Le ministère de l’Education nationale s’invite encore au-devant de l’actualité et cette fois de la pire des manières. Au lieu d’accéder en toute honnêteté aux revendications des enseignants pour ce qui est de leur formation continue, à travers les passerelles, le département de Serigne Mbaye Thiam décide ni plus ni moins de se remplir les poches. Et ceci constitue une violation flagrante de l’esprit du décret qui visait à faciliter la formation des agents qui le désirent pour répondre efficacement aux exigences du système.
Le nombre d’enseignants désireux de retourner à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Education et de la Formation (FASTEF) est pléthorique. Cela résulte du fait qu’ils aient obtenu un diplôme supérieur à celui avec lequel ils ont été recrutés en tant qu’agent et que les mise en position de stage dont ils avaient l’habitude de bénéficier ne sont presque plus d’actualité. Par exemple les enseignants du collège (Professeur de l’Enseignement Moyen) normalement recrutés avec la Licence ont le droit de retourner à la Fastef pour pouvoir subir une formation et sortir comme Professeur de l’Enseignement Secondaire (PES) s’ils ont leur maîtrise. Cela est un acquis solide qui, depuis quelques années, est remis en cause par le MEN puisque trop peu de candidats sont pris et dans certaines disciplines aucune mise en position de stage n’a été notée ces dernières années.
Pour résorber le nombre hallucinant d’enseignants qui veulent subir ladite formation, le Ministère de l’Education Nationale mise sur les passerelles professionnelles qui devraient pouvoir permettre à un très grand nombre de se faire enrôler. Parce que tout simplement la formation se fera à distance contrairement à la mise en position de stage qui se faisait de façon présentielle. En ouvrant lesdites passerelles donc le MEN aura accédé à un point de la revendication du G6 et qui concernait justement la formation et à la capacitation des agents.
Plus qu’un choix, l’ouverture des passerelles est une obligation de la part du MEN pour les raisons susmentionnées. Mieux encore, le constat est qu’au niveau des lycées, les professeurs détenteurs du CAEM (Certificat d’Aptitude à l’Enseignement Moyen) et devant officier de facto au niveau des collèges dépasserait de loin celui des PEM. Cela doit être corrigé car il y va de la crédibilité du système. Ne doivent pas intervenir dans les lycées que ceux formés pour y intégrer même si, il faut le reconnaître, la différence sur le déroulement des enseignements-apprentissages ne se note presque pas. Sur le plan de l’affectation des agents aux collèges et lycées, le MEN ne respecte pas à la lettre les dispositions de la législation.
L’arnaque est donc établie quand l’on fait fi de tout cela et que l’on fait des passerelles un concours plus que sélectif. Les passerelles ne sont pas un concours et le MEN ne doit pas les considérer comme tel. Même si elles en étaient un, la bienséance voudrait que le quota de recrutement soit rendu public avant même le démarrage des inscriptions. Nombre de ceux qui sont sur les listes se seraient rétractés tout simplement parce que le jeu n’en vaudrait pas la chandelle. Les candidats qui figurent sur la liste et qui sont au nombre d’environ 657 candidats n’auraient pas jeté leur argent par la fenêtre. Il faut se rendre compte de l’évidence : autant que l’enseignant lui-même, l’Etat a besoin de former ses agents pour garantir la qualité d’un système agonisant.
Comme il est de leur habitude, les services du MEN n’ont pas joué franc jeu avec les syndicats qui se disent outrés par un tel scandale. Scandale parce que sur les 657 candidats, seuls 67 (soit 1 candidat sur 10) seront admis à s’introduire dans ces passerelles sombres. Scandaleux parce que chacun de ses candidats a donné 10 000 francs CFA pour postuler à ne rien avoir. Même s’il s’en défend comme à son habitude, le MEN a voulu plus se sucrer sur le dos des enseignants que leur donner l’occasion de se faire former. Parallèlement, la cessation des mises en position de stage s’explique par le fait que le gouvernement abhorre tout ce qui aura un incident financier et s’en détourne petit à petit. Encore une fois, les passerelles sont une réformette, une mesure bouche-trou qui ne débouchera sur rien de concret ni pour le système ni pour les agents en question.
Par Ababacar GAYE