Gabon: à l’approche de l’élection présidentielle, l’opposition violemment réprimée

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Un rassemblement pacifique d’opposants a été violemment dispersé, samedi, à Libreville. À quelques semaines de l’élection présidentielle, l’opposition dénonce la candidature d’Ali Bongo et l’accuse d’avoir menti sur son état civil.

À quelques semaines de l’élection présidentielle gabonaise, une manifestation pacifique d’opposants a été violemment dispersée avec des gaz lacrymogènes, samedi 23 juillet, à Libreville.

Plusieurs centaines de personnes avaient pris part à cet événement dans le but de protester contre la candidature d’Ali Bongo à un second septennat. L’opposition lui reproche son inefficacité et, surtout, l’accuse d’avoir menti sur son état civil.

Selon elle, il aurait été adopté par son père Omar Bongo et serait en réalité nigérian. Or, l’article 10 de la Constitution gabonaise stipule que « pour être candidat à la présidence de la République, il faut être gabonais de naissance », rappelle Jeune Afrique. Selon cette thèse, développée dans un livre en 2014 par le journaliste français Pierre Péan, Ali Bongo ne peut pas être président.

Deux candidats de l’opposition ont déposé en début de semaine des recours devant la Cour constitutionnelle contre sa candidature : l’ex-président de la Commission de l’Union africaine – et ex-beau frère du chef de l’État – Jean Ping, et l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama.

Les manifestants s’étaient retrouvés, samedi, près du rond-point de la Démocratie. Parmi eux, plusieurs candidats à la présidentielle dont Guy Nzouba Ndama.

Violente dispersion

Faisant face au cortège à une cinquantaine de mètres, les forces de l’ordre ont commencé à lancer des grenades lacrymogènes, alors que des manifestants chantaient en chœur l’hymne national « la Concorde ».

« Aujourd’hui, Ali Bongo Ondimba a montré qu’il a peur que l’opposition puisse s’exprimer librement », a commenté Guy Nzouba Ndama, joint par l’AFP. « Ils ont atteint un summum en s’en prenant à des gens désarmés ».

Un caméraman de l’AFP qui couvrait l’événement avec une caméra dûment identifiée a été tabassé, après avoir été jeté dans un pick-up par des gendarmes cagoulés et armés.

La directrice de l’information de l’AFP, Michèle Léridon, a exprimé son « indignation et son inquiétude après cette agression ». Elle a indiqué son intention de protester auprès des autorités gabonaises, « afin que les journalistes puissent exercer leur métier en toute sécurité, en particulier à l’approche de l’élection présidentielle ».

Le ministre gabonais de l’Information, Alain-Claude Bilie-By-Nze, a affirmé que les agents des forces de l’ordre avaient reçu une formation « pour protéger les journalistes dans les manifestations ».

Dès vendredi, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux Affaires politiques, Jeffrey Feltman, avait exprimé sa « profonde préoccupation » après deux jours passés au Gabon.

Le responsable de l’ONU a prévenu que « tous les candidats et les partis politiques, ainsi que le gouvernement, partagent la responsabilité d’assurer la tenue d’élections pacifiques », « avec la participation d’observateurs régionaux et internationaux et la libre participation des médias ».

 

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