Encore une fois, la passion a droit de cité dans la gestion de ce qu’il faut désormais appeler l’«affaire Lamine Diack». Les tenants du pouvoir ont nié tout financement de la campagne de 2012 par l’ancien boss de la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf). Il demeure que les réponses aux révélations du journal «Le Monde» manquent peu ou prou de… répondant, eu égard à l’énormité et au poids du scandale. Diack, pris de cours, a lui-même tenu à apporter des précisions, même si ses propos recèlent des non-dits.
La logique voudrait que nos gouvernants aillent plus loin en accordant leurs violons, en agissant avec toute la sérénité requise pour qu’enfin les Sénégalais, avides de transparence, puissent démêler l’écheveau. Car, il s’agit ici d’une véritable intrigue. De graves accusations sont portées contre la plus haute institution du pays.
Le personnage principal au creux de la vague rame à contre-courant des «nouvelles» du quotidien de référence français qui avait pris la précaution élémentaire de recouper ses informations auprès de la Présidence sénégalaise avant de les publier en dépit des dénégations véhémentes de la communication du Palais.
Les responsabilités sont situées. «Le Monde» a bien mesuré les conséquences de ses actes en citant nommément Macky Sall après avoir parcouru les procès verbaux qu’il détient. Un traitement assumé qui appelle des ripostes assumées. Et la logique voudrait que Macky et ses partisans investissent pleinement leur énergie pour réduire à néant les interprétations audacieuses (tendancieuses ?) de ce journal créé en 1944. Sous ce rapport, une plainte ne serait pas de trop si cela devrait uniquement avoir comme finalité l’éclatement de la vérité.
C’est là où la convocation du journaliste Mansour Diop sonne comme une fausse note.
Ceux qui nous dirigent prennent manifestement l’ombre pour la proie. En particulier dans un contexte et des circonstances où ils ont plus besoin de donner des gages de leur bonne foi.
Le président de la République qui a une obligation de préserver l’image de marque du Sénégal ne devrait pas montrer piètre figure au reste du monde. Ce serait peine perdue de vouloir étrangler une presse loin d’être exempte de reproche, mais responsable à bien des égards.
Les déficits et urgences qui sont en réalité comme le creux de son triomphe ont noms bonne gouvernance, indépendance de la justice, redressement de l’économie, reprise en main du système éducatif, de la santé, du foncier et, par-dessus tout, le nécessaire réajustement des relations avec le peuple dans le sens du respect strict de sa souveraineté, écrivions-nous au lendemain de sa victoire du 25 mars 2012. Macky Sall doit réussir tout cela, en reconnaissance à l’extraordinaire confiance que le peuple lui a manifestée si largement.