Depuis quelques jours, l’opinion publique sénégalaise est scandalisée par l’histoire de cette jeune fille de 12 ans, Aïssatou Diallo, décédée pour cause de prise en charge tardive pour défaut de la somme de 200.000FCFA par la famille. Au-delà de l’émotion légitime, des actions ponctuelles du ministre de la santé qui au mieux des cas aboutiront à un classement sans suite ou à la sanction d’un lampiste, le Front anti APE anti CFA estime qu’il est venu le temps de poser les vraies questions. Le système sanitaire et l’hôpital sénégalais sont structurellement malades et Aïssatou n’en est que la énième victime et malheureusement pas la dernière. Impossible de comprendre la situation de nos hôpitaux sans se souvenir qu’ils fonctionnent conformément à la lettre et à l’esprit de la Réforme hospitalière de 1998 adoptée le 12 février 1998 par l’assemblée nationale. C’est à partir de cette date que le Sénégal passe de « l’hôpital administration » à « l’hôpital entreprise ». Cette réforme hospitalière entre dans le cadre des plans d’ajustement structurel du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale (BM) qui imposent à nos Etats des diktats parmi lesquels la réduction des budgets des secteurs dits sociaux (éducation, santé). Pour justifier cette politique le Parti Socialiste et le président Abdou Diouf chanteront « moins d’Etat mieux d’Etat ». C’est cette politique néolibérale appliquée à nos hôpitaux qui fait vivre quotidiennement à notre peuple ces scandales comme celui de la petite Aïssatou. Voilà où nous a mené la soumission au FMI et à la BM et l’application de leurs politiques néolibérales. C’est pourquoi le Front anti APE anti CFA propose l’évaluation de cette réforme hospitalière de 1998 et le passage de « l’hôpital entreprise » à l’hôpital des peuples.
Le Front a été informé que les travailleurs du Dakar-Bamako Ferroviaire (anciennement appelée Transrail et qui s’appelait Société nationale des chemins de fer [SNCF] avant sa privatisation imposée par les institutions de Bretton-Woods) ont tenu une assemblée générale le 17 Octobre dernier. Ils dénoncent le non paiement de leur salaire du mois de Septembre jusqu’au 18 Octobre (Rappelons que 200 animateurs polyvalents des cases des tout petits sont sans salaire depuis Janvier 2017 ; 1017 infirmiers et sages femmes recrutés par l’État du Sénégal avec l’appui du Japon, affectés dans les régions les plus reculées du Sénégal, ont des arriérés de 5 mois de salaires). Les cotisations sociales ne sont plus assurées et les hôpitaux ne les prennent plus en charge. Les privés, des canadiens à Abbas Jaber en passant par les belges, n’ont fait que se servir et dépouiller l’ancienne SNCF. Ainsi, de 14 locomotives, la société n’a aujourd’hui que 02 locomotives pour assurer la liaison Dakar-Bamako. Au lieu de faire du Dakar-Bamako, outil d’aménagement du territoire sénégalais et d’intégration avec le Mali, une priorité, le gouvernement du Sénégal, soumis à l’impérialisme français, préfère contribuer à rendre belle la française Alstrom dans son mariage avec l’allemand Siemens avec le projet de Train Express Régional (TER) dont le coût est plus cher que des projets au kilométrage plus important. Le Front soutient les travailleurs du Dakar-Bamako dans leur lutte pour le respect de leurs droits mais également pour un rail au service du développement du Sénégal et de l’intégration au service des peuples africains.
La même logique de soumission à l’impérialisme (FMI, BM, Union européenne, France…) et à ses politiques néolibérales qu’il y a derrière les APE se retrouvent dans la réforme hospitalière, la gestion du rail sénégalais…Nous devons y faire face ENSEMBLE.
Dakar, le 19 Octobre 2017