Le président gambien Adama Barrow a désigné jeudi une Commission chargée d’enquêter sur les biens de son prédécesseur Yahya Jammeh, parti, en janvier, en exil pour la Guinée équatoriale et accusé de détournement de fonds.
La Gambie, petit pays anglophone totalement enclavé dans le Sénégal, à l’exception d’une étroite façade côtière prisée des touristes, a été dirigée d’une main de fer pendant 22 ans par Yahya Jammeh, un ancien militaire.
“Cette commission a pour mandat d’examiner la gestion de certaines entreprises publiques, ainsi que les biens et les transactions financières de l’ancien président Jammeh et de certains de ses associés”, a déclaré M. Barrow lors de la cérémonie.
“Je vous fais confiance pour mener des délibérations impartiales et faire la lumière sur les allégations contre l’ancien président”, a-t-il ajouté, assurant qu’il ne s’agissait “pas d’une chasse aux sorcières”.
La Commission est présidée par un juriste, Surahata Semega Janneh, doyen de l’Ordre des avocats, et comprend également un comptable assermenté et un banquier.
Le ministre de la Justice a précisé que la commission avait trois mois pour mener son enquête et remettre ses conclusions au président Barrow, et que toutes ses audiences seraient publiques.
“Ce n’est pas une chasse aux sorcières envers qui que ce soit”, a réaffirmé M. Tambadou.
“C’est une commission indépendante et votre indépendance sera garantie. Il n’y aura aucune tentative de la part du gouvernement pour influencer votre décision”, a-t-il promis.
Le gel, annoncé en mai et portant sur 88 comptes bancaires au nom de M. Jammeh ou ses associés ainsi que 14 sociétés liées à lui, visait à empêcher “une liquidation ou une disparition des biens” de l’ex-président, avait expliqué M. Tambadou, selon lequel, seules ses possessions en Gambie étaient concernées.
Après le départ de M. Jammeh, il était apparu que M. Barrow avait accepté de le laisser emporter tous les biens qu’il souhaitait, y compris sa collection de voitures de luxe.
Yahya Jammeh contrôlait des activités allant de la boulangerie aux fermes agricoles et était régulièrement accusé de mettre la main sur des secteurs commerciaux florissants.
En décembre, il a refusé de reconnaître sa défaite à l‘élection présidentielle, face à l’opposant Adama Barrow.
Il s’est finalement résolu à quitter le pouvoir et le pays à la suite d’une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et d’une ultime médiation guinéo-mauritanienne.