Fuites au BAC, fraudes aux concours : et si l’Etat prenait enfin ses responsabilités ?

Il n’est pas exagéré de dire que, depuis l’avènement du régime de Macky Sall, l’administration sénégalaise est devenue de plus en plus laxiste au regard de tous les scandales qui ont jusque-là parsemé sa gouvernance. C’est le ministère de l’Education nationale et celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui sont les plus touchés. En effet, rappelons-nous des nombreuses fuites ces dernières années au Baccalauréats, au Bfem, au Concours général, des fraudes au concours de recrutement des sous-officiers de la gendarmerie, au concours des élèves-maîtres. Mais, à chaque fois, ce sont les fautifs pris en flagrant délit qui sont les seuls à être sanctionnés. Ce, alors qu’ils ne sont que la face visible de l’iceberg qui est en général un réseau très huilé en haut lieu.

Maintenant, c’est la somme des délits commis et non sanctionnés qui ont conduit les fraudeurs et leurs complices à s’enhardir. Et voilà où on en est. Non seulement notre éducation est malade, si les valeurs intrinsèques qui doivent la sous-tendre s’envolent, l’on se demande où va ce pays. Et ce qui est sûr, c’est que la démission du Directeur de l’Office du Bac, Babou Diakham, n’est pas ce qui va régler le problème.

Si l’on sait que seul un nombre restreint de personnes ont accès aux épreuves avant l’examen final, il est possible de débusquer ceux qui ont fait le coup et de leur donner des sanctions exemplaires. Parce que sans eux les élèves n’ont aucunement accès aux épreuves pour se les partager sur les réseaux sociaux. C’est avec la complicité de certains d’entre eux que cette catastrophe nationale a pu arriver. Mais non, on se contente à chaque fois de faire une conférence de presse, de promettre de sévir pour ensuite aller dormir jusqu’au prochain scandale. Il faut soigner le mal à la racine. Il faut mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Faire s’il le faut des enquêtes de moralité avant de confier à quelqu’un des responsabilités qui peuvent faire des dégâts considérables si elles ne sont pas bien menées.

Maintenant que tout est à refaire, en termes de coût, combien l’Etat du Sénégal vient de perdre à cause de ces fuites ? Entre l’impression et la réimpression des épreuves, leur réacheminement complexe vers les régions, le paiement (deux fois) des primes de surveillance aux professeurs, etc., sans compter le début d’hivernage qui peut rendre problématique l’accès à certaines zones, il faudrait vraiment que l’Etat prenne ses responsabilités en menant une enquête sérieuse et en sanctionnant sévèrement les coupables en haut lieu.

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