L’opposition gambienne qui a fondu en Coalition autour du milliardaire Adama Barrow croit fermement en ses chances au soir du 1er décembre prochain.
La preuve, le nombre impressionnant de personnes qui les accueille lors de leurs déplacements durant la campagne électorale présidentielle. D’ailleurs, les détracteurs du Président sortant dénigrent ce dernier qui a fait main basse sur toutes richesses du pays. « Adama Barrow n’a rien à voir avec Yahya Jammeh qui a pillé la Gambie. Quand il fomentait le coup d’Etat de 1994, dans son compte bancaire, il n’ y avait que 5000 F CFA qu’il a pris soin de retirer avant. Pour notre leader, il a démissionné de son poste de secrétaire général de l’UDP avant qu’on ne le porte comme leader de l’opposition. Il a offert près de deux (2) milliards de Dallassis à l’opposition. Cela montre simplement qu’il n’a pas besoin de l’argent de la Gambie pour s’enrichir », révèle ce militant de l’opposition.
Revenu d’un périple de Soma (Lower River Region), une localité qui se trouve aux larges du fleuve Gambie et qui a une forte densité électorale, l’opposition crie victoire: « De grands notables qui roulaient pour Yahya Jammeh sont sortis nous accueillir et ils n’ont pas froid aux yeux. C’est fini cette dictature. Ces populations n’ont qu’une parole et elles vont respecter la leur », ajoute cet inconditionnel de la Coalition 2016.
Achats de conscience
Même les potentiels votants que Yahya Jammeh a confisqué leurs cartes de vote n’y fera rien. « Vous savez en Gambie, pour être candidat, il faut avoir une liste de signature de 500.000 personnes. Ce que nous avons eu sans problèmes. Les personnes censées nous apporter leur soutien sont des sénégalais qui ont la nationalité gambienne. Mais au moment de traverser le ferry, on a arrêté leurs véhicules et arraché leurs cartes de vote, ainsi que leurs cartes d’identité », se plaint-il. Et dans un reportage de la 2Stv, on montre une sénégalaise qui possède deux cartes nationales sénégalaise et gambienne, mais une carte d’électeur gambienne. Sans se cacher, elle avoue avoir reçu ces sésames du Président sortant et ils sont nombreux dans ce cas, logés, nourris et blanchis à Kanilaï, la cité de Jammeh plus belle que Banjul.
Les Soceh, les Peulhs et l’Eglise contre Yahya Jammeh
Les soucis du « Roi » de Kanilaï ne sont pas prêts de s’arrêter d’autant que les plus grandes communautés de la Gambie sont entrées en guerre contre lui. Les Soceh qui régnaient en maîtres en Gambie ont été déchus par Yahya Jammeh qui est Diola. « On a peur qu’il crée des problèmes de tribalisme car nous avons toujours vécu en paix. Maintenant, depuis que Mamadou Kandeh qui roulait pour lui l’a quitté, les Peulhs subissent toute sorte d’humiliation. S’il accepte (ndlr: Mamadou Kandeh) de rallier la Coalition, Jammeh n’aura aucune chance car tous les Peulhs vont voter pour lui », dit-il.
L’autre souci de Babili Mansah est l’Eglise qui a organisé une grande séance de prière au stade de Bakau pour le chasser du pays. « C’est vrai, Yahya Jammeh ne peut faire sortir les Chrétiens de la Gambie d’autant que nous avons toujours vécu un paix. C’est un pays laïc, pas islamique. Il n’a de respect pour personne. Maintenant, si tu n’es pas Diola, tu n’es pas considéré », regrette-t-il.
L’armée de Jammeh, celle du Sénégal
Certains pensent que les vives tensions qui existent entre le Sénégal et la Gambie viennent du ferry et des transporteurs, encore moins la coupe clandestine d’arbres. On ne voit pas venir, mais les gambiens eux, fustigent. « Notre armée n’a plus d’identité. La moitié des troupes est sénégalaise. Tous ces soldats viennent de la Casamance et sont Diolas. Dans l’armée, c’est Bodian, Diatta, Kandé et autres. J’ai croisé un militaire qui avait l’accent sénégalais et qui me demandait où se trouvait Pipeline. Ce quartier, un gambien aura honte de le demander car c’est l’Adn de la Gambie. Là, j’ai su que Jammeh a franchi le pas en recrutant qui n’hésitent pas à tuer car la plupart sont des ex-membres du MFDC « , poursuit l’opposant.