir à 8,4 milliards de cédis (1,9 milliards de dollars) en 2016.
« Nous avons été très surpris par ces données. Comment sommes-nous censés conduire une économie avec des données truquées ? », a indiqué l’économiste de 53 ans et désormais vice-président Mahamudu Bawumia, cité par Bloomberg.
Qu’en dira le FMI ?
Les dépenses en question renvoient à un contrat de fourniture d’un système de gestion financière, et non pas à des arriérés, a justifié le précédent ministre des Finances Seth Terkper, en fonction sous l’ancien chef de l’État John Dramani Mahama.
« Le vice-président [Mahamudu Bawumia] est connu pour se précipiter dans des commentaires publics, tout particulièrement sur des mesures structurelles et des réformes, sans prendre le temps de comprendre quelle en était la logique », a-t-il déclaré dans un courriel à Bloomberg .
S’il se confirmait qu’il s’agit là de dépenses non comptabilisées, elles seraient d’autant plus fâcheuses que le pays est sous le coup d’un programme avec le Fonds monétaire international (FMI) qui a accepté, en 2015, de prêter un milliard de dollars au pays sur trois ans.
En avril dernier, le fonds avait suspendu son aide au Mozambique, après qu’une dette d’un milliard de dollars a refait surface.
Un obstacle aux ambitions de Nana Akufo-Addo
Interrogé par Jeune Afrique dans son numéro 2925 dans les kiosques du 29 janvier au 4 février, Nana Akufo-Addo assure que « la situation financière [est] encore plus grave que nous ne le craignions », sans toutefois sembler être au courant des 7 milliards de cédis non comptabilisés.
Et de rappeler dans les colonnes de Jeune Afrique que l’échec des gouvernements successifs à moderniser l’économie du pays et à créer des industries viables avait alimenté une crise socio-économique et un niveau dangereusement élevé de chômage chez les jeunes.
Il envisage pour sa part – il l’a même promis – de trouver le moyen de réduire les impôts, de construire une usine dans chacun des 216 districts que compte le pays, d’affecter 1 million de dollars aux dépenses de développement dans chacune des 275 circonscriptions parlementaires et de construire un barrage dans chaque village pour promouvoir l’irrigation et l’agriculture.
Des ambitions qu’un déficit quasi doublé en valeur pourraient compromettre.