Le Front national annonce jeudi dans un communiqué, à l’issue d’un bureau exécutif, avoir exclu « à la majorité requise » Jean-Marie Le Pen, son fondateur et président d’honneur. « La décision complète et motivée sera notifiée prochainement à Jean-Marie Le Pen », ajoute ce bref communiqué.
D’emblée jeudi au bureau exécutif, Jean-Marie Le Pen avait récusé ses « juges ». Dans une déclaration publiée à la presse, le président d’honneur du FN les avait estimés incompétents pour le juger. N’étant pas un cadre du FN « comme un autre », « ma situation statutaire relève d’une décision de l’Assemblée générale des adhérents », indiquait Jean-Marie Le Pen qui jugeait disposer à l’égard du bureau exécutif « d’une immunité du fait de » son statut. Il contestait également « la qualité pour juger » des membres de cette instance, indiquant qu’ils étaient ou avaient été salariés du FN, ce qui les rend « hiérarchiquement tributaires de la présidente dont il est notoire qu’elle est contre moi l’autorité poursuivante ». Le patriarche leur demandait donc de se récuser. Enfin, rappelant que « le même cénacle, identiquement composé » avait vu sa décision de le suspendre annulée par la justice, Jean-Marie Le Pen invoquait le principe non bis in idem, c’est-à-dire le fait qu’on ne puisse juger deux fois la même personne pour les mêmes faits.
Et maintenant?
Depuis plusieurs jours, l’avocat de Jean-Marie Le Pen a laissé entendre que la décision serait sans doute contestée en justice. Nulle doute qu’elle le sera donc. Dans sa note juridique présentée jeudi, le conseil de Jean-Marie Le Pen précise qu’il « n’est pas nécessaire d’être sociétaire d’une association loi 1901 pour en être président d’honneur ». Logiquement donc, Jean-Marie Le Pen s’estime donc toujours président d’honneur et membre de droit de toutes les instances dirigeantes du parti. Une façon pour le fondateur déchu de mener le combat contre sa fille jusqu’au bout.
Reste à savoir si Jean-Marie Le Pen se lancera dans la bataille politique contre sa fille. Dans un communiqué publié lundi, le patriarche mettait déjà en garde: « Une chose est sûre, c’est que la ligne politique que j’incarne depuis des décennies ne disparaîtra pas de la scène nationale, et que j’agirai sans relâche afin de permettre aux millions de Français qui partagent nos idées et notre espérance d’être représentés valablement au moment des grandes échéances. »