Alors que Yahya Jammeh s’accroche toujours au pouvoir, l’armée sénégalaise, massée à la frontière gambienne, a annoncé mercredi que la force régionale interviendrait si aucune autre solution à la crise politique n’était trouvée avant minuit.
Le temps presse. À la veille de l’investiture officielle d’Adama Barrow en tant que nouveau président de la Gambie, la situation n’a jamais paru aussi tendue dans l’enclave anglophone. Et pour cause, après que Yahya Jammeh a instauré l’état d’urgence, l’Assemblée nationale a prolongé le mandat de l’actuel président pour trois mois supplémentaires. Une situation ubuesque, puisque la Gambie aurait alors deux présidents en exercice, et donc en concurrence.
Mouvements militaires à la frontière…
Pour mettre fin à cette impasse politique majeure, le voisin sénégalais a fait monter la pression sur Banjul mercredi. Alors que ses troupes sont massés à la frontière depuis plusieurs jours, le commandant de l’armée sénégalaise a tout simplement lancé par la voix de son porte-parole un ultimatum à Yahya Jammeh. Et annoncé que si aucune solution politique n’était trouvée avant mercredi minuit, une force régionale interviendrait pour assurer la passation du pouvoir.
Des menaces qui semblent crédibles à en juger par les mouvements de troupes opérés par le Nigeria, qui avait déjà dirigé un navire de guerre vers les côtes gambiennes mardi. Mercredi, elle a également envoyé 200 soldats se joindre aux troupes sénégalaises.
… et ballet diplomatique à l’ONU
En parallèle, le représentant sénégalais aux Nations Unies a déposé un projet de résolution devant le Conseil de Sécurité qui, s’il est adopté, permettra à la Cedeao, très concernée par la situation gambienne, de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour assurer la passation de pouvoir.
Le Conseil s’est engagé à évoquer cette crise mercredi. Une satisfaction pour le Sénégal comme pour l’ensemble de la Cedeao. L’organisation demande depuis plusieurs semaines à Yahya Jammeh de respecter le résultat des urnes, et donc de se retirer. Sans succès, ce qui inquiète Dakar qui dénonce une « instabilité » qui « pourrait menacer la paix internationale et la sécurité de la région ».
Alors que le Nigeria et le Maroc ont successivement proposé l’asile à Yahya Jammeh ces derniers jours, Mohamed Ould Abdel Aziz, le président mauritanien, a annoncé mercredi qu’il était en route pour Banjul où il espérait parvenir à « une solution pour la crise ».
Jeune Afrique