On pensait que la nouvelle pelouse du stade Lat Dior allait nous faire oublier le champ de patates de Léopold Senghor. Mais apparemment aucun changement avec le gazon de Thiès qui fait aussi polémique suite à la sortie de Sadio Mané. Et comme par hasard, c’est toujours avec le même entrepreneur. De quoi se poser des questions.
Décidément, le Sénégal manque-t-il de spécialistes de gazon naturel ? Sinon comment comprendre que nos stades n’arrivent toujours pas à avoir une pelouse de qualité. Avec la réhabilitation du stade de Thiès, on pensait que la nouvelle pelouse de Lat Dior allait nous faire oublier le champ de patates de Léopold Senghor. L’argument d’une deuxième pelouse naturelle au Sénégal, après celle du stade Senghor, avait été brandi par le ministre des Sports pour lancer en grande pompe les travaux de réhabilitation par le Premier ministre en 2015.
Lat Dior : une pelouse jaunâtre, mal nivelée
Quatre ans après, le constat est alarmant. A Lat Dior on a eu droit surtout à une pelouse jaunâtre, mal nivelée et ne permettant pas une circulation normale de la balle. Les 22 acteurs du match Sénégal-Madagascar ont eu leur dose avec une surface de jeu où il était difficile de bien tenir la balle et de prétendre à un jeu fluide.
Le coup de gueule de Sadio Mané sur le gazon de Lat Dior
Suffisant pour mettre Sadio Mané dans tous ses états à la fin du match. «On est content du résultat (3-0), même si ce n’est pas notre meilleur match, mais l’essentiel était de gagner, de prendre les trois points. Mais faut dire que l’état du terrain n’était pas vraiment bien. Un pays comme le Sénégal, il faut qu’on essaye d’améliorer les terrains de foot pour qu’on puisse s’épanouir », a pesté le meneur de jeu des Lions devant les journalistes. Une déclaration qui a retenti comme un coup de tonnerre dans les oreilles de ceux qui pensaient à vue d’œil que le Sénégal avait… enfin trouvé une pelouse en gazon naturel de qualité.
Exemple à suivre : la pelouse de Génération Foot
Explications d’un spécialiste en espaces verts et ingénieur-paysagiste. «Un joueur ne peut évaluer la qualité d’une pelouse que s’il y joue un match plein. Même lors des entraînements, on ne peut avoir une idée précise. C’est donc après avoir joué le Madagascar qu’ils se sont rendu compte qu’en fait la pelouse n’est pas au point. C’est ce qui explique le coup de gueule de Sadio Mané qui avait du mal à maîtriser la balle à cause d’un mauvais nivellement de la pelouse», souligne notre interlocuteur qui a souhaité gardé l’anonymat. Quid de la couleur jaunâtre du gazon de Thiès ? «Quand vous voyez une telle couleur, c’est parce qu’il y a un problème de conception. Pour être précis, il y a carence en éléments nutritifs. En clair, il n’y a pas, entre autres, assez de terreau. Et certains pour masquer cette insuffisance, font accélérer l’arrosage. Mais ça ne marche pas. Et la preuve est là.»
Mbaye Faye n’est pas un spécialiste en espaces verts
Revenant sur le mauvais nivellement, notre interlocuteur explique que «si une pelouse est mal nivelée c’est parce qu’on n’a pas utilisé un matériel de roulage bien adapté. D’ailleurs quand le roulage est bien fait, on vous dit que vous avez une pelouse à «un niveau billard». Et l’ingénieur paysagiste de citer en exemple le gazon de l’équipe de Déni Biram Ndao. «Regardez la pelouse de Génération Foot. Si on ne peut pas avoir une telle pelouse à Lat Dior ou à Léopold Senghor c’est parce qu’il y a problème par rapport surtout à celui à qui on a confié les travaux. C’est aussi simple que ça», souligne-t-il. Avant d’enchaîner : «Il faut qu’on se dise la vérité : Mbaye Faye n’est pas un spécialiste en espaces verts. Il fait de la sous-traitance. Et avec une telle méthode, ce n’est pas possible d’avoir un gazon naturel de qualité car vous ne pouvez pas maîtriser tous les paramètres.»
En témoigne la pelouse du stade Léopold Senghor devenu un vrai champ de patates, là où Mbaye Faye parlait de «la meilleure pelouse d’Afrique». Avec celle de Lat Dior qui fait aussi débat, on peut dire que l’entrepreneur attitré du ministère des Sports a complètement raté la bataille du gazon nature.
LE QUOTIDIEN