Première mesure impopulaire du nouveau président gambien. Le renouvellement de contrat de quatre juges nigérians à la Haute cour de justice a suscité une levée de boucliers du Barreau gambien. La Gambian Bar Association, l’association des avocats du barreau, dénonce « une décision insupportable », car ces juges officiaient déjà sous l’ancien dictateur Yahya Jammeh.
C’était une promesse du nouveau président Adama Barrow et de son ministre de la Justice, Aboubacar Tambadou : nommer plus de juges gambiens dans les différents tribunaux. Une promesse pour mettre fin à la pratique de l’ancien président Yahya Jammeh qui recrutait des juges étrangers, très souvent nigérians, prêts à le supporter dans toutes ses décisions.
Mais avec ces nominations, sur les six juges qui siègent à la Haute cour de Banjul, aujourd’hui, seuls deux sont Gambiens. Les autres sont Nigérians. Selon Rachel Mendy, la présidente de l’association des avocats, le problème n’est pas tant leur nationalité, mais surtout leur passif.
« Nous estimons que ce ne sont pas les personnes adéquates pour être juges. Nous les connaissons bien, certains sont incompétents, certains à l’époque faisaient tout ce que leur demandait Yahya Jammeh. Et nous pensons qu’il faut des juges intègres, pour qu’ils soient indépendants du système judiciaire, en Gambie. »
Rachel Mendy se dit d’autant plus étonné que son association a proposé des candidats gambiens. « Nous ne sommes pas contre des juges étrangers, uniquement s’ils sont nommés par leur gouvernement grâce au principe d’assistance technique. Notre association a mis en place un comité pour proposer des candidats gambiens, pour qu’ils deviennent juges, et nous avons fait une liste de recommandations. Donc nous ne comprenons pas pourquoi cela n’a pas été pris en considération. »
Les avocats menacent de boycotter les procès de ces quatre juges s’ils sont maintenus en fonction. Le président de la Cour suprême, qui est en Gambie le responsable du pouvoir judiciaire, a refusé de s’exprimer sur ces nominations.