Face à des vacances de Macky qui frisent le mépris, l’opposition perd (encore) son temps

Face à des vacances de Macky qui frisent le mépris, l’opposition perd (encore) son temps

D’Abdoulaye Wade à Pape Diop, en passant par Ousmane Sonko et bien d’autres, l’opposition n’a pas raté l’occasion de critiquer la manière dont les élections ont été organisées.

C’était hier le tour des membres de la Coalition gagnante Wattu Senegaal qui dénonçaient le fait que ce qui s’est passé le 30 juillet 2017 ne saurait être qualifié d’élection.

Wade et ses partisans qui s’enorgueillissent du résultat atteint par leur coalition, dénoncent des fraudes massives et autres dysfonctionnements qui seraient pour eux inacceptables.

Un concert  de protestations que le pouvoir n’est pas loin de qualifier de jactance. La preuve, le Président Macky Sall, après avoir rencontré les membres de sa coalition avant-hier, a pris l’avion pour des vacances. Une attitude qui frise le mépris face à une opposition qui espérait au moins être écoutée, notamment sur des questions qu’elle juge fondamentales.

Certes la coalition au pouvoir avait appelé à un dialogue et à des concertions, mais l’attitude du Président de la République traduit un désir d’en finir, de tourner la page. La preuve, au lieu de démettre son Ministre de l’Intérieur, il l’a félicité et trouvé un justificatif à ce qui est qualifié d’incompétence de sa part.

C’est dire que ceux qui parlent « d’annulation du scrutin » se croient dans un rêve. Ce qui préoccupe Macky est non seulement de se reposer, mais aussi de prendre le recul nécessaire à la mise en place d’une équipe gouvernementale à la fois technique et politique. Car, 2019, c’est dans quelques mois et l’apériste en chef ne veut nullement pas perdre de temps. Il faut se préparer, analyser froidement les résultats des législatives et tirer les leçons pour aborder les échéances futures.

Longueur d’avance du pouvoir

A ce propos, tout indique que le pouvoir a encore une longueur d’avance sur l’opposition. Le fait pour cette dernière de mettre l’accent sur les dysfonctionnements des législatives est certes à saluer, mais s’y focaliser et oublier ses faiblesses comme l’a annoncé Idrissa Seck, est une erreur de stratégie.

Si Abdoulaye Daouda Diallo doit rester à son poste comme le pouvoir semble l’insinuer, il nous semble que pour l’opposition, les priorités sont ailleurs.

Le Parti démocratique sénégalais (Pds) doit faire face à ses propres contradictions internes. Son « sauveur » Me Wade est trop vieux. Il lui faut un nouveau leader assez charismatique pour rassembler les troupes. Or, aujourd’hui, on voit difficilement qui pourrait le faire. Karim Wade est dans un « exil » prolongé. En ce moment, Khalifa Sall se bat pour une libération qui n’est pas donnée d’avance.

Le fait alors pour le leader de Rewmi, Idrissa Seck, de laisser la place aux autres en acceptant de se mettre derrière le Maire de Dakar l’honore certes, mais ne lui profite pas.

L’Opposition a un problème de leader capable de mettre tout le monde d’accord. Certes, nous savons qu’en 2019, un seul candidat sera presqu’impossible, mais il faudrait quelqu’un qui travaille à éviter la trop grande dispersion qui a été l’erreur fondamentale de ces législatives.

Or, si les choses continuent à l’état, ce sera le statu quo ante. Le pouvoir va profiter des ambitions démesurées de leaders fraichement arrivés dans l’arène politique et qui rêvent de réussir le coup de théâtre qui a hissé Macky au pouvoir.

Malheureusement pour eux, cela ne se reproduit pas toujours. En politique, il faut aussi savoir faire son chemin en travaillant efficacement à la base.

Les vrais défis sont là. L’Opposition doit davantage travailler à asseoir un leadership consensuel afin de travailler à convaincre les populations en s’inspirant des travaux des assises nationales qui ne sont toujours pas appliqués.

Si elle accepte de se faire (encore) devancer sur les stratégies en perdant son  temps à ressasser la défaite des législatives, le risque de désillusion sera grand.

L’expérience a montré, depuis le Front Siggil Senegaal, que l’électorat est prompt à sanctionner ceux qui sont incapables de s’entendre pour assoir un minimum d’unité.

Assane Samb/Rewmi quotidien

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