L’ancien Premier, Abdoul Mbaye voulait fermer la Société africaine de raffinage (SAR) au profit de lobbies étrangers pour que ces derniers contrôlent le raffinage du Pétrole au Sénégal comme c’est le cas au Nigéria…Et il voulait convaincre Macky Sall. Malheureusement le Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz (SNTPG) affilié à la CNTS/FC a mis au parfum le président Macky qui a bloqué le deal d’Abdoul Mbaye.
Un scandale dans le scandale…Par Thiémokho Boré
Guerre pour le contrôle des activités du pétrole au Sénégal : Des lobbies étrangers et leurs relais locaux ont failli fermer la SAR
L’on parle et l’on reparlera toujours du pétrole et du gaz au Sénégal. Des ressources qui attirent la convoitise des grands pays industriels, des multinationales, des lobbies de tous genres. Le gaz et le pétrole sont au centre de la géopolitique mondiale. Ils peuvent être porteurs de tensions, de guerre civile pour les pays qui en disposent, si les pouvoirs loin d’une gestion transparente qui doit être au profit et pour le bien-être social des populations, se mettent dans une logique d’accaparement avec l’aide de complices extérieurs. C’est ainsi que beaucoup de pays pétroliers et gaziers, au lieu du développement boosté par ces ressources, se sont appauvris.
Or, depuis que le pétrole et le gaz ont été découverts au Sénégal, la polémique ne cesse d’enfler. La tension est entretenue par ces révélations sur l’implication du frère du Président de la République accusé d’être « trempé dans des affaires louches » dans des contrats de concession autour du pétrole et du gaz. Lumière doit être faite sur cette affaire. C’est devenu une exigence populaire.
La vigilance ne doit ne cependant n’être que de mise sur les contrats de concession et d’exploitation autour de ces ressources, mais également sur les autres activités qui l’entourent. Tout grand pays d’Afrique qu’il est, le Nigeria ne parvient à profiter pour son développement des mannes financières liées à l’exploitation du pétrole. Les puissants lobbies étrangers pour mieux tirer profit de l’exploitation du pétrole au Nigeria, se sont accaparé des activités de son raffinage.
Pas d’usine de raffinage installée au Nigeria. L’activité de raffinage est transférée dans des paradis fiscaux. C’est-à-dire que ce sont des sociétés offshores installées dans ces paradis fiscaux qui s’occupent de raffiner du pétrole sorti du Nigeria par de grandes multinationales, avant de revenir le revendre aux Nigérians. Au Nigeria, les produits finis du pétrole s’ils ne sont plus chers reviennent au même prix que dans quel autre pays non producteur du pétrole. Le peuple nigérian ne profite pas des revenus tirés du pétrole et ce sont les lobbies étrangers ainsi qu’une élite locale devenue leur complice qui en profitent.
Au moins, le Sénégal, si ce n’est la nébuleuse qui entoure les contrats de concession et d’exploitation du pétrole et du gaz, semble être épargné par le « mal nigérian ». Et sur ce plan, ce sont ces propos tenus dans les colonnes du quotidien national Le Soleil par le ministre du Pétrole et des Energies renouvelables, M. Mouhamadou Makhtar Cissé qui paraissent rassurants. M. Cissé indique : « Des réflexions sont en cours pour porter la capacité de raffinage du pays à 3,5 millions de tonnes par an avec un double objectif : couvrir l’ensemble des besoins du pays et de la sous-région et répondre aux nouvelles exigences de qualité des produits pétroliers ».
Mieux, poursuit-il, la Société africaine de raffinage (SAR) avait déjà, dans la perspective de l’exploitation des ressources pétrolières du Sénégal, entamé un programme de rénovation et d’extension de ses installations pour traiter notamment le pétrole brut de Sangomar.
Nous semblons loin donc, du spectre d’une fermeture de la SAR qui avait été envisagée à un moment. En effet, alors que les explorations commençaient à laisser entrevoir que le Sénégal regorge de pétrole, de puissants lobbies extérieurs avec leurs relais locaux avaient tout entrepris pour faire fermer les portes de la SAR. Ils avaient tout fait pour que la SAR soit au bord du gouffre afin de convaincre les autorités que la seule solution était sa fermeture. Le but était de laisser l’activité de raffinage entre les mains de ces sociétés offshores. Un scandale dont les dégâts auraient pu être encore plus incommensurables que celui que nous pensons vivre avec cette nébuleuse autour des contrats de concession et d’exploitation du pétrole et du gaz.
A l’époque, c’était début 2013 et Abdoul Mbaye était Premier ministre du Sénégal. Et l’on indique que c’est lui qui avait été au cœur de cette affaire. Abdoul Mbaye aurait été l’un des partisans les plus actifs pour la fermeture de la SAR, et aurait convaincu à un certain moment le Chef de l’Etat de cette thèse. Un décret avait été mis sur le circuit, et Abdoul Mbaye avait déjà apposé sa contresignature, et n’attendait que celui du Chef de l’Etat Macky Sall. Heureusement que, mis au courant, les travailleurs de la SAR sous la houlette de leur syndicat, le Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz (SNTPG) affilié à la CNTS/FC, allaient engager la bataille pour dire non à la fermeture de leur entreprise.
Le SNTPC réussissait ainsi à sensibiliser le Chef de l’Etat sur cette question, et ce dernier décida de retirer une fois pour toutes, ce décret en ne le signant pas. La catastrophe avait pu être évitée. Car, la fermeture de la SAR envisagée par ces lobbies extérieurs et leurs relais locaux, si elle avait été effective, aurait été un scandale pire que cette nébuleuse autour des contrats de concession et d’exploitation vécue actuellement par le Sénégal.
Thiémokho BORE