Alors qu’ils formaient avec le Brésilien Firmino un trio redoutable, Sadio Mané et Mohamed Salah, les deux Africains de la ligne offensive de Liverpool semblent engagés cette saison dans une dynamique de duel. Une rivalité sournoise alimentée par l’égoïsme de l’un et de l’autre sur la pelouse. Si du côté du Sénégal, les fans de Liverpool sont persuadés que Salah fait exprès de ne pas servir Mané, au Caire le discours est tout autre. Notre envoyé spécial dans la capitale égyptienne s’est intéressé au sujet à quelques heures de la demi-finale retour de la Ligue des champions face au FC Barcelone contre qui les deux meilleurs footballeurs auront intérêt à se la jouer collectif.
L’attaquant des Reds, Sadio Mané porte haut le flambeau du Sénégal. En Egypte, pays de son coéquipier à Liverpool, Mo Salah, ses performances ne sont pas passées inaperçues. Sa concurrence avec l’égyptien alimente aussi les débats. « You are From Sénégal ? Yes. Sadio Mané – Salah ». Deux noms qui sont revenus à plusieurs reprises au cours des échanges avec des Egyptiens. Dans les hôtels, la rue, partout où le nom de l’enfant de Bambaly a été prononcé, un débat est ouvert sur ses performances en club et la dualité qui existe cette année avec leur compatriote Salah. Et pour ces Egyptiens, c’est plutôt l’attaquant des Lions qui refuse le leadership de la star des Pharaons, au point de lui mener une rude concurrence cette saison.
« Sadio Mané n’a peut être pas aimé que Salah vienne remporter le trophée de meilleur footballeur chez lui, au Sénégal. Depuis lors, il a changé sa façon de jouer », théorise M. Fathi. Son ami, assis à ses côtés acquiesce. Pour lui, la concurrence est devenue malsaine entre les deux. Et au banc des accusés, Sadio Mané. Selon eux, le numéro 10 des Reds,« trop gourmand, a refusé de servir à plusieurs reprises cette saison » son compère en attaque. Hachem, un autre fan des Reds, s’appuie lui sur les statistiques de Mouhamed Salah (25 buts et 13 passes décisives toutes compétitions confondues) pour les mettre en opposition à celle de Sadio Mané (24 buts et 5 passes décisives toutes compétitions confondues) pour essayer de convaincre que c’est le Sénégalais qui joue le mauvais rôle dans la rivalité qui pourrait porter préjudice aux Reds.
Des accusations qui feront rire certainement les supporters de Mané au Sénégal qui gardent les mêmes critiques à l’endroit du meilleur buteur du championnat anglais de la saison dernière. Pourtant, dans une interview le mois dernier, Mané niait l’existence d’une rivalité avec son coéquipier égyptien.
Cette concurrence née cette saison entre les deux joueurs ne passe donc pas inaperçue, ici au pays des pharaons, aux yeux des férus du ballon rond qui suivent avec intérêt les différentes sorties des joueurs de l’entraineur allemand Klopp, en course pour le titre du champion d’Angleterre et la Ligue des champions. Rivalité ou pas, les deux africains sont encore en course pour offrir aux supporters de Liverpool le titre qui échappe aux Reds depuis 1990 et peut être pour les envoyer à une deuxième finale consécutive de Ligue des Champions.
Ces deux ambassadeurs de l’Afrique vont ensuite se retrouver à la Can, cette fois ci pour défendre les couleurs respectives de leur pays. Et pour cette compétition, ces Egyptiens n’en ont aucun doute : « Nos pharaons vont dicter leur loi comme souvent à la CAN, surtout que c’est à domicile » jubile Hachem.
Ils espèrent tout de même voir le Sénégal de Sadio Mané en finale. Une belle occasion pour les deux rivaux en club de montrer leur talent individuel, sortir le grand jeu. En attendant, les Sénégalais en visite au pays des pharaons profitent de l’aura de Sadio Mané pour faciliter leur intégration. Reste à savoir l’accueil qui sera réservé à ce dernier surtout si le Sénégalais termine devant Salah dans le classement des buteurs en Premier League.
Pour le moment, ils ne se lâchent pas. Un seul but sépare de l’Egyptien (21 buts) au Sénégalais (20 buts). Ce qui fait l’affaire de Liverpool, qui voit sa côte de popularité grimper en Egypte à moins de 2 mois la Coupe d’Afrique des Nations.