Constituée en musée par l’Etat du Sénégal qui l’a fait réhabiliter par les bons offices d’une entreprise de la place, la maison du Président Léopold Sédar Senghor, sise sur la corniche ouest cache un secret. Au-delà du cadre intime de cette résidence de retraite familiale se cache l’intimité du père de l’indépendance du Sénégal. Sur les murs de son bureau du premier étage est accroché un tableau sur lequel sont alignées trois figures. Ce sont les enfants du Président Léopold Sédar Senghor, dont un seul est encore en vie aujourd’hui. C’est Francis-Arfang Senghor qui vit à Paris.
Le président Léopold Sédar Senghor, comme l’ignorent de nombreux Sénégalais, a bien un enfant qui est encore en vie. Pour en avoir le cœur net, il faut se rendre à la villa «Les dents de la mer», résidence du président-poète aujourd’hui transformée en musée. L’architecture et le charme poétique des lieux cachent un secret : l’existence de ce fils encore vivant de Senghor que de nombreux sénégalais ignorent. En effet, le premier enfant du Président Senghor est encore en vie. Il réside à Paris après ses études d’Arts cinématographiques effectués dans une université américaine. C’est bien Francis-Arfang Senghor né le 20 juillet 1947 du premier mariage du président Senghor avec Ginette Eboué, fille de Félix Eboué, ancien gouverneur général de l’Afrique-Equatoriale française.
Une récente visite guidée par le conservateur du musée, Barthélémy Sarr, a permis de percer l’intimité du poète-président. De son premier mariage, Léopold Sédar a eu deux enfants. En effet, le 12 septembre 1946, Senghor alors député français s’était marié à Ginette Éboué (née en 1923 et décédée en 1992). Cette fille de Félix Eboué, ancien gouverneur général de l’Afrique-Équatoriale française, était attachée parlementaire au cabinet du ministre de la France d’Outre-mer. De cette union naîtront deux garçons, Francis-Arfang, né le 20 juillet 1947 et Guy-Wali, né le 28 septembre 1948, et décédé en 1983 à la suite d’une chute du cinquième étage de son appartement de Paris. Il était professeur de Philosophie. Pour lui rendre hommage, le président Senghor lui consacre le poème «Chants pour Naëtt» qu’il a repris dans recueil de poèmes «Nocturnes» sous le célèbre titre «Chants pour Signare».
PERSISTANCE D’UN DRAME FAMILIAL AIGU
Le président a vécu des moments douloureux. En 1956, il s’était séparé de sa première femme Ginette Eboué, mère de ses deux enfants d’alors. Mais il s’était vite remarié l’année suivante avec la française Colette Hubert, originaire de Normandie. De ce deuxième mariage, le président Senghor a eu un seul enfant, Philippe-Maguilen Senghor, né le 17 octobre 1958. Hélas, il s’est fait tué le 4 juin 1981 lors d’un accident de la route à Dakar avec sa petite amie allemande. Le président Senghor lui vouait un amour paternel exceptionnel.
En faisant bien attention à l’environnement interne de la maison de Senghor, on s’aperçoit qu’il y persiste un traumatisme intense. La mort de Philippe Maguilen Senghor est restée gravée dans la mémoire de la famille. Le décès du fils cadet du président à l’âge de 23 ans a bouleversé la famille. Ce drame est traduit ici par le témoignage du sculpteur Ousmane Sow. «La première fois que Gérard Senac m’avait fait visiter la chambre du président Senghor et celle de sa femme, la chambre de Philippe, j’étais bouleversé de voir son cadre de vie. On avait l’impression que Philippe venait de quitter la chambre. C’est très bouleversant. On a senti une mère vraiment désemparée. Il y a la photo de Philippe partout, en photographie et en peinture. C’est terrible, très terrible. Personnellement, je n’en suis pas sorti quand même intacte», souligne le sculpteur Ousmane Sow.
Il faut rappeler que le Président Senghor n’a jamais pu se remettre du décès de Philippe-Maguilen Senghor qui l’avait plongé dans une grande amertume. Né le 9 octobre 1906 à Joal au Sénégal, l’académicien est décédé le 20 décembre 2001 à Verson en France, et repose au cimetière de Bel-Air à Dakar.