Feyisa Lilesa : «Je vais peut-être être tué en rentrant en Ethiopie»

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Médaille d’argent du marathon, le coureur éthiopien a soutenu par le geste puis la parole les opposants au gouvernement de son pays. 
Intense moment d’émotion à l’arrivée du marathon masculin dimanche midi à Rio. En franchissant la ligne en deuxième position derrière le Kenyan Eliud Kipchoge, l’Ethiopien Feyisa Lilesa a croisé ses poings au niveau de sa tête, un geste qu’il explicita une heure plus tard en conférence de presse, dans un anglais maladroit mais disant l’essentiel, jetant un terrible froid.«C’est un signe de soutien aux manifestants qui sont tués par le gouvernement de mon pays, dit-il d’une voix claire et le regard dans le vide. Ils font le même signe là-bas. Je voulais montrer que je n’étais pas d’accord avec ce qui se passe, j’ai des proches et des amis en prison. Le gouvernement tue mon peuple, les Oromos, des gens sans ressource.» 

Interrogé sur les conséquences d’un tel geste à son retour à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, il se fit encore plus limpide. «Des risques ? Peut-être que je vais être tué, peut-être que je vais être mis en prison, retenu à l’aéroport, ou obligé de partir dans un autre pays.»

Depuis plusieurs semaines, des manifestations antigouvernementales se déroulent en Ethiopie, à l’appel d’opposants appartenant aux deux principales ethnies du pays (Oromo et Amhara). Plus de 50 manifestants ont été tués par les forces gouvernementales. En cause notamment, une politique d’appropriation des terres appartenant à ces ethnies et un autoritarisme de plus en plus marqué du pouvoir en place, appartenant à l’ethnie minoritaire des Tigréens.«L’Ethiopie a beaucoup d’ethnies. Certains ont été privés de leurs terres, tués par le gouvernement, poursuit Lilesa. On défend nos droits, on veut la paix, la démocratie. Pour mon peuple, c’est important de parler de ces sujets. Il y a des manifestations depuis neuf mois, plus de 1000 décès je pense. C’est dangereux de parler de ça, mais les pays occidentaux supportent ce gouvernement. Pourquoi ?»

Applaudi par la salle de conférence de presse, l’Ethiopien s’est alors levé, prenant la pause pendant plus de trente secondes, en renouvelant son geste, poings croisés, regard impassible.

 

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