Nommée en mai dernier, la Sénégalaise Fatma Samoura, première femme n°2 de la Fifa, estime mardi dans un entretien à l’AFP qu’en tant que femme, musulmane et africaine, dans un univers très masculin et peu prompt « à bousculer les traditions », elle a fait tomber « le plafond de verre ».
Elle encourage les autres femmes à suivre son exemple. « Je rencontre des obstacles mais pas parce que je suis une femme, plutôt parce que c’était un monde fermé, où les gens n’avaient pas l’habitude de bousculer les traditions. Mais au niveau de l’accueil lui même, je n’ai pas trouvé que je n’étais pas à ma place. Les gens me parlent avec beaucoup de respect et de considération, ils connaissent mon passé aux Nations Unies. Il y a aussi beaucoup de thèmes dans le football qui me sont très familiers, puisque parler de diversité, d’inclusion, de la défense des droits de l’Homme, c’est quelque chose que je faisais au quotidien et des thèmes sur lesquels j’ai travaillé pendant 20 ans. Effectivement, il y a encore beaucoup de stéréotypes dans le monde du foot, comme parfois dans la politique. On a besoin de beaucoup plus d’exemples comme le mien, j’espère que mon passage à la Fifa va en inspirer d’autres pour avoir beaucoup plus de femmes dans les instances du sport ».
60 millions de femmes qui jouent au foot d’ici 2026
« L’idéal serait qu’au terme du magistère de M. Infantino en 2019, on ait 50% de femmes qui occupent des postes de responsabilité », poursuit la Sénégalaise. « L’aide versée aux fédérations est passée de 400.000 dollars (378.000 euros) par an à 1,250 M usd (1,181 million d’euros). Pour que les Fédérations puissent accéder à ces fonds, elles doivent avoir une division qui fait la promotion du foot féminin. C’est un impératif pour les 211 fédérations membres. Notre objectif, c’est d’avoir 60 millions de femmes dument enregistrées et qui jouent au foot d’ici 2026, il nous reste moins de dix ans. C’est seulement à travers les fédérations membres que nous atteindrons cet objectif ».
Fatma Samoura regrette: « Aujourd’hui, c’est la Coupe du monde des hommes qui finance tous les autres tournois, et c’est inacceptable qu’au 21e siècle, avec 50% de la population composée de femmes, on soit entièrement dépendant d’un seul tournoi pour pouvoir financer les activités féminines ».
La femme est-elle l’avenir du football? « J’y crois dur comme fer, quand je vois le niveau d’enthousiasme suscité par la Coupe du monde féminine (au Canada en 2015, ndlr) et l’engouement dans la préparation au jour le jour de la Coupe du monde en France en 2019, qui se passera notamment dans la ville où j’ai étudié, à Lyon, je dis bravo, maintenant il faut juste que les moyens suivent ».
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