La Gambie célèbre une double fête à Banjul, dimanche 18 février. L’ancienne colonie britannique commémore sa 53e année d’indépendance, acquise le 18 février 1965, mais aussi l’anniversaire de la prestation de serment du nouveau président Adama Barrow, en 2017, après 22 ans de dictature. Pour se faire élire, le candidat avait accepté un accord des partis de coalition d’opposition, qui lui, prévoyait seulement 3 ans au pouvoir, au lieu des 5 ans d’un mandat complet. Un accord aujourd’hui remis en question.
Quand on lui pose la question de la présidence écourtée prévue par l’accord qu’il a signé – alors qu’il n’était que candidat – le président Adama Barrow reste toujours très flou. « Ça faisait partie de l’accord pour que les partis d’oppositions se rassemblent », convient-il.
Il devait gouverner juste le temps de jeter les bases de la transition, avant d’appeler à de nouvelles élections pour que chaque parti puisse présenter son propre candidat. « Mais la Constitution indique 5 ans », souligne le chef de l’Etat. « Ce sera au peuple gambien de décider, on lui demandera son avis », conclut-il, sans préciser de quelle façon.
Pour certains membres de son gouvernement de coalition, cela ne fait aucun doute : Adama Barrow doit rester au pouvoir, un mandat entier. Le ministre du Tourisme et de la Culture, Hamat Bah, estime que le président doit respecter la Constitution et a beaucoup trop de travail en cours pour quitter le pouvoir fin 2019.
Il affirme qu’« on ne connaissait pas l’ampleur de notre tâche. Par exemple, on va lancer la Commission Vérité et Réconciliation, en ce moment, une autre commission examine les affaires financières de l’ancien président… Il y a encore beaucoup à faire, pour assainir le système. Et ça ne doit pas être fait dans la précipitation ».
Certains électeurs se sentent floués
Sauf que d’autres membres de la coalition voient ce revirement comme une trahison de l’accord qui a permis à Adama Barrow d’accéder au pouvoir. Et certains électeurs sont du même avis.
« Adama Barrow devrait se retirer après 3 ans et montrer qu’il n’est pas avide de pouvoir » rappelle Almamy, 29 ans. « On voulait que Yahya Jammeh parte, et on a voté pour les 3 ans. Après, ils doivent faire de nouvelles élections, pour choisir un leader, c’est ce qu’ils nous ont promis », insiste-t-il.
L’accord de la coalition prévoyait aussi d’inscrire dans la Constitution, une limite de deux mandats présidentiels. Une réforme qui n’a pas encore été réalisée.
Rfi.fr