Peut-être faudrait-il désespérer de notre pauvre pays et définitivement ? Si l’on ne devait s’en tenir, tout au moins, qu’à Moubarack Lô ce serait mille fois oui : le Sénégal est foutu, pour le temps qu’il nous reste ! Ce n’est pas parce qu’il l’a dit pour autant mais bien parce que des gens comme lui existent et, mieux encore, y prospèrent tous les jours !
Voilà un homme qui a été conseiller technique au cabinet d’Habib Thiam en même temps que Mamadou Lamine Diallo qui en était le principal et de Lamine Loum, sous Diouf, puis après des offres de services maintes fois présentées et maintes fois refusées à Wade est finalement récupérer par Macky Sall, après la deuxième alternance et qui ne trouve rien de mieux à faire que de se répandre dans les journaux pour insulter, ostraciser et vilipender à peu près, tout le monde. C’est « Pouroukh » ou « Purux », comme on voudra l’écrire, qui, à chaque fois qu’on l’aura nourri, ne vous paiera jamais qu’en insultes et insanités en guise de remerciements.
Moubarack Lô serait-il, à ce point, mal-élevé, ou simplement irresponsable ? Je veux bien mettre une petite piécette sur le second terme de cette alternative : il a été bien éduqué certes mais, malheureusement, une case lui aura manqué, un jour ou tout au long de sa formation. D’où son irresponsabilité complète.
On ne comprendrait pas, sinon, qu’il ait pu se trouver, à chaque fois et sous 2 et ½ présidents différents, à des postes où, manifestement, il n’avait rien à faire. Dans une certaine mesure, tout au moins compte tenu de ses problèmes psychologiques. Car ceux-ci, ne se voyaient pas comme le nez au milieu de la figure et les CV ne le disaient pas qui étaient eux-mêmes, parfaits !
Le problème sénégalais, c’est cela. Nos grands décideurs, nos dirigeants ont toujours eu des œillères et elles sont de taille : ils ne cherchent jamais, ou alors très rarement, à voir au-delà des parchemins présentés ou des filières suivies. Et c’est ainsi que toujours ou le plus souvent en tout cas, le préjugé prend la place de la bonne vieille preuve. De ce très gros défaut de tout notre système d’évaluation, Moubarack Lô a tiré le plus grand profit. Et ainsi, au lieu d’aller, très utilement pour lui et pour la communauté, consulter à propos de ses probèmes psychologiques ou comportementaux, il est allé encombrer et boucher les allées du pouvoir jusqu’à devenir directeur de cabinet adjoint du Président de la République ;
Vu la proximité qu’un tel poste induit ou suggère, Macky Sall peut vraiment remercier le ciel de ne devoir déplorer que les nombreuses saillies que son ex-très-proche collaborateur ne cesse de lancer dans sa direction et à chaque fois qu’il le peut. Car ce dernier aurait bien pu l’agresser ou, peut-être, pire encore, qui sait ?
Pour arriver à remplir un CV comme celui de Moubarack Lô on doit bien avoir quelques qualités, quand même ! Et il en a, et c’est bien cela qui est assez terrifiant ! On m’a dit qu’il avait consulté et qu’il consultait encore. C’est bien là la preuve qu’il n’est pas si fou que cela ou alors que son analyste est, soit connivent, complaisant soit, alors, incompétent. C’est pourquoi, je ne suis pas étonné qu’il parle de Lamine Loum et de Diagna Ndiaye en même temps et avec tant d’insistance : il cherche pour l’un une écurie présidentielle en vue de la prochaine course. Ce qui est d’ailleurs à n’y rien comprendre puis qu’il est déjà à Rewmi ! et s’agissant de Diagna pour enfin sortir de l’exil médiatique où son narcissisme forcené avait fini par le confiner.
Et ça, ça lui était plus que tout insupportable. Etre vu et surtout être reconnu, c’est cela qu’il veut à tout prix. L’idée si haute qu’il se fait de lui-même, de ses capacités et de son importance, il veut la partager avec tous afin que tous la partagent enfin.
Dans son esprit troublé il croit pouvoir trouver des ressources dans ses propres fantasmes. Ainsi, encense-t-il Lamine Loum. Pourquoi Lamine Loum ? Parce que, suggère t’il, il l’avait pratiqué entre 1998 et 2000 lorsque celui ci était premier ministre. Mais tout le monde sait que Loum n’avait fait qu’hériter de lui : il ne l’avait ni appelé, ni promu. C’est d’autant plus vrai qu’en matière économique et financière Loum ne se fiait qu’à l’expertise de Lamrane Dème. Cela est connu de tous et d’abord de Moubarack lui-même. Mais il ne veut rien voir dans son envie maladive de se voir jouer un rôle qui puisse le sortir enfin de l’anonymat dont le sort a voulu qu’il soit sa vraie place.
S’agissant de Diagna, nous osons espérer qu’il ne répondra pas, au cas où il viendrait à nous lire, à ne pas se formaliser de ce que Moubarack a pu dire sur lui. Ce n’est et ne sera jamais que le reflet de l’envie.
Car, en fin de compte, vouloir noircir l’image de Diagna Ndiaye aujourd’hui c’est la seule manière qu’a trouvé Moubarack pour se mettre à sa hauteur et profiter un peu de la lumière qu’il dégage et qui fascine. Comme il ne peut pas et jamais ne pourra monter à sa hauteur il a trouvé un expédient : le faire descendre à la sienne ! C’est peine perdue évidemment. Mais là encore seul un homme normal peut comprendre cela et Moubarack Lo ne l’est pas complètement. C’est une tragédie pour lui et un vrai drame pour nous.
Massaer Diallo
Chargé d’enseignement à Bordeaux
[email protected]